La lutte contre le terrorisme en Afrique : Quel rôle pour le Maroc?
Par Khalid Cherkaoui Semmouni , Directeur du CREPS
Le terrorisme en Afrique est l’une des menaces les plus graves pour la paix, la sécurité et la stabilité, ainsi que pour la jouissance des droits de l’Homme et le développement économique et social.
En effet, l’Afrique de l’Ouest et surtout la zone sahélo-saharienne, constitue un enjeu géopolitique et géostratégique majeur. Il pose cependant des problématiques extrêmement complexes pour les pays de la région.
Ces dernières années, cette région connaît un accroissement sensible des menaces sécuritaires qui ont progressivement bouleversé les paramètres géopolitiques, géostratégiques, et impacté une bonne partie de son environnement géographique.
En effet, la filiale de l’État islamique (EI) constitue toujours une menace importante en Afrique de l’Ouest et au Sahel, en profitant de la crise provoquée par la pandémie Covid-19 pour orchestrer son retour. Elle a intensifié ses actes de violence dans les deux régions.
D’autre part, il a été constaté que le Sahel est devenu, dernièrement, le théâtre d’une guerre ouverte entre les deux filiales du djihadisme : l’Organisation de l’État islamique au grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaida, dont les offensives ont coûté la vie à des milliers de civils et causé de grandes pertes économiques dans la région.
A savoir que les récentes crises du terrorisme en Afrique ont exacerbé l’insécurité économique, politique et sociale des populations vivant dans l’espace sahélo-saharien et mis en exergue la nécessité d’une coopération régionale entre les pays d’Afrique pour relever ensemble les défis communs.
A partir de ce constat, la coopération inter-africaine est la seule voie possible pour faire face efficacement à une menace à laquelle il n’est plus possible de répondre selon une approche exclusivement nationale.
Cette coopération devrait s’articuler sur une stratégie intégrale et multidimensionnelle, se reposant sur une approche coopérative et coordonnée pour prévenir et combattre le terrorisme. Elle interpelle les gouvernements, l’UA, les organisations internationales et régionales compétentes, les centres de recherches, la société civile, de manière à aborder le terrorisme et l’extrémisme violent dans toutes leurs dimensions, y compris les facteurs qui conduisent à la radicalisation violente.
Or, le Royaume du Maroc est un partenaire africain incontournable dans la lutte contre le terrorisme, et qui veut jouer un rôle plus prépondérant dans la sécurisation de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, vu que le Maroc, a développé un véritable modèle précurseur de coopération Sud-Sud, qui se fonde sur les liens multidimensionnels entre le Royaume et les pays africains dans différents domaines, dont le domaine sécuritaire qui vient en tête.
En effet, le rôle du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme et du maintien de la stabilité et de la sécurité est apprécié par la Communauté internationale en général, et par plusieurs organisations africaines et internationales. Les observateurs ne cessent de classer le Maroc comme l’un des havres préservés du terrorisme au Proche-Orient et en Afrique du Nord. A savoir aussi qu’il est devenu un modèle et une référence internationale dans le domaine. Nombreux sont les États qui lui demandent actuellement l’aide pour prévenir des attentats terroristes.
En cumulant une expérience en la matière, le Maroc s’est résolument engagé en faveur de la promotion d’une approche de coopération globale et cohérente au niveau continental, en matière de lutte contre le terrorisme et de prévention de l’extrémisme violent.
Le Maroc a, en effet, placé la lutte contre le terrorisme en tête de ses priorités, développant une stratégie multidimensionnelle dans ce domaine, basée sur un système à trois piliers : le renforcement de la sécurité intérieure, la lutte contre la pauvreté et les réformes religieuses.
A partir de cette stratégie intégrée, le Maroc a cumulé une expertise reconnue et une action efficace dans le domaine sécuritaire. D’autant plus qu’il veille au partage de son expérience opérationnelle développée au niveau du continent africain dans le cadre de sa stratégie nationale de lutte contre le terrorisme qui associe aussi l’approche religieuse, à travers l’Institut Mohammed VI de formation des imams, destiné pour la formation des imams africains et qui consiste à promouvoir un islam authentique tolérant et de juste milieu, et aussi la Fondation Mohammed VI des oulémas africains qui contribue à préserver les valeurs de tolérance authentique de l’Islam en Afrique à travers le réseau des oulémas africains.
L’approche sécuritaire en Afrique est très nécessaire pour combattre le terrorisme et l’extrémisme violent, mais elle reste insuffisante si les pays africains n’adoptent pas une approche globale et multidimensionnelle, qui devrait s’articuler autour des volets politique, social, économique et religieux.
Par ailleurs, l’Afrique a besoin plus que jamais d’une action commune, immédiate et déterminée en faveur de sa stabilisation, du renforcement de sa sécurité et la promotion de son développement économique, et aussi une coopération multilatérale et une action concertée entre l’ensemble des pays africains en matière de lutte contre le terrorisme et de prévention de l’extrémisme violent pour s’attaquer aux sources qui les favorisent.
Dans ce sens, les décideurs et autres acteurs concernés par la promotion de la gouvernance du secteur de la sécurité en Afrique, surtout dans la zone sahélo-saharienne, doivent développer une vision stratégique de la sécurité, et mettre au point des mesures institutionnelles, organisationnelles et budgétaires en vue d’atteindre les objectifs, en se penchant sur les défis majeurs à relever parmi les multiples risques, menaces, vulnérabilités et fragilités que connaît la région, en passant en revue leurs causes et conséquences.
Or le Maroc en tant que pays africain, membre de l’UA, ayant cumulé une expérience reconnue, au niveau international, en matière de lutte contre le terrorisme et la radicalisation, est censé jouer un rôle primordial et prépondérant dans la sécurisation de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel .