Post-Covid: Vers un nouveau mode de consommation
Face à la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus, des millions d’individus à travers le monde ont dû s’astreindre au confinement et limiter leurs déplacements pendant plusieurs mois.
Cette rupture avec le rythme du quotidien n’a pas été sans influer sur les comportements d’achats et altérer le mode de consommation des ménages, pour qui, cette crise sanitaire a fait bousculer bien des habitudes et pourrait même amorcer une nouvelle manière de consommer.
Caractérisée dans un premier temps par des achats de panique à l’orée du confinement, cette crise inédite, devenue économique, a continué de faire planer un climat d’incertitude qui prête à des comportements de dépenses privilégiant la précaution et la prudence, notamment l’épargne chez les ménages n’ayant pas subi une perte ou une baisse de revenus liées à la conjoncture actuelle.
C’est dans cet esprit là, que de nombreuses études ont vu le jour, en vue d’identifier le profil du consommateur de l’après crise et de cerner ses nouvelles habitudes de consommation.
Parmi ces études, celle l’indice de consommation « Future Consumer Index » du cabinet Ernst & Young (EY), conduite auprès de 5.000 consommateurs à l’échelle de plusieurs pays durant le mois d’avril. Cette étude révèle que 42% des consommateurs âgés entre 18 et 44 ans confirment l’existence d’un changement radical dans leur façon de consommer à la suite de la pandémie et que 40% de ce segment déclarent effectuer leurs achats moins fréquemment.
Au Maroc, le « Covid-19 Impact on Consumer’s Attitudes and Behaviors », une étude en ligne réalisée auprès de 907 consommateurs durant le mois de mai fait ressortir que seuls 35% des consommateurs pensent reprendre normalement leurs habitudes d’avant la pandémie et que 26% opteraient pour l’achat en ligne de l’essentiel de leurs produits.
Pour la professeure en Marketing à l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion (ENCG) de Settat Salima Jazi, le contexte de la limitation des déplacements et la distanciation sociale associées à cette crise s’est traduit par un changement de comportement des consommateurs en l’occurrence par moins de tentations et moins d’achats impulsifs. Idem pour la chasse aux bonnes affaires qui n’a plus lieu d’être, selon elle.
En outre, de nouveaux comportements de dépenses ont émergé durant cette période, a-t-elle fait savoir dans une déclaration à la MAP, notant qu’une catégorie des consommateurs marocains s’est tournée progressivement vers l’achat en ligne.
« Les réticences face à ce mode d’approvisionnement se sont dissipées au fur et à mesure que les consommateurs se sont trouvés contraints de l’adopter », a-t-elle fait observer, relevant toutefois que les problèmes liés à l’adoption du e-commerce, en particulier parmi les consommateurs à faibles revenus, sont toujours présents, notamment l’accessibilité à internet et la maîtrise de la technologie.
De leur côté, les entreprises se sont adaptées en adéquation avec cette nouvelle demande, à l’image de certaines enseignes de la grande et moyenne distribution qui se sont associées à des firmes proposant des services de livraison à domicile, a souligné Mme Jazi.
Et d’ajouter qu’au même titre, certains petits commerçants, contraints de fermer leurs portes pendant plusieurs mois, se sont tournés vers les plateformes numériques et les réseaux sociaux pour proposer à une clientèle digitale leurs produits et services.
L’éveil de ce mode de consommation privilégiant les achats en ligne interpelle particulièrement les entreprises et les incite à se réinventer et accélérer leur digitalisation en vue de mettre plus en confiance le consommateur et apporter des réponses adaptées à ses attentes par ces temps de crise.