Maroc-Algérie, ou quand l’histoire intime de leur police est travestie par une feuille de chou appelée « Algérie patriotique »
Par Hassan Alaoui
Il aura fallu qu’une « feuille de chou » électronique dénommée « Algérie patriotique » – animée et dirigée par Anis, le fils du général Khaled Nezzar – se hasarde à en parler, pour que certains observateurs y voient comme la confirmation d’une tension accélérée entre le Maroc et l’Algérie.
Une manière de signal que le gouvernement algérien, et bien entendu ses services, nourrissent à présent une escalade qui dépasse l’entendement. Et pour cause : La « feuille de chou » en question , créée par le DRS essentiellement pour dénigrer et insulter le Maroc par le moyen de fake-news et une désinformation pathétique, s’est distinguée ce dimanche en publiant une information reprise sous ce titre racoleur à l’origine par « Maghreb Intelligence.com »: « Le beau frère d’Abou al-Fadl Baadji, nouveau secrétaire général du FLN serait le responsable des services de renseignements marocains ». Il est à souligner que l’information n’a pas été démentie et que le nouveau secrétaire général, comme l’a attesté Radio France International, a bel et bien obtenu sa licence en droit à l’Université Mohammed V à Rabat. De là à en faire un mystère ou une astuce de l’histoire, il n’y a qu’un pas que « Algérie patriotique » semble franchir…
Si la ficelle n’avait été aussi grosse que la volonté d’y voir introduit l’obsessionnel diable dans la bergerie, nous dirions : « Et alors ? ». Les affabulations du site « Algérie patriotique », devenues à force des élucubrations voire des délires dès lors qu’il s’agit du Maroc et de ses institutions, nous ont habitués ces derniers temps à la volonté maléfique de la presse algérienne et de ses suppôts du DRS – ou DSS – à entretenir l’escroquerie générale qui est à la culture de l’Establishment algérien ce que la mauvaise fois est à sa tragique débandade.
A « Algérie patriotique », qui se fait l’écho de cette « trouvaille », tuyau crevé s’il en est , nous lui suggérons de regarder un peu plus attentivement l’histoire des relations maroco-algériennes dans les années 50 et 60, pour y découvrir l’intimité voire la complicité spectaculaire entre les forces de nos deux pays , une imbrication d’autant plus exemplaire qu’elle ne laisse pas de surprendre encore aujourd’hui. Le Roi Hassan II avait désigné un « Algérien » comme directeur général de Sureté nationale, en la personne de Mohamed Rabîi , demeuré longtemps à ce poste, fidèle entre les fidèles. Il n’était pas le seul algérien à servir la Monarchie. Avant lui, existait des Maaméry, Belkacem, Gabbas, Benmansour au Mausolée et tant d’autres moins célèbres, éparpillés dans différentes villes , dans le Moyen Atlas, à Azrou notamment comme le proviseur du Lycée Tarik Ibn Zyad qui sera ambassadeur d’Algérie aux Nations unies et contestera avec mauvaise foi la marocanité du Sahara, sera désigné ensuite Conseiller spécial du président Bouteflika…
Dans ce contexte vibrionnant du début des années soixante, il existait une densité forte des relations entre les deux peuples, marocain et algérien. Tant er si bien que la plupart des dirigeants de la Révolution algérienne avaient pignon sur rue au Maroc. Sans parler du « clan d’Oujda » – incarné par Boumediene et Bouteflika -, la base armée offerte aux combattants algériens par le Maroc à Nador était supervisée par Mohamed Boudiaf, leader et dirigeant du FLN, assassiné le 29 juin 1992 par le DRS à Annaba. On peut remonter loin et évoquer la mise en place du fameux MALG (Ministère des Armées et des liaisons générales) et le rôle de l’impétrant Abdellatif Boussouf fondateur du DRS, celui de Kasdi Merbah, né à Fès, Farhat Abbès premier président du GPRA…Ils avaient tous un lien « privilégié » avec le Maroc, considéré comme leur deuxième patrie. Caïd Ahmed, Bouteflika, Boumediene et autres sont passés par Oujda, leur base arrière, leur refuge en somme. De même le Dr. Khatib qui était un pilier à la fois de la lutte pour la libération algérienne et le constant édificateur du projet maghrébin, nommé ministre des Affaires africaines.
C’est dire que l’histoire nous tire par la nuque, là où les stipendiés du régime militaire s’efforcent de la déformer et de la caricaturer. Le Maroc est présent dans l’histoire et la mémoire algérienne. Que certains en conçoivent de l’aigreur ou un prétexte fallacieux à la haine, nous en dit long sur leur amertume.