Covid-19: Après HRW et Amnesty International, le Parlement Européen dénonce la détérioration des droits de l’Homme en Algérie
Par Hassan Benali
Après avoir été cloué au pilori par Human Rights Watch et Amnesty International, qui ont vertement tancé un régime algérien, en pleine déliquescence éthique et morale, pour avoir resserré l’étau sur le mouvement du Hirak, en s’adossant opportunément sur le contexte crée par le Covid-19, le Parlement européen s’est, dans ce même contexte, joint à la communauté internationale pour dénoncer l’immobilisme politique en Algérie et tirer la sonnette d’alarme quand à la détérioration périlleuse de la situation des droits humains dans ce pays.
En effet, dans une question parlementaire adressée le mercredi 29 avril, le Parlement européen a interpellé la Commission européenne sur l’instrumentalisation par le pouvoir algérien des mesures de confinement pour tenter de restreindre l’expression du “mécontentement dans le pays” en lien avec une situation politique “en suspens”.
Afin de répondre à cette situation préoccupante, la Commission européenne, qui doit préparer sa réponse à ce sujet, est tenue de s’exprimer sur les moyens et les instruments d’un monitoring de l’UE en matière de violations des droits humains en Algérie.
Cet appel a été lancé par une euro-députée espagnole du groupe des Libéraux, Renew Europe fondé en 2019. Ce groupe centriste de l’actuelle majorité auquel appartient le Président du Conseil Européen, Charles Michel, adopte généralement des positions mesurées. Cette sortie forte témoigne de l’inquiétude au sein de l’institution européenne au sujet de la situation politique en Algérie. L’intervention de l’euro-députée espagnole María Soraya Rodríguez Ramos s’inscrit, en effet, dans la continuité d’une série de critiques véhémentes formulées par le Parlement européen à l’encontre du régime algérien.
Ainsi au mois de novembre dernier des groupes politiques pourtant opposés, socialistes et conservateurs, se sont unis pour rédiger une résolution du Parlement européen dénonçant les multiples violations des droits humains et des libertés individuelles qui ont cours en Algérie.
Ces violations des droits humains sont décrites très précisément dans le texte sans concession de la résolution qui détaille nommément l’emprisonnement arbitraire de journalistes, les persécutions envers les minorités, ou encore la répression violente du régime envers les contestataires du Hirak notamment des traitements inhumains ayant entrainé la mort en détention de manifestants battus “sauvagement”. A l’issue du vote en session plénière, cette résolution a été adoptée à la majorité des euro-députés. Dans sa requête au sujet du monitoring de l’UE, l’euro-députée Rodríguez Ramos déplore l’absence d’évolutions positives en Algérie depuis l’adoption de cette résolution en novembre dernier.
Début avril, c’est l’euro-députée belge et ancienne journaliste Frédérique Ries qui interpellait la Commission européenne sur l’attitude irresponsable de l’Algérie à l’égard des camps de Tindouf et de son incapacité à garantir la protection sanitaire des populations séquestrées par le polisario “sur son sol et dont elle a pourtant la responsabilité”.
Cette faillite morale de la junte algérienne révélée par sa gestion ou plutôt son absence de gestion de la crise pandémique permet au polisario de poursuivre ses exactions. Il en résulte une “situation sanitaire alarmante”, “un état catastrophique” des camps de Tindouf dont la responsabilité “incombe à l’Algérie”, selon l’euro-députée du groupe de Libéraux qui appelle la Commission à intervenir auprès des autorités algériennes.
Cette série de dénonciations explicites en peu de temps traduit la volonté de la nouvelle législature du Parlement européen d’aborder dorénavant ouvertement les questions politiques avec le régime algérien qui ne pourra plus se tapir sous la couverture que lui offre la pandémie pour y échapper.
Dans une récente note analytique, Human Rights Watch a résumé la situation, qui plus est avec le sens de la formule, en stigmatisant un régime algérien qui semble “vouloir profiter opportunément de la pandémie du Covid-19 pour essayer de remettre le génie du Hirak dans sa lampe”, au moment même où Amnesty International a vivement interpellé les autorités algériennes “afin de mettre fin, sans délai, aux poursuites judiciaires arbitraires visant à museler les activistes du Hirak, sur fond de pandémie du Coronovirus”. Les deux organisations des droits de l’Homme ont appelé à la libération immédiate de toute personne visée par les procès sommaires, initiés par la junte militaire algérienne.