France : Dupond-Moretti, Darmanin, Bachelot : les surprises du nouveau gouvernement
Le verdict est tombé, après trois jours de réflexion et un lundi de suspense, le Secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, a dévoilé la liste du gouvernement de Jean Castex. Troisième remaniement du quinquennat de Macron, certaines arrivées ont provoqué la surprise générale, d’autres même des critiques. Du retour de Roselyne Bachelot à la nomination de Gérald Darmanin à l’Intérieur en passant par l’arrivée d’Eric Dupond-Moretti, qui sont ces personnalités ?
Eric Dupond-Moretti : le ténor du barreau
Décrit comme une personnalité forte et charismatique, mais toutefois clivante, cet avocat de 59 ans, se tourne vers le droit après un drame familial qui aura marqué son enfance. Il deviendra alors l’avocat aux procès très médiatiques, de la défense de Patrick Balkany, en passant par Jérôme Cahuzac, l’affaire d’Outreau et même le frère du terroriste Mohamed Merah, procès qui lui aura valu de nombreuses critiques et des menaces de mort. Mais rien ne semble arrêter celui que l’on surnomme « Acquitattor ». Animé par une « adrénaline » des Cour d’assises dit-il, l’avocat le plus célèbre de France compte près de 145 acquittements à son actif. Si ses compétences ne peuvent être remises en question, les magistrats n’ont pas hésité cependant à manifester leur mécontentement suite à la nomination du nouveau Garde des Sceaux. Son franc-parler et ses déclarations fracassantes envers la magistrature divise le métier, le syndicat de la magistrature s’est dit « extrêmement interpellé » par cette nomination. En bataille judiciaire depuis 2014 pour l’affaire des « écoutes » de Nicolas Sarkozy, « les fadettes », il a décidé de retirer la plainte contre X pour « violation de l’intimité de la vie privée et du secret des correspondances » et « abus d’autorité ». Le successeur de Nicole Belloubet, assure lors de la passation de pouvoir, vouloir faire du ministère de la Justice, « un ministère de l’anti-racisme et des droits de l’Homme ».
Roselyne Bachelot : l’amatrice d’opéra
Amie de Jean Castex et ancienne ministre de l’écologie sous Chirac, de la Santé sous Sarkozy, puis des Solidarités, elle devient ministre de la Culture à 73 ans. Longtemps critiquée pour sa gestion de l’épidémie de grippe A, où on lui reprochait d’avoir commandé trop de masques et 94 millions de doses de vaccins, elle dénonçait à son tour « un pays infantilisé » dans lequel des médecins n’avaient même pas de masques. Un combat pris très au sérieux, qui lui a valu les foudres de la classe politique mais qui en pleine pandémie de Covid-19 prend tout son sens. Sa prudence à la Santé aura finalement payé. « Les masques sont un stock de précaution – excusez-moi si ce mot devient un gros mot ici. Et ce n’est pas évidemment au moment où une pandémie surviendra qu’il s’agira de constituer les stocks. Un stock, par définition, il est déjà constitué pour pouvoir protéger » rappelait-elle à l’Assemblée nationale en 2010. Mais aujourd’hui, c’est pour un autre portefeuille qu’elle fait son retour. Celle qui avait juré arrêter la politique en 2012 revient pour la culture. Amatrice d’opéra et d’art lyrique, sa nomination à ce poste a tout de même suscité la surprise.
Gérald Darmanin : « le petit-fils d’immigrés »
Autre grande surprise de ce remaniement, le passage de Gérald Darmanin du poste de ministre de l’Action et des Comptes Publiques à ministre de l’Intérieur. Si le « petit-fils d’immigrés » et ancien lieutenant de Sarkozy s’est montré satisfait de sa réforme des prélèvements à la source, il agite également la toile compte tenu de ses ennuis judiciaires. En effet, ce jeune ministre fait objet d’une poursuite judiciaire pour « viol », une affaire datant de 2009, classée sans suite, puis ressortie quelques années après. Si l’entourage de Macron assure que cette affaire « n’a pas fait obstacle » à sa promotion en raison notamment, de la présomption d’innocence, l’avocate de la plaignante, elle, vit cette nomination comme « un choc » et dénonce « du jamais vu ». Par ailleurs, de grands chantiers attendent le successeur de Christophe Castaner, notamment celui des violences policières.