Quelles leçons tirer de cette pandémie pour le secteur de la Santé au Maroc ?
Face à cette crise sanitaire inédite, le Maroc a montré une capacité de résilience et d’adaptation qui a surpris le monde. l’instauration de l’état d’urgence sanitaire, l’appui au secteur de la Santé et au domaine du social et le port des masques de protection ont permis au Royaume d’éviter le pire. Mais, cette pandémie constitue également l’occasion de faire un diagnostic de notre système de santé.
Les mesures proactives prises par le Maroc, particulièrement l’état d’urgence sanitaire, lui ont permis « d’éviter le pire et de maintenir la situation sous contrôle », a affirmé le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, dans une déclaration retransmise par la MAP, le dimanche 19 avril. Près de 6000 décès ont été ainsi évités grâce à ces mesures, en tout cas c’est ce qu’a affirmé le ministre, en réponse à une question centrale sur l’évolution de la pandémie du coronavirus, à la Chambre des conseillers.
En effet, notre ministère de la Santé et nos professionnels médicaux ont permis d’éviter un effondrement de notre système de soin. Toutefois, ces circonstances exceptionnelles ont mis à nu plusieurs failles que connaît notre secteur de la Santé et nous rappelle l’importance de la refonte de notre système de soin.
Pour docteur Hakam Marouane, médecin-expert et enseignant en e-santé, « en dehors du cadre de la Covid-19, aussi bien les experts, les professionnels de la santé que le citoyen lambda, s’accordent à dire que le secteur est fortement marqué par un bon nombre de dysfonctionnements préjudiciables et un accès verrouillé aux soins pour le plus grand nombre de citoyens. Certes, beaucoup d’efforts ont été déployés mais ils demeurent en dessous des ambitions ».
A cet effet, le directeur médical de la plateforme « Avis Médical » considère qu’ « il est impératif, au-delà de la revendication populaire légitime, de prioriser les secteurs de la santé et de l’éducation, de nous atteler immédiatement après la sortie de crise à nous adresser à des problématiques précises ».
Quant aux dysfonctionnements du secteur, cet expert pointe ainsi la pénurie en termes de professionnels de la santé (Tous types confondus). « Le Maroc manque cruellement de personnels de santé et cela ne s’arrange pas avec la mauvaise répartition des personnels tant d’un point de vue géographique qu’en termes de combinaison de compétences et de spécialités », fait-il savoir.
Dans le même registre, docteur Hakem évoque le manque de régulation du secteur privé et l’absence de ponts décisifs avec le public, ainsi que la pénurie des moyens. Pour lui, « malgré le fait que le pourcentage des dépenses gouvernementales consacrées à la santé dans les dépenses totales du gouvernement a augmenté, passant de 4,8 % en 1998 à presque 8 % de nos jours, la dépense totale de la santé (qui associe dépenses de l’État et dépenses des ménages) reste très basse par rapport aux besoins du pays et à la contribution des ménages constitue malheureusement le plus gros morceau. Cette DTS est encore inférieure à celles des pays ayant un niveau de développement similaire ».