Le chef de l’ONU plaide pour l’allégement de la dette de tous les pays en développement
Le Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a appelé, mardi, à l’allégement de la dette de tous les pays en développement et à revenu intermédiaire, afin de leur permettre de se relever de la crise économique et sociale occasionnée par la pandémie, à l’occasion d’un événement de haut niveau sur le financement du développement.
« L’allégement de la dette ne peut être limité aux pays les moins avancés, il doit être étendu à tous les pays en développement et à revenu intermédiaire qui en ont vraiment besoin. Et ces pays doivent avoir plus de temps pour effectuer des paiements. Toute solution globale doit inclure un engagement avec les créanciers privés et les agences de notation de crédit », a plaidé M. Guterres, à l’ouverture de cette rencontre virtuelle marquée par la participation de plusieurs dirigeants mondiaux et d’organisations financières internationales.
Le chef de l’ONU a noté que les institutions financières internationales doivent disposer des ressources dont elles ont besoin pour augmenter le financement des pays en développement et à revenu intermédiaire qui sont très vulnérables et en situation de surendettement.
Antonio Guterres a relevé que si de nombreux pays africains ont lancé avec succès des réponses de santé publique face à la COVID-19, le financement du développement sur le continent reste « encore sérieusement en retard ».
« Nous n’atteindrons pas les Objectifs de développement durable si nous ne les atteignons pas en Afrique. Nous devons accorder une attention particulière aux besoins de financement du développement de l’Afrique », a-t-il insisté.
« Je vous exhorte à envisager des initiatives novatrices dans le but particulier de créer de nouvelles facilités de prêt pour le financement concessionnel qui réduiraient considérablement les coûts d’emprunt et favoriseraient la viabilité financière », a encore plaidé le Secrétaire général.
« La pandémie du COVID-19 est une catastrophe. Mais c’est aussi une opportunité générationnelle de façonner notre avenir pour le mieux », a-t-il estimé, évoquant la nécessité d’élaborer un « nouvel accord mondial » (New Global Deal) pour gérer cette crise.
« L’architecture financière mondiale fait partie de cet accord, avec une mondialisation équitable et le respect des droits et de la dignité de tous, de notre planète et des générations futures », a-t-il dit.
Convoquée par les Nations-Unies, en collaboration avec le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et le Premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness, cette réunion de haut niveau a permis de refléter l’action enclenchée au cours des cinq derniers mois pour trouver des solutions susceptibles de faire progresser une réponse multilatérale globale aux impacts sociaux et économiques dévastateurs de la COVID-19.
Selon l’ONU, sur les 11 billions de dollars qui ont été dépensés jusqu’à présent dans le monde pour faire face aux impacts financiers de la pandémie, 88% ont été décaissés par des pays à revenu élevé, contre seulement 2,5% par les économies émergentes et en développement.
La pandémie du COVID-19, qui a fait près d’un million de morts et entraîné plus de 32 millions de cas confirmés, est allée au-delà d’une crise sanitaire et humanitaire pour devenir également une urgence de développement mondiale sans précédent.
Ainsi, la pandémie devrait conduire près de 100 millions de personnes à l’extrême pauvreté, la première augmentation de ce type depuis 1998. L’ONU estime que 265 millions de personnes supplémentaires pourraient faire face à de graves pénuries alimentaires d’ici la fin de 2020, alors que 12.000 personnes pourraient mourir de faim en raison de la pandémie.
L’Organisation internationale du travail (OIT) estime que l’équivalent de 500 millions d’emplois ont été perdus jusqu’à présent cette année, creusant davantage les inégalités économiques et affectant de manière disproportionnée les pays en développement et les groupes vulnérables.