Algérie : Un milliard de dollars de pertes financières suite au blocage d’internet pour lutter contre la triche au baccalauréat
Les autorités algériennes ont procédé, cette semaine, au blocage de l’accès à internet pour lutter contre la triche au baccalauréat causant des pertes économiques estimées à un milliard de dollars, selon des experts algériens.
Les coupures d’internet durant les cinq jours des épreuves du baccalauréat ont occasionné environ un milliard de dollars de pertes à l’économie algérienne, déjà fortement impactée par le Covid-19, s’est alarmé Younès Grar, expert en TIC, cité par les médias algériens
Selon cet ancien conseiller au ministère algérien de la Poste et des TIC, ces coupures temporaires d’internet ont porté un sérieux coup aux entreprises de divers secteurs.
Dans ce sens, il a relevé qu’une étude faite par un bureau d’études étranger évalue les pertes à 50 millions de dollars/heure, soit 400 millions de dollars/jour, c’est-à-dire 2 milliards de dollars/semaine ».
Il a ajouté qu’à la lumière de cette projection, l’Algérie a perdu, à peu près, un milliard de dollars à cause de cette coupure, déplorant le fait que « c’est le pauvre citoyen qui payera cette facture ».
Dans le cas des opérateurs de téléphonie fixe et mobile, la coupure d’internet a coûté 150 millions de dollars aux abonnés, a-t-il expliqué, notant que cette perte financière a été calculée en se basant sur la moyenne des 30 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et fixe en Algérie et en estimant la consommation journalière des abonnés à 100 DA (un dollar) par personne.
Dans le domaine du e-commerce, des sociétés ont enregistré une baisse conséquente de leur activité et des pertes financières, a-t-il fait observer.
Il a cité dans ce sens les entreprises du commerce électronique, dont les chiffres d’affaires chutent brutalement lorsque l’on coupe internet.
Si ces entreprises attaquent en justice les opérateurs télécoms algériens, normalement, dans un pays où la loi est respectée, ils auraient gain de cause, a-t-il souligné.
Outre ces entreprises, d’autres sociétés issues de plusieurs secteurs, dont les agences de voyages, les concessionnaires automobiles et les banques, ont essuyé des pertes financières, a-t-il estimé, déplorant l’attitude des opérateurs de téléphonie mobile et fixe au sujet de la coupure d’internet et leur refus de dédommager leurs clients.
« Les opérateurs n’ont même pas daigné communiquer et s’excuser auprès des abonnés », a-t-il regretté.
D’après lui, bloquer tout un pays pour la cinquième année consécutive, à cause des épreuves du bac est « irresponsable ».
« Il y a aussi urgence de revoir la manière de concevoir les épreuves du bac. On ne peut les concevoir avec les mêmes schémas des années 1970. Il faut aussi revoir la gestion du bac », a-t-il insisté.
L’expert a souligné que « c’est impensable qu’en 2020, on continue à imprimer les sujets à Alger et ensuite les transporter par avion vers des centres d’examen du Sud, alors qu’il y a des facilités électroniques ».
Pour sa part, le juriste algérien Abdellah Haboul a estimé que la décision de couper internet et priver des millions d’Algériens des services de communication électronique constituent une violation de la législation relative à la poste et aux communications électroniques.
En 2019, l’ONG Netblocks, qui lutte contre la censure et la surveillance du web au niveau mondial, a révélé que les coupures d’internet durant les épreuves du baccalauréat avaient causé à l’Algérie une perte financière estimée à 250 millions de dollars, soit plus de 30 milliards de dinars.