L’Afrique, un blason royal
Voilà maintenant plusieurs longues semaines que le Roi Mohammed VI sillonne l’Afrique à travers ses diverses capitales. Loin de sa famille, de son pays et de son peuple, à pied d’œuvre néanmoins dans une lourde mission qui a valeur de grande pédagogie.
D’aucuns avaient cru, ils se sont même fait forts de le suggérer, que le Roi en accédant au Temple de l’UA ( Union africaine) le 31 janvier dernier, en y prononçant un discours historique et unitaire, il allait enfin boucler la boucle de ses tournées dans les pays de ce continent si vaste qui est devenu, entre autres, l’une de ses raisons d’être. Las, ils déchantent déjà ! En effet, c’est peu dire que le Roi porte l’Afrique comme un colifichet, car il y a des lustres qu’elle constitue pour lui le « continent désir », son continent dont il a fermement décidé de faire une terre de prédilection, avec cette exigence morale de n’exclure de sa sollicitude aucune région, aucun peuple, nul chef d’Etat et de gouvernement. Le Roi a le premier brisé les glaces et fendu les armures d’hostilité, pour tendre la main là où s’étaient installés des malentendus et créés des contentieux nourris de rancœurs. Messager de la paix, il a opposé sa parole de sage à l’obsession maladive des diviseurs et des expansionnistes. Le Roi Mohammed VI ne s’est jamais départi de cette règle élevée au rang d’une éthique pascalienne de grandeur dans la modestie et inversement de la simplicité dans la grandeur. Pour autant, que l’on ne se méprenne point sur sa fermeté et sa force de caractère, son irascible volonté de défendre son pays et son peuple! Et surtout aussi sa détermination – inscrite sur le fronton de son règne comme un blason – à être le rempart contre l’injustice. À Addis Abeba, du haut de la tribune du XXVIIIème Sommet de l’UA, n’a-t-il pas taillé leurs croupières avec d’augustes et souverains accents aux idéologies colonialistes qui sont à la déstabilisation de l’Afrique et à sa division des années durant ce que le mauvais ferment est à son développement. Elle a hérité de frontières inégales et arbitraires tracées par des officiers et des missionnaires dont le moins qu’on puisse dire » a posteriori » est qu’ils avaient, vérité oblige, posé des bombes à retardement et que d’aucuns ont aujourd’hui le triste cynisme d’instrumentaliser. Mohammed VI , tout à sa hauteur de vue et à sa lucidité, ne s’est pas fait faute de dénoncer les méfaits de la colonisation qui, telle une chape de plomb, s’est abattue sur l’Afrique et l’a soumise à une déréliction intégrale. L’appel à l’unité qu’il a lancé participe de sa détermination à conjurer les tentations de division et d’hégémonisme qui est une autre forme de colonialisme.
Le continent africain et ses peuples trouveraient-ils leur nouvelle unité qu’on le devrait à coup sûr pour une grande partie au Roi du Maroc qui a su fédérer les cœur et démystifier les discours unilatéraux et ravageurs. Nous sommes à un tournant de ce renversement de perspective où le Roi Mohammed VI, stabilisateur et partisan d’un partenariat multilatéral, devient le détenteur et le promoteur d’un vaste projet : celui d’une Afrique décomplexée et libérée de ses anciens fantasmes !