SEM HASSAN NACIRI : AMBASSADEUR DU MAROC À BAMAKO
« Nos relations reposent sur une visionclaire et un partenariat mutuellement bénéfique »
Durant ces deux dernières décennies, l’Afrique a été au centre d’intérêt du Maroc, suivant le crédo, conviction royale selon laquelle «l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique». C’est ainsi que convaincus de la force de la coopération Sud-Sud et de l’intégration régionale que le Maroc et le Mali n’ont de cesse d’oeuvrer afin de consolider et d’approfondir leurs relations, forts en cela par un héritage historique, des relations multiséculaires et multiformes à la fois politiques, commerciales, culturelles et cultuelles.
Rappelons que les deux Etats ont joué un rôle capital dans la création de l’OUA, ancêtre de l’Union africaine. En effet, après les indépendances en Afrique, les deux pays ont entretenu d’excellentes relations historiques, au moment de la constitution du groupe de Casablanca pour la création de l’OUA, animés par les rapports entre le Roi Mohammed V et Modibo KEITA qui étaient très étroits. N’était-ce pas Modibo KEITA, avant tout le monde, qui s’était investi pour la signature du cessez le feu, mettant fin à la guerre de 1963 ?
Depuis, et malgré la position du régime de Moussa Traoré contre l’intégrité du territoire du Maroc et la reconnaissance de la fantomatique RASD, le Maroc a continué à maintenir ses relations d’amitié avec le Mali, contrairement à d’autres pays africains, eu égard aux liens historiques séculaires. Plus tard, les deux visites du Roi au Mali, en 2013 et 2014, ont permis de refonder les relations bilatérales, à la faveur de la signature de 17 accords et conventions concernant plusieurs aspects de coopération sectorielle, notamment le renforcement des capacités et le partenariat, conformément aux attentes Hassan NACIRI Ambassadeur du MAROC au Mali réciproques, couvrant différents domaines tels que les techniques d’agriculture, les infrastructures de santé, l’enseignement supérieur, la formation professionnelle, l’encadrement religieux et la coopération dans le domaine sécuritaire.
Par ailleurs, la visite du Premier ministre malien, Soumeylou BOUBEYE, au Royaume, les 8 et 9 mars 2018, a été une occasion propice pour relancer les relations fraternelles et historiques, qui ont pris un essor considérable, après la visite effectuée par S.M. le Roi Mohammed VI au Mali.
C’est ainsi que le déplacement de Soumeylou BOUBEYE MAIGA, à Rabat, a débouché sur la signature de plusieurs accords, de même qu’il a permis aux responsables des deux côtés d’avoir des entretiens fructueux et d’examiner de nouvelles pistes de partenariat dans les domaines de la finance, du transport, de la diplomatie, de l’emploi et de la formation professionnelle. Cette dynamique a été confirmée, en 2019, par la visite de travail, effectuée à Rabat, par M. Tièbilé DRAME, ministre malien des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale.
Aujourd’hui, et sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et du président Ibrahim Boubacar KEITA, nos deux pays entretiennent un partenariat gagnant- gagnant, dans plusieurs domaines et contribuent, concrètement, à l’effort d’intégration.
Dans ce sens, SEM Hassan NACIRI, Ambassadeur du Maroc au Mali, ne ménage pas d’effort pour hisser l’image du Royaume dans le pays accréditant. Preuve en est son intervention, lors du 20e Forum de Bamako, qui a eu lieu du 20 au 23 février 2020, sous le thème «L’Afrique à l’Horizon 2040, entre mémoires et Avenirs» et où il était à l’honneur, pendant la cérémonie de clôture. «En tant qu’Ambassadeur de Sa Majesté le Roi du Maroc, je peux témoigner de la coopération fructueuse qui s’est installée sur le double plan intellectuel et personnel entre le dynamique Abdallah COULIBALY et plusieurs structures marocaines, engagées dans l’exécution de la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, de la coopération africaine basée sur le credo “l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique”» dira-t-il. Pour nous éclairer plus sur les relations entre les deux pays et faire l’état des lieux des réalisations et des ambitions des deux pays frères, le diplomate a bien voulu nous accorder cet entretien.
