Mohammed VI l’Africain et le militant de la nouvelle solidarité face au Covid-19
Hassan Alaoui
En avril 2000, Mohammed VI s’était fait au Sommet Europe-Afrique du Caire, le parangon de l’annulation de la dette des pays africains.
S’il fallait une preuve supplémentaire de l’attachement du Roi Mohammed VI à l’Afrique, la période de crise due au Covid19 subie par la planète entière, nous l’aura fournie allégrement. Avant même que le président Emmanuel Macron n’en évoque du bout des lèvres dans son intervention de ce lundi l’impératif de soutenir l’Afrique, le Roi Mohammed VI s’était entretenu avec plusieurs chefs d’Etat africains, dont notamment ceux du Mali, du Sénégal et de Côte d’Ivoire sur la nécessité d’organiser une stratégie concertée.
Si en effet la vision royale pour lutter contre la cruelle pandémie est d’un bout à l’autre du monde et d’un pays à l’autre mise en exergue et saluée avec solennité et admiration, elle s’inscrit en revanche dans la nouvelle dynamique que le Souverain impulse désormais à la solidarité interafricaine. Celle-ci n’a jamais constitué un vœu pieux ou un trait de mode. Africain jusqu’aux bouts des ongles, convaincu que le continent – berceau de l’Humanité comme disait Jacques Chirac – que l’avenir de celle-ci s’inscrit dans ses contrées, sa mémoire et chez ses peuples, Mohammed VI s’est constamment fait le héraut du réveil de ses derniers.
Il faut voir l’accueil enthousiaste et plus que chaleureux que les populations du continent réservent au Roi du Maroc lors de ses innombrables déplacements, cette extraordinaire symbiose qui les lient, la sollicitude spontanée qui fusent dans un irénique moment qui ne s’interrompt jamais et inscrit en lettres d’or la dimension plus que symbolique entre lui et ce gigantesque mouvement humain, déplacé des villages lointains qui à Kinsacha, qui à Bamako ou encore à Abidjan pour rencontrer le Roi et lui exprimer, non sans verve , sa sympathie et son soutien. On a inventé certainement à dessein la formule de « Mohammed VI l’Africain », on eût pu également ajouter dans la foulée le « Roi des Africains » tant il est vrai que sa relation avec les pays du continent relève de la dimension magique.
Pour rappel, lors du Sommet Europe- Afrique, organisé en avril 2000 au Caire auquel il participait aux côtés de Jacques Chirac et d’autres chefs d’Etat d’Afrique et d’Europe, aux travaux de cette rencontre historique, Mohammed VI, tout à sa vision à long terme proposa lors de son discours de supprimer totalement et intégralement la dette contractée par les Etats africains envers le Maroc . Il se fit d’emblée l’avocat pro domo de la refondation des rapports entre l’Afrique et l’Europe, basé sur un partenariat stratégique et , déjà, base d’un nouveau dialogue Nord-Sud. Si le Maroc ne faisait pas encore partie de l’Union africaine pour cause du différend sur le Sahara, il n’en damait pas moins le pion à l’Algérie représentée à ce Sommet par un Bouteflika tonitruant, à la limite du triomphalisme.
La décision de Mohammed VI illustrait d’une part sa vocation de chef d’Etat attaché à l’héritage africain – quasi sentimental – de son père et son grand père, et d’autre part sur la volonté de construire un modèle de partenariat politique et économique, culturel , spirituel et humain entre le Royaume et le reste du continent. Vingt ans après ce Sommet du Caire, où il jeta les nouvelles bases d’une coopération inédite, on mesure le chemin parcouru, les étapes franchies. L’on se dit surtout qu’il est à présent le chef d’Etat habilité et justifié à en appeler à la mise en œuvre d’une nécessaire solidarité effective face au Covid19, face aux réticences anachroniques des pays riches ou aux proclamations vertueuses de certains de leurs dirigeants qui n’en démordent pas de s’engloutir dans leurs égoïsmes nationaux.
Bien sûr, un certain beau monde se complait dans l’expectative, les pronostics funèbres et le lamento sur le sombre avenir de l’avenir du continent africain. Le Roi Mohammed VI n’oublie l’Afrique, son Afrique et ses peuples. Il secoue le cocotier de l’indifférence, des attentismes des autres, il n’en a cure…