Jouahri : la libération du compte de réserve équivaut à une injection de 10 MMDH au profit des banques
Le conseil de Bank Al-Maghrib (BAM), réuni ce mardi, a décidé de libérer intégralement le compte de réserve, ce qui se traduit par une injection de 10 milliards de dirhams (MMDH) au profit des banques, a indiqué le Wali de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri.
« La réserve était à 2%, nous avons décidé de la ramener à 0%. C’est à peu près de 10 milliards de dirhams au profit du système bancaire national », a précisé M. Jouahri lors d’un point de presse tenu en mode visioconférence à l’issue de la 2ème réunion trimestrielle du Conseil de BAM.
En guise de soutien à la relance de l’économie nationale, M. Jouahri a fait également savoir que le Conseil a décidé, après la baisse de 25 points de base en mars dernier, de procéder à une deuxième réduction du taux directeur de 50 points de base, le ramenant à 1,5%.
De même, le Wali de la Banque centrale a annoncé la mise en place de mesures spécifiques pour refinancer les concours bancaires aux banques participatives et associations de micro-crédit, notant que BAM veillera à la transmission de ses décisions à l’économie réelle et favorisera davantage, dans le cadre de ses opérations de refinancement, les banques qui « déploient le plus d’efforts dans ce sens ».
M. Jouahri qui passait en revue les principaux développements depuis la dernière réunion du conseil sur le plan économique, social et en matière de politique monétaire, a mis en avant l’activation de l’ensemble des instruments de refinancement disponibles en dirhams et en devises et l’élargissement de la liste des actifs admis en tant que collatéral.
Ceci a permis, a-t-il fait remarquer, « la multiplication par trois des possibilités de refinancement des banques auprès de la banque centrale ».
Sur le plan prudentiel, le gouverneur a cité entre autres, l’autorisation des banques en cas de nécessité à utiliser au cours du 2ème trimestre 2020 les coussins de liquidité constitués sous forme d’actifs liquide de haute qualité en deçà du ratio minimum du LCR (Liquidity Coverage Ratio), fixé à 100%.
Par ailleurs, M. Jouahri a fait savoir que le nombre de dossiers de crédit « Damane Oxygène » garantis par l’État a atteint au 12 juin 27.551 entreprises pour un montant de 13,8 MMDH.
En termes de report d’échéances de crédit, près de 491.500 demandes ont été approuvées à fin mai dont 94% au profit des particuliers et 6% des entreprises, a-t-il ajouté.
En outre, ce sont plus de 2,8 millions de ménages « Ramedistes » et près de 2,6 millions « Non Ramedistes » qui ont bénéficié du soutien financier dans la cadre de l’opération « Tadamoun », a-t-il relevé.
Pour sa part, la monnaie fiduciaire a connu « une hausse exceptionnelle » pour s’élever à 305,3 MMDH a fin mai, soit une hausse de 20% en glissement annuel, a fait observer M. Jouahri, notant que le montant des injections des liquidités a atteint des niveaux exceptionnels passant de 67,2 MMDH au 13 mars à 107,2 MMDH au 5 juin.
Après avoir souligné les principales hypothèses sous-jacentes aux projections de BAM, M. Jouahri a précisé qu' »au regard des fortes incertitudes qui entourent l’évolution de la conjoncture économique à la fois au plan national et international, ces hypothèses peuvent ne pas tenir et les projections seraient appelées a être actualisées au fur et à mesure de la disponibilité de nouvelles données »
« Je ne saurais conclure sans rappeler les considérations que j’ai évoquées au début et souligner encore une fois le niveau exceptionnellement élevé de l’incertitude qui entoure les prévisions que je viens de présenter », a-t-il dit.
Selon les prévisions de BAM, l’économie nationale accuserait une contraction de 5,2% en 2020, suivie d’un rebond de 4,2 en 2021. A moyen terme, l’inflation devrait se maintenir à un niveau modéré autour de 1% aussi bien en 2020 que l’année suivante.