MAROC DIPLOMATIQUE : Après un gel de plusieurs décennies dans les relations entre le Maroc et le Mali, la visite historique du Roi Mohammed VI à Bamako, pour la cérémonie d’investiture du chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar KEITA, en 2013, constitue un événement politique majeur, non seulement pour les relations bilatérales mais pour toute l’Afrique. Pour vous qui représentez la diplomatie marocaine au Mali, depuis décembre 2011, et contribuez à consolider les relations diplomatiques, économiques et commerciales entre les deux pays, comment se portent aujourd’hui les liens humains entre le Maroc et le Mali ?
SEM Hassan NACIRI : En fait, il n’y avait pas eu, à ma connaissance, de gel des relations entre le Maroc et le Mali. Ce que vous qualifiez de gel pourrait correspondre à des relations diplomatiques moins animées sur fond de la réaction à la reconnaissance par le Mali de la pseudo rasd, en 1980, sous le régime du parti unique et dans le contexte de la guerre froide.
Mais, les Maliens se souviennent toujours qu’en ce moment-là, feu le Roi Hassan II, très au fait de la profondeur des relations humaines, historiques et culturelles entre nos deux pays, a prôné ce qu’il appela lui-même «l’exception malienne».
Du coup, la position adoptée par le Mali, à l’époque, n’avait pas, tant s’en faut, tout remis en cause. Je peux même dire qu’elle a poussé les uns et les autres à renforcer le dialogue. Et on en est sortis avec une certitude : nos relations sont stratégiques et il fallait approfondir le dialogue pour dépasser le grand malentendu autour de l’intégrité territoriale du Royaume. Les résultats obtenus, à nos jours, sont encourageants quand bien même il resterait des attentes à gérer dans un cadre bilatéral concerté et constructif.
Vint la visite historique que sa Majesté le Roi Mohammed VI a effectuée au Mali, en 2013, à l’occasion de l’investiture du Président Ibrahim Boubacar KEITA, suivie de sa visite officielle de 2014, pour illustrer, parfaitement, le caractère particulier de nos relations qui remontent, disais-je, à plusieurs siècles et qui ont toujours été denses, multiformes et ininterrompuese.
Dans ce contexte, nous rappelons les récits de l’explorateur marocain Ibn BATTOUTA sur Tombouctou et Gao, au 14ème siècle, et les écrits de Hassan EL WAZZAN (Léon l’Africain), au 16ème siècle.
Comment ne pas évoquer le fait que nos ancêtres avaient introduit l’Islam sur cette terre du Mali, au 11ème siècle, et avaient, parallèlement, été en commerce avec les empires du Mali?
Il en est ainsi des voies de caravanes qui reliaient Tombouctou à Guelmim oued Noun, mais aussi à Tafilalet, Marrakech, Fès et d’autres villes du Royaume. Les historiens rapportent que, pendant un certain temps, Essaouira (Mogador) s’appelait le port de Tombouctou puisqu’elle jouait le rôle principal de point de transit des produits du Nord du Mali vers l’Europe et vice-versa.
Il faut remarquer que le célèbre empereur malien Mansa MOUSSA, qui dominait les savanes de l’Afrique de l’Ouest, a envoyé une ambassade, chargée de présents, au Sultan marocain Abou Alhassan, à l’occasion de sa victoire de Tlemcen, en 1337.
Plus près de notre époque, plusieurs familles marocaines s’étaient installées à Tombouctou et Gao, entre autres, et constituent, aujourd’hui, un tissu familial et social important au Mali.
Tout ce brassage humain, à travers le temps, offre au visiteur marocain du nord du Mali une partie de notre Histoire commune, à travers l’architecture de mausolées et Kasbahs, les manuscrits, les visages et les modes de vie qui rappellent tant ceux du sud et du centre du Maroc que ceux de la plaine de Tafilalet jusqu’à Fès.
Plus au sud, à Bamako, on retrouve le sang marocain au sein des familles fondatrices de la ville. Aujourd’hui, ces liens humains se renforcent et je peux vous dire que Royal Air Maroc y contribue aussi par la régularité de ses vols quotidiens. La route traversant la Mauritanie offre ainsi une bonne voie de communication qui est de plus en plus animée, permettant, dans le sens inverse, aux Maliens de joindre l’Europe via le port Tanger Med.
Dans le même cadre et en dépit de la crise au Mali, il est à noter que le nombre des membres de la communauté marocaine a pratiquement doublé, entre 2014 et 2019. Dans l’autre sens, le Maroc reste la première destination des étudiants maliens en Afrique.
