Amnesty International appelle l’Algérie à libérer « immédiatement » tous les prisonniers d’opinion
Amnesty International a appelé, mardi, les autorités algériennes à libérer « immédiatement et sans condition, Karim Tabbou, homme politique et figure de proue du hirak algérien, ainsi que tous les prisonniers d’opinion incarcérés en Algérie« .
Dans un courrier adressé au ministre algérien de la Justice, Belkacem Zeghmati, l’ONG de défense des droits de l’Homme rappelle que le 24 mars dernier, la cour d’appel a condamné M. Tabbou à une peine d’un an de prison et à une amende de 50.000 dinars algériens (environ 365 euros) pour « des accusations forgées de toutes pièces » relatives à l »incitation à la violence » et à l »atteinte à la sécurité nationale« , en raison d’une vidéo publiée sur la page Facebook de son parti, dans laquelle il critiquait sans violence le rôle de l’armée dans la politique.
Avant cet appel, le 11 mars, il avait été condamné en première instance à un an d’emprisonnement, dont six mois avec sursis et il devait donc être libéré le 26 mars, puisqu’il avait déjà passé six mois en prison.
Toutefois, le 24 mars, deux jours avant la date prévue de sa remise en liberté, Karim Tabbou a été transféré de la prison d’El Kolea à la cour d’appel, sans que sa famille ni ses avocats n’en soient informés, s’indigne Amnesty.
Elle explique que ses avocats ont été avertis par un collègue qui se trouvait dans la salle d’audience à ce moment-là, mais ils n’ont pas pu assister à l’audience, précisant que M. Tabbou n’a pas pu y assister non plus, car il s’est effondré dans la salle d’audience en raison d’une montée de tension artérielle et a été conduit à l’infirmerie.
« Sans tenir compte de cette situation, les juges ont prononcé le verdict en l’absence de l’accusé et de ses avocats, en violation flagrante des principes d’équité des procès« , souligne la même source.
Maintenu en détention à l’isolement depuis six mois, depuis son arrestation le 12 septembre 2019, le président du parti de l’Union Démocratique et Sociale (UDS/non-agréé) n’est autorisé à quitter sa cellule qu’une heure par jour et n’est pas autorisé à communiquer avec d’autres prisonniers, déplore l’ONG.
Ce confinement se poursuit malgré « son état de santé très inquiétant« , qui a incité un groupe de médecins algériens à faire une déclaration publique mettant en garde contre les dangers de son maintien derrière les barreaux, souligne-t-elle.