Les experts de l’ONU alarmés par l’ampleur de la répression contre les militants des droits de l’homme en Algérie
Les experts des droits de l’Homme de l’ONU se sont dits alarmés par « l’ampleur de la répression de la dissidence en Algérie », appelant à la libération de tous les militants politiques et les défenseurs des droits de l’Homme dans ce pays.
Réagissant mercredi à la condamnation en appel du journaliste et défenseur des droits de l’Homme algérien, Khaled Drareni, « devenu un symbole de la liberté de la presse dans ce pays », ces experts ont souligné que « les accusations portées contre lui constituent une violation flagrante de la liberté d’expression, de la réunion pacifique et d’association ».
Ces experts ont appelé dans un communiqué, rendu public en marge de la 45ème session du Conseil des droits de l’homme, les autorités algériennes à annuler la sentence et à libérer Drareni de prison.
« Nous condamnons avec la plus grande fermeté cette peine de deux ans de prison infligée à un journaliste qui ne faisait que son travail, et nous appelons les autorités algériennes à l’annuler et à libérer M. Drareni » ont déclaré les experts.
M. Drareni, 40 ans, avait été condamné en août à trois ans de prison pour avoir filmé des policiers attaquant des manifestants à Alger, sur la base d’accusations officiellement qualifiées « d’incitation à un rassemblement illégal et de mise en danger de l’unité nationale ».
« Bien que la réduction de la peine de deux ans ait été confirmée hier, elle est encore grossièrement inappropriée car les accusations portées contre lui constituent une violation flagrante de la liberté d’expression, de la réunion pacifique et d’association », ont déclaré les experts.
La manifestation qu’il a filmée faisait partie du mouvement de protestation Hirak qui a débuté en février 2019. Les manifestations sont passées de la rue à internet en raison de la pandémie de COVID-19.
Les experts des droits de l’Homme ont également critiqué les mesures juridiques et judiciaires visant à restreindre la liberté de la presse en Algérie, et ont appelé à la libération de tous les militants politiques et les défenseurs des droits de l’Homme.
« Nous sommes très alarmés par l’ampleur de la répression de la dissidence en Algérie », ont déclaré les experts, notant que « les organisations de la société civile, les défenseurs des droits de l’Homme et les journalistes sont de plus en plus surveillés et harcelés dans l’exercice de leur travail légitime » en Algérie.
Selon ces experts, les autorités algériennes utilisent de plus en plus les lois sur la sécurité nationale pour poursuivre les personnes qui exercent leurs droits aux libertés d’opinion et d’expression, et de réunion pacifique et d’association.
Ils ont également exprimé leur inquiétude quant aux lois restrictives, dont un projet (n°20-06 d’avril 2020) actuellement devant le Parlement, qui criminaliserait la diffusion de fausses nouvelles et le financement de toute association susceptible de porter atteinte à l’État ou aux intérêts fondamentaux de l’Algérie.
« Si elle est adoptée, cette loi ouvrirait la voie à davantage d’arrestations et de détentions de dissidents, tels que les manifestants et les partisans du mouvement Hirak », ont déclaré les experts.
« Nous demandons instamment au gouvernement de mettre fin à l’arrestation et à la détention d’activistes politiques, d’avocats, de journalistes et de défenseurs des droits de l’Homme, ainsi que de toute personne qui exprime sa dissidence ou sa critique du gouvernement », ont-ils plaidé. « Drareni, et tous les autres qui sont actuellement en prison, ou qui attendent d’être jugés simplement pour avoir fait leur travail et défendu les droits de l’Homme, doivent être immédiatement libérés et protégés », ajoute le communiqué.