MD : Le Royaume a toujours privilégié la coopération Sud-Sud, eu égard à tout ce qui a uni et continue de lier les peuples malien et marocain. Rappelons que C’est Modibo KEITA, avant tout le monde, qui a soutenu feu le Roi Hassan II pour régler le contentieux territorial opposant l’Algérie au Royaume chérifien. Les relations fraternelles et diplomatiques entre Bamako et Rabat ont connu une forte impulsion, durant ces dernières années grâce aux orientations de Sa Majesté le Roi. Concrètement, quelle lecture faites-vous du partenariat économique entre les deux pays ?
SEM.HN : Vous faites bien de le souligner, nos relations reposent sur une vision claire et un partenariat mutuellement bénéfique. Ceci a été rendu possible, d’abord, grâce à la relation d’amitié et d’alliance qui a lié, dès l’indépendance, feus le Roi Mohammed V et le Président Modibo KEITA. Cette alliance a conduit à la création du Groupe de Casablanca en 1961, balisant la voie à la création de l’OUA en 1963.
En cette même année, feu le Roi Hassan II avait fait le déplacement à Bamako, dans le cadre de la démarche conduite par le Mali, ayant permis de mettre fin à la guerre des Sables.
Cinquante ans plus tard, Sa Majesté le Roi Mohammed VI se rend au Mali pour assister à l’investiture du Président malien, une première dans les annales du Protocole Royal. Cinq mois après, le Souverain revient à Bamako pour une visite officielle, cette fois-ci. Aujourd’hui, la présence économique ou plus exactement le partenariat économique Maroc- Mali est une réalité concrète sur le terrain et se porte bien.
Cette success-story constitue un bon exemple de coopération intra- africaine qui permet de créer les richesses, les emplois, partager les expériences et susciter des synergies. Les secteurs de partenariat (finances, télécoms, assurances, santé, formation professionnelle, environnement et autres) offrent d’énormes opportunités aux jeunes maliens et ouvrent des perspectives pour l’avenir.
A la faveur de cette visite Royale, 17 accords avaient été signés dont ceux portant sur la protection et l’encouragement des investissements ainsi que la non double imposition. D’autres accords ont été signés ultérieurement dont celui de la coopération militaire et une vingtaine est, présentement, au stade de finalisation avancée. La visite Royale c’est aussi des réalisations physiques dont la clinique périnatale et le Centre de formation professionnelle, sans oublier la cimenterie dont le Souverain a déposé la première pierre et qui est opérationnelle, depuis quelques temps. A cela, on pourrait ajouter la construction en cours du Complexe diplomatique du Royaume du Maroc au Mali, en exécution des Hautes Instructions Royales.
MD : Sachant que le partenariat Mali- Maroc occupe, aujourd’hui, une place privilégiée au regard du caractère historique et multidimensionnel des relations entre les deux pays, comment le Royaume peut-il renforcer davantage sa coopération avec Bamako ?
SEM.HN : Les perspectives de coopération Maroc-Mali sont prometteuses vu la volonté politique de nos deux Chefs d’Etat, l’arsenal juridique existant ainsi que la confiance mutuelle entre nos deux Etats. S’il est vrai que la crise que connaît le Mali, depuis 2012, a créé un narratif négatif sur le pays et décourage certains milieux d’affaires, il est aussi vrai que le Mali regorge d’opportunités économiques à saisir, dans plusieurs domaines, d’autant plus que le pays poursuit une politique volontariste pour encourager les IDE, notamment dans les mines, l’agriculture, l’agro-alimentaire, l’élevage, le textile, l’industrie cotonnière et les services… etc.
Dans cette optique, les opérateurs marocains et maliens sont appelés à fréquenter les deux pays et les structures étatiques gagneraient à promouvoir l’offre réciproque. Et je dois confesser que dans les milieux d’affaires au Mali, le Maroc est toujours cité en exemple. Il y a lieu aussi de réactiver toutes les structures en charge de la coopération entre nos deux pays dont les chambres de commerce, le patronat, les associations et corporations dans les différentes branches d’activité.
Je crois que les visites Royales ont vraiment permis de baliser la voie et il appartient aux opérateurs de montrer leurs talents et leurs aptitudes au niveau compétitif.
