Le virus et la politique voter Covid-19 ?
A-t-on besoin d’une pandémie pour se mobiliser davantage ? Pourquoi nos politiques sont devenus si sensibles comme on le voit aujourd’hui ? Vont-ils se comporter avec la même justesse et avec la même détermination, à la période postpandémique?
Personne ne s’attendait à une telle catastrophe : qu’un virus tout minuscule mette au chaos les Etats les plus puissants du monde. Méditer sur ce qui se passe aujourd’hui, permet surtout de contempler la fragilité de notre civilisation, à bout de souffle. Subitement, les chefs d’Etats découvrent des valeurs qui étaient aux oubliettes et se montrent plus compatissants avec la masse des peuples. La fraternité et la solidarité humaine qui, quelques jours auparavant, servaient d’arguments politiques pour l’obtention des sièges, sont devenues effectives. Les Etats veillent sur leurs populations comme de «bons pères de famille» et sont plus sensibles envers les franges les plus fragiles de la société. Des facilités pour ceux qui travaillent, interdiction pour les entreprises de licencier les salariés, distribution des richesses, etc. Notre environnement est devenu plus sain : la propreté est de retour dans nos rues, l’air est moins pollué, moins de déchets, moins de dépenses. Les hommes vont découvrir les difficultés des tâches ménagères. La conscience politique s’installe. Les citoyens se sont montrés plus éveillés qu’on le pensait. Et pour la première fois dans l’histoire des nations, les politiques déclarent n’avoir plus de moyens et sont incompétents pour se mesurer à la puissance si discrète de ce virus. Bref, d’un coup, ils sont devenus sincères. C’est tout ce que la population a voulu entendre depuis des décennies. Il serait très difficile d’arracher, en temps normal, cette profession de foi.
Comment peut-on mettre en parallèle la conquête de l’espace et l’impuissance face à un virus ? Certes, il faut comparer ce qui est comparable. Il serait hasardeux d’avancer ici la théorie du complot. Soyons sincères. A-t-on besoin de morts et de l’ampleur d’une telle crise sanitaire mondiale pour vivre ensemble ce moment de paix et de fraternité ? En tout cas, la capacité de faire ou de bien faire a fait ses preuves. Cette situation se retournera-t-elle contre nos politiques ?
On constate tous qu’à moindre effort, tout est rentré dans l’ordre. Tout a changé, et dans le bon sens. On doit tout à ce Covid-19. Ce virus a obligé les Etats à réagir. Les choses prennent une bien meilleure tournure sous la crise. Ce que les Nations Unies n’ont pas réussi à faire, pendant plus d’un demi-siècle, ce virus a réussi à le faire en quelques jours : contraindre les Etats à se plier à la conjoncture. La solidarité entre les Etats a pris des ampleurs incroyables. Les violations des droits de l’homme, qui jadis polluaient les relations internationales, ne sont plus évoquées. Des messages et des témoignages d’affection adressés à la Chine par les USA, le Canada, etc. L’humilité et l’entraide prennent le dessus sur l’orgueil et l’égoïsme des Etats. On n’enregistre, bizarrement, que des actions positives, la critique est momentanément bannie. Il suffit de quelques parlementaires pour voter une bonne loi. Le gouvernement, sans tarder, prend aussi de bonnes décisions. L’entente entre la droite, la gauche, le centre, est au beau fixe. Les partis sont tolérants jusqu’à l’excès. L’opposition ne reproche plus à la majorité la mauvaise gestion de la crise. Le soutien est total. Toutes les deux travaillent la main dans la main pour l’intérêt général. Que faut-il espérer de mieux ? Voir toutes ces réalisations s’effectuer alors que le pays est quasi immobilisé, cela relève de l’irréel, pour ne pas dire du rêve. Pour certains, ce confinement, à en croire certaines interprétations théologiques, ne peut être qu’une grâce divine. Tout en espérant mettre fin à cette crise et battre ce maudit virus, ils craignent le retour à la normale. Ils savent très bien que la période post- Covid-19 rappelle celle de la répression, le chômage, les tracasseries administratives, l’insalubrité de notre environnement, la cherté des matières de première nécessité, les comportements de nos politiques, les défaillances de notre système de santé, etc. Mais, ce qui est sûr c’est que cette crise nous a donné beaucoup de leçons : elle nous invite à méditer sur l’organisation de nos sociétés, de voir les limites de nos intelligences individuelles et de faire plus confiance à notre capacité collective à sauver la planète sur laquelle nous vivons. Après tout, le doute continuera-t-il à subsister ? Cette crise sera-t-elle un nouveau point de départ? Bientôt, les citoyens seront appelés à voter. Se rappelleront-ils toujours de tout cela ? Etant certain que les élections ne changeront rien, si j’avais le choix entre le gouvernement et l’opposition, la sagesse me conseillera certainement de voter le Covid-19 !
Chihab HIMEUR