Flexibilité du marché de travail, le Maroc est en retard
La crise covid-19 a introduit un certain déséquilibre au niveau du tissu économique marocain. Les entreprises se trouvent ainsi entre le marteau de la nécessité de protéger la sécurité sociale de leurs employés et l’enclume de ne pas perdre leur manne financière. Une situation qui remet au goût du jour la question de la flexibilité du marché du travail, encore insuffisante selon le patronat. C’est ce que confirme d’ailleurs le dernier rapport de l’Institut Legatum qui classe le Maroc parmi les moins bons en la question.
Peut mieux faire. C’est ce qui ressort du dernier rapport de l’Institut Legatum qui classe le Maroc à la 96e position en termes de flexibilité du marché de travail et à la 127e pour la facilité d’emploi. Groupe de réflexion basé à Londres, l’Institut Legatum produit chaque année une étude sur l’ouverture économique et son incidence sur la prospérité. Dans son édition de 2020, Legatum a consacré son étude au Royaume du Maroc, en se concentrant sur les facteurs structurels de cette ouverture économique, avec une évaluation des quatre caractéristiques fondamentales des économies ouvertes, à savoir, l’accès aux marchés et infrastructures, l’environnement d’investissement, les conditions de création d’entreprises et la gouvernance. Cette étude a fait ressortir, en effet, plusieurs manquements qui font obstacle au développement de l’économie nationale, notamment la gamme de règlementations restrictives du marché du travail qui a induit un taux de chômage élevé et contribuant au renforcement du secteur de l’informel. Un gros retard qu’il faut rattraper.
Le Maroc classé 127e pour la facilité de l’emploi
Le marché du travail représente un autre défi pour le Maroc, signale le rapport. Malgré une progression de 17 places au classement mondial sur les dix dernières années, le Maroc se classe seulement 96e pour la flexibilité du marché du travail. Ce classement est, selon l’étude, en-dessous de la moyenne MENA et inférieure à la plupart des pays comparables, sauf le Ghana, la Colombie et la Tunisie. Dans ce sens, la Banque Mondiale affirme que le marché du travail du Maroc fait face à certains défis cruciaux, notamment le manque d’inclusion dû à la faible participation des jeunes et des femmes, ainsi que la faible croissance et qualité des emplois, portée par l’insuffisance des postes créés et la concentration des emplois officiels dans les grandes entreprises. En outre, les taux de chômage élevés (40% dans certaines régions) et de la participation de la main-d’œuvre faibles (23%) ont impacté fortement l’économie du pays, notant que le taux fort de l’économie parallèle sur le marché du travail absorbe jusqu’à 40% de la totalité des emplois selon des estimations. Cette situation s’explique, selon le rapport, par la règlementation contraignante du marché du travail qui rend coûteux les emplois officiels au Maroc. En effet, le Maroc se classe 127e pour la facilité de l’emploi en raison de la cherté de la main d’œuvre et les barrières strictes contre le licenciement, en particulier pour les petites entreprises. Les indemnités de chômage sont difficiles à obtenir et ne couvrent pas toute personne ayant perdu son emploi. Ces problèmes majeurs entravent lourdement le développement économique du pays.
Le marché du travail pourrait être rendu plus flexible
Malgré ces difficultés qui engagent des frais financiers élevés, le marché du travail pourrait être rendu plus flexible pour réduire le niveau élevé d’économie parallèle et pour fournir des compétences mieux adaptées aux emplois disponibles. Cette flexibilité pourrait être réalisée, selon le rapport de Legatum, par le ralentissement de l’augmentation du salaire minimum, la réduction des coûts de licenciement et l’élargissement des programmes de formation professionnelle. La flexibilité du marché du travail permet d’assurer la disponibilité d’emplois et la protection des travailleurs. Sans un marché du travail fonctionnant correctement, les emplois se font souvent rares et les emplois disponibles peuvent ne pas être attrayants, avec peu de recours disponibles pour ceux qui sont dans une situation d’emploi difficile, conclut le rapport. Une position qui fait écho à celle de la CGEM qui avait appelé récemment à un amendement du Code du travail afin de faciliter les licenciements pour que les structures atteignent des « tailles vivables ».