MD : Quel bilan faites-vous de ces années passées au Mali ? Autrement dit, pouvezvous nous parler des progrès réalisés, des défis rencontrés et quelles sont vos attentes pour les prochaines années ?
SEM.HN : Il serait fastidieux de dresser un bilan complet de ces dernières années, mais je peux affirmer, en substance, que les relations bilatérales ont beaucoup progressé comme en témoignent l’arsenal juridique mis en place, le volume des échanges qui a été multiplié par trois ainsi que les grandes échéances bilatérales avec les visites de nos Chefs d’Etat, Chefs de Gouvernement et ministres des Affaires étrangères.
Sur le plan diplomatique, cette période a été caractérisée par une coopération importante sur la scène africaine, islamique et internationale illustrée par l’expression de soutiens mutuels.
Dans ce sillage, je voudrais mentionner le soutien apporté par le Mali, au retour de notre pays au sein de sa famille institutionnelle africaine mais aussi à la candidature du Royaume pour être membre à part entière au sein de la CEDEAO, sans oublier le vote en faveur de notre candidature pour devenir membre du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine.
D’autre part, nos opérateurs économiques au Mali se sont installés dans une coopération profonde et de long terme avec les entreprises maliennes.
Cette période a été aussi caractérisée par les échanges fructueux concernant nos questions nationales respectives.
Côté défis, ils sont de plusieurs ordres à savoir : la persistance de certains aspects de la crise au Mali et les contraintes que cela engendre pour la fluidité des relations avec l’étranger malgré les opportunités, la nécessité de continuer à assurer une présence forte au Mali et une interaction régulière avec les différents interlocuteurs publics et privés. Le troisième défi, quant à lui, est d’ordre institutionnel lié à la règlementation interne de la CEDEAO et de l’UEMOA. Ajoutant à cela le coût du transport aérien et terrestre, la concurrence quand bien même l’offre marocaine resterait unique et complète et reflèterait une vision.
propre de la coopération sud-sud. Et enfin, la nécessité pour notre pays d’enrichir et de diversifier sa coopération avec le Mali en y intégrant d’autres champions nationaux et d’autres expériences.
MD : Lors de sa visite au Maroc en 2019, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiébilé DRAME avait déclaré : «Le Maroc fait partie de l’histoire du Mali et il fera également partie de son avenir. Le Mali fait partie de l’histoire du Maroc, il fera partie de son avenir ». Qu’en pensez-vous ?
SEM.HN : Par cette belle image, l’actuel ministre malien des Affaires étrangères, M. Tièbilé DRAME a résumé la nature de la relation qui lie le Maroc et le Mali. D’ailleurs, le défi qui se pose à nos deux pays, c’est bien de préserver le legs historique commun et d’en profiter pour donner un contenu pragmatique et rationnel à nos relations, en tenant compte des avantages comparatifs.
MD : En 2014 et lors de sa visite officielle au Mali, le Roi Mohammed VI avait réitéré le souci constant du Maroc de préserver l’unité territoriale et la stabilité du Mali, ainsi que la nécessité de contribuer à une solution et à un compromis qui permettraient de lutter contre les mouvements intégristes et terroristes qui menacent aussi bien les pays du Maghreb que la région du Sahel et du Sahara. Qu’en est-il aujourd’hui du soutien du Maroc au Mali dans sa lutte contre le terrorisme ?
SEM.HN : Le Maroc a été l’un des tout premiers pays à exprimer sa solidarité totale avec le Mali après les événements de 2012. Notre pays a, dès le départ, appelé à la préservation de l’unité du Mali, de sa sécurité nationale et de son intégrité territoriale. Cette position, bien accueillie au Mali, constitue la ligne directrice de notre diplomatie. D’abord, au Conseil de sécurité dont le Maroc occupait un siège non permanent de 2012 à 2013, ensuite, dans d’autres fora internationaux notamment au sein de l’OCI où le Maroc est depuis, membre du Groupe de contact sur le Mali.
La même position a animé la diplomatie marocaine au sein de l’UNESCO quand il s’est agi de défendre le patrimoine malien ciblé par les intégristes.
Sur le plan humanitaire, et sur Hautes instructions de S.M le Roi, notre pays a apporté une contribution substantielle de denrées alimentaires et médicaments au Mali en 2013.
