France : Gérald Darmanin dépose plainte contre Médiapart
Le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, a déposé plainte ce mercredi contre Médiapart, pour « diffamation publique envers la police nationale ».
Gérald Darmanin a déposé plainte contre le site Internet fondé par Edwy Plenel, Médiapart, à la suite d’une publication sur un blog hébergée par le site, et intitulée « Exécution sommaire du suspect : nouvelle norme en matière de terrorisme ». Signé « Horslesmurs », l’article accuse la police de « barbarie » et remet en question la méthode d’exécution du terroriste tchétchène, qui a assassiné l’enseignant Samuel Paty vendredi dernier. « Il est absolument clair que les policiers ont compris que le terroriste n’était armé que d’un pistolet à billes bien avant de l’exécuter », écrit l’auteur de ce billet, avant d’ajouter « Applaudir une police qui tue de façon aussi sommaire et systématique les individus suspectés de terrorisme, c’est applaudir une barbarie, c’est encourager la spirale mortifère des violences policières et c’est embrasser ce choc des civilisations qui se trouve – depuis plus de trente ans – en haut de l’agenda de toutes les extrêmes droites du monde. »
Des propos qui portent atteinte à l’honneur et à la considération de la police, et qui accusent l’ensemble de la police nationale de « barbarie policière » selon le ministère de l’Intérieur. Ainsi, à travers sa plainte, le ministre vise notamment la partie où l’auteur écrit : « Dès qu’il s’agit de terrorisme, c’est-à-dire d’un crime commis par une personne musulmane envers une personne non musulmane, la police semble avoir le droit, voire