Comment bien vivre son confinement ?
Ennui, peur, stress, inquiétude, angoisse,… Ce sont des réactions récurrentes en période de confinement, représentant ainsi un réel défi pour les familles marocaines qui ne se sont jamais retrouvées à passer autant de temps, enfermées chez elles, avec leurs enfants et conjoint(e)s. Face à cette épreuve, il est important de « prévoir un moment pour soi dans la journée », préconise le psychologue clinicien, Reda Mhasni.
Arrivés à ce stade de la pandémie, l’ensemble de la population mondiale se retrouve cloîtrée à la maison sous peine d’amende, sauf pour se nourrir, se soigner ou travailler, notamment, au Maroc, où depuis presque un mois, les écoles à tous les niveaux confondus, ont été amenées à fermer et le télétravail est également devenu la règle dans les entreprises où cela est possible.
Vivre au temps du coronavirus est souvent une épreuve difficile. Après plusieurs semaines du confinement, la plupart d’entre nous aura connu une chute d’activité physique, un sommeil compliqué à trouver, peut-être aussi des crises d’angoisse, ainsi que l’envie de se réfugier dans la nourriture ou devant les écrans… Comment est-ce que cette situation impacte notre vie familiale ?
Selon le psychologue clinicien, Reda Mhasni, « dans un premier temps, de nombreuses personnes ont été ravies d’être confinées. Une de mes patientes m’a dit que c’était son rêve que son mari passe avec elle, toute sa soirée, toute sa journée et qu’elle puisse se réveiller à côté de lui », mais après cette période d’euphorie, que se passe-t-il ?
« Nous sommes aujourd’hui arrivés à la quatrième semaine du confinement et à partir de là, je pense que l’on est plutôt inscrits dans une forme de fait accompli et une forme de routine où il y a des pics de tension qui ressortent, dus à cette promiscuité », explique le psychothérapeute. Il s’agit d’une « cohabitation forcée » dans « un espace fermé ». Nous n’avons jamais été habitués à cela, puisque nous passions la plupart du temps au travail et les enfants à l’école.
Plusieurs effets néfastes sur la santé mentale et physique, ont été recensés déjà, dont certains sont graves, notamment une hausse des violences familiales. « Cette présence continuelle devant l’autre fait ressurgir probablement des conflits latents, qu’on réussissait à éviter le reste de l’année, par conséquent, on observe l’émergence de plusieurs phénomènes, notamment, la violence conjugale et la violence familiale de tous genres », complète cet enseignant de psychologie.
Par ailleurs, comment peut-on bien vivre le confinement ?
Paradoxalement, cette restriction majeure de notre liberté de mouvement, constitue aussi une opportunité pour se redécouvrir, restructurer nos priorités et se recentrer sur les éléments essentiels.
Pour Reda Mhasni, c’est du cas par cas, « Pour ceux qui ont les moyens de faire ça, je trouve que c’est très bien, mais je ne pense pas que c’est l’apanage de tout le monde. Un couple sans enfant ne traverse pas cette épreuve comme un couple avec des enfants en bas âge. Certains sont en télétravail avec des petits enfants qui crient à côté ou un nourrisson », explique-t-il, appelant ainsi à se protéger et à protéger l’autre des éventuelles confrontations en instaurant « une routine », afin de répartir son temps de manière équitable entre le travail, les activités avec les enfants, l’époux(se) et les réseaux sociaux ou autres.
Ainsi, avoir une certaine visibilité sur sa journée peut nous épargner le risque d’une éventuelle dépression ou bien d’une certaine sensation d’ennui ou de vide. Dans ce cadre, le psychothérapeute estime que, «nous subissons tous la même anxiété, mais certains ne réussissent pas à verbaliser leurs ressentis, c’est pour cette raison qu’il faut prévoir un moment, dans la journée, pour se rencontrer avec soi et prévoir aussi de laisser à l’autre un peu d’espace pour lui».
Enfin, de nombreuses personnes espèrent mettre à profit ce temps chez soi pour mener à bien des projets qu’on procrastine dans la vie quotidienne, à savoir, la lecture d’un livre qui prend la poussière depuis des années, le visionnage d’une série qu’on recommande depuis longtemps, de l’aménagement de l’intérieur, une réflexion artistique…