Maroc: Des experts jettent la lumière sur le tabagisme en tant que facteur d’aggravation de la Covid-19
« Tabac et Covid-19 » est le thème d’un webinaire organisé, dimanche, par le ministère de la Santé à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, avec la participation de plusieurs experts en la matière.
Initié en collaboration avec l’Institut de recherche sur le cancer (IRC) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce webinaire a pour ambition de partager les actualités en matière de lutte contre le tabac, dans le contexte de la pandémie de la Covid-19.
Selon les organisateurs, cette initiative tient son importance de nombreuses études épidémiologiques qui ont démontré que le tabagisme est connu pour être un facteur de risque de nombreuses infections respiratoires et des études ayant conclu que les fumeurs risquaient davantage de contracter une forme sévère de la Covid-19, par rapport aux non-fumeurs.
La Covid-19 est une maladie infectieuse qui touche principalement les poumons, donc le fait de fumer affaiblit la fonction pulmonaire, rendant l’organisme moins résistant au coronavirus et à d’autres agents pathogènes, ont-ils noté, relevant que les travaux de recherche existants semblent indiquer que le risque de maladie grave et de décès est plus élevé chez les fumeurs.
Dans ce contexte, la représentante de l’OMS au Maroc, Maryam Bigdeli a souligné que la Journée mondiale sans tabac 2020 vise à protéger les jeunes contre la manipulation de l’industrie du tabac et prévenir leur initiation à l’usage de la nicotine et des produits dérivés du tabac.
Elle a indiqué que les experts mettent en garde contre l’effet du tabac sur les formes sévères de la Covid-19, pouvant entraîner une mortalité élevée.
Mme Bigdeli a, dans ce sens, appelé les médias sociaux à interdire la publicité, la promotion et le sponsoring des industries liées au tabac, les célébrités et influenceurs à refuser toute forme de sponsoring en matière de l’industrie liée au tabac et les écoles à sensibiliser et à informer leurs étudiants sur les dangers de la nicotine et de ses produits dérivés.
La cheffe du service des maladies épidémiques à la direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies, relevant du ministère de la Santé, Hind Ezzine a indiqué qu’en ce qui concerne la Covid-19 et le tabagisme au Maroc, le taux de létalité est de 36,36%, avec un âge moyen de 58,3 ans et un taux de guérison de 63,64% (âge moyen de 42,3 ans).
Mme Ezzine a précisé que parmi les principes de la levée du confinement au Royaume, existe la maîtrise de l’épidémie, la réduction du nombre de cas d’infection au coronavirus, le ralentissement significatif de la vitesse de propagation de l’épidémie, la baisse de mortalité et la non saturation du système de santé, notant que le Maroc a réussi à aplatir l’épidémie et à réduire les conséquences du nouveau Coronavirus.
Elle a, dans ce sens, mis l’accent sur les impacts du confinement et du Covid-19 sur l’économie, les autres morbidités ainsi que sur la santé psychique du citoyen.
Le professeur en pneumologie et président de l’association marocaine des maladies respiratoires (SMR), Hicham Afif a souligné que les fumeurs actifs ont un risque 11 fois plus élevé de développer un cancer du poumon et que l’exposition au tabagisme passif augmente également le risque de cancer du poumon.
M. Afif a expliqué que le tabac est le facteur causal et favorisant de nombreuses maladies bronchopulmonaires, notamment le BPCO, l’asthme et le cancer bronchique. « Il module l’épidémiologie et le tableau radio-clinique et influence l’évolution et l’histoire naturelle de ces affections à l’ère de la pandémie de la Covid-19 », a-t-il dit.
« La sensibilité au sevrage tabagique doit être une priorité de santé publique pour limiter l’impact du coronavirus », a-t-il poursuivi.
L’épidémiologiste à la direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies, au ministère de la Santé, Nada Bennani s’est, pour sa part, attardée sur la relation entre le tabagisme et le risque de contracter la Covid-19, expliquant que les fumeurs portent régulièrement leurs doigts potentiellement porteurs de virus à la bouche et les fumeurs de narguilés ou pipe à eau se partagent souvent le même matériel, en plus que ce fléau est connu pour être un facteur de risque de nombreuses infections respiratoires.
« La contamination de l’entourage se fait par tabagisme passif, via notamment la toux fréquente chez les personnes tabagiques et donc projection de goulettes infectées et la présence dans la fumée de particules sur lesquelles se fixent le virus et qui se déposent sur les meubles, tapis, vêtements…etc. », a-telle précisé.