Le monde face à la guerre invisible des épidémies
Par Khalid Cherkaoui Semmouni*
Si les théoriciens de la guerre se sont accordés sur le constat : les affrontements militaires « classiques » entre États ou « non conventionnels » Comme le terrorisme ( surtout les attentats terroristes du 11 septembre 2001), la pandémie du Covid-19, considérée la plus grave crise sanitaire, depuis un siècle, a ébranlé ces théoriciens. À cet égard, les épidémies constituent, sans doute, un tournant et marquent l’irruption de ces guerres nouvelles qui sont invisibles.
Dans son rapport annuel, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a averti que le monde faisait face à une menace croissante d’épidémies mondiales qui pourraient entraîner la mort de millions de personnes et affecter l’économie mondiale.
A l’instar des attentats terroristes qui ont frappé le monde, des attaques nucléaires et cybertiques qui menacent la vie de l’humanité, le coronavirus Covid-19 a secoué la confiance des grandes puissances en leur supériorité et leur domination.
En effet, le monde est aujourd’hui terrorisé par une menace mondiale par sa rapidité d’expansion et sa capacité de contagion. En quelques semaines, le coronavirus a détrôné toutes les autres menaces existentielles d’ordre géopolitique. La pandémie Covid-19 continue de se propager à travers le monde, notamment dans les Etas occidentaux developpés, qui sont actuellement impuissants collectivement à fédérer leurs efforts contre une menace suprahumaine.
Il est certain que le Covid-19 est la preuve vivante que le monde fera face à une guerre épidémique à l’avenir et devra donc être prêt à de telles éventualités, ce qui est plus inquiétant. D’où, la sécurité de la santé constituera une priorité de la sécurité internationale.
A vrai dire, le Covid-19 a, certainement, provoqué plus de bouleversements politiques, économiques et sociaux, en révélant une crise de la mondialisation et du néolibéralisme, face aux efforts insuffisants qui sont mis en place pour éviter la propagation de ce virus. Ce qui laisse la possibilité que de nouvelles épidémies mondiales apparaîtront à l’avenir. Mais ce qui est pire c’est le manque de soutien de la communauté internationale envers les pays les plus pauvres, qui n’ont pas les moyens de se conformer aux exigences du Règlement sanitaire international. Sans oublier que les trois quarts de l’humanité, selon les statistiques de l’OMS, vivent encore dans des conditions déplorables, en matière sanitaire et risquent d’être à terme les plus grandes victimes des épidémies.
De fait, la communauté internationale doit renforcer les mesures de contrôle nécessaires et investir dans la recherche scientifique, et médicale pour développer des technologies capables de créer des vaccins et de conserver les capacités d’anticipation et de réaction adaptées, face à des menaces de futures épidémies. Donc la vraie bataille à gagner contre les épidémies à l’avenir est celle de la promotion de la science.
Sans doute, cette pandémie du Covid-19 a fait prendre conscience de la nécessité d’une gestion mondiale du risque infectieux que je considère comme une guerre, car les épidémies, dont le virus Covid-19, constituent une très grave menace pour le monde et doivent être considérées par la communauté internationale, au même titre que les armes nucléaires et les réseaux terroristes. Elles ont d’abord le pouvoir de désorganiser le monde, du fait de la panique qu’elles peuvent engendrer au sein des populations, ainsi que leurs conséquences en plus des dégâts psychologiques et sociaux qui seront considérables.
En conclusion, les épidémies constitueront non seulement une grave menace pour la vie et la santé des peuples du monde, mais aussi un défi majeur pour la sécurité sanitaire internationale et le renforcement de la coopération entre les Etats sur tous les plans s’impose afin de répondre aux besoins de la lutte contre les épidémies à l’avenir. Ce sont les guerres invisibles.
* Direction du CREPS