En plus, les Maliens ont bénéficié de l’installation, à Bamako, pendant les trois derniers mois de 2013, d’un hôpital militaire chirurgical des FAR ayant réalisé plus de 52.000 consultations avec ordonnances et médicaments offerts gracieusement.
Sur le plan sécuritaire, notre pays a pris en charge la formation de centaines d’agents de forces de sécurité maliennes et continue encore à former civils et militaires en charge de la défense et de la sécurité au Mali.
En plus de la coopération entre les services concernés, notre pays partage son expérience de lutte anti-terroriste qui tient compte de toutes les dimensions du problème. C’est aussi dans ce cadre que 500 Imams maliens ont été formés au Maroc.
MD : Monsieur l’Ambassadeur, parlez-nous de la communauté marocaine au Mali. SEM.HN : Plus de mille (1.000) ressortissants marocains sont actuellement immatriculés auprès de cette Ambassade. Durant l’année dernière (2019), le nombre des immatriculés a sensiblement augmenté par rapport aux années précédentes. Un grand nombre réside dans la capitale, Bamako. La répartition professionnelle de la communauté marocaine au Mali se présente comme suit: l’hôtellerie et la restauration, les banques et les télécommunications, les entreprises marocaines, les ONGs étrangères actives au Mali et les commerces et PME.
MD : Bamako symbolise la terre de réconciliation entre le Maroc et l’Algérie, après la guerre des Sables d’octobre 1963. Peut-on espérer que le Mali rejouera un rôle dans une éventuelle normalisation des relations entre les deux pays voisins ?
SEM.HN : Il est important de rappeler ce fait saillant, dans nos relations bilatérales, d’autant plus que cette réconciliation est venue après l’échec d’autres tentatives menées, à l’époque, par les acteurs régionaux (Tunisie, Egypte, Ligue Arabe, négociations directes entre le Maroc et l’Algérie à Marrakech).
Il est aussi important de rappeler qu’en plus de la signature à Bamako, les Officiers maliens s’étaient déplacés sur le terrain pour les besoins du cessez le feu, dans le cadre d’une commission composée d’officiers marocains, algériens, éthiopiens et maliens. En plus, l’accord de cessez-le feu a prévu la constitution d’un corps d’observateurs maliens et éthiopiens, chargés de veiller à la sécurité et à la neutralité de la zone démilitarisée. Parmi ceux-ci un officier décédé l’année dernière, à Bamako.
Au Sud-Est du Maroc, une plaque ancienne indique pour les caravanes d’antan que Tombouctou est à 52 jours. Aujourd’hui, Casablanca- Bamako fait trois heures seulement par avion.
Les seniors du Mali se rappellent, avec beaucoup de fierté, ce haut fait de la diplomatie nationale et s’arrêtent, affectueusement, sur le déroulé de la venue de feu le Roi Hassan II au Mali, le 29 octobre 1963.
Dans ce contexte, je pense que le Mali d’aujourd’hui ne peut que souhaiter, ardemment, pouvoir jouer le même rôle, à l’effet de rapprocher ses frères et voisins et permettre la mutualisation des efforts pour relever les défis communs. C’est d’ailleurs, comme nous l’avons souligné précédemment, la vision partagée par nos deux pays qui sont des acteurs dynamiques dans l’action en faveur de l’intégration africaine, et ce depuis 1963.
MD : Votre Mot de la fin ?
SEM.HN : Pour conclure, je voudrais souligner ceci : au Sud-Est du Maroc, une plaque ancienne indique pour les caravanes d’antan que Tombouctou est à 52 jours. Aujourd’hui, Casablanca-Bamako fait trois heures seulement par avion. Si on descend vers Laâyoune ou Dakhla c’est encore moins. C’est pour dire que nous sommes des pays voisins. Nous avons avec le Mali des relations historiques très denses, un partenariat économique dynamique, des interactions et des flux humains considérables, un énorme potentiel d’atouts à explorer. Sur cette base, je lance un appel aux différentes structures économiques et culturelles ainsi que de la société civile dans les deux pays pour qu’elles apportent leur pierre à l’édifice de reconstruction de nos relations bilatérales telles que voulues par Sa Majesté le Roi Mohamed VI dans le cadre de Sa vision clairvoyante de la coopération intra-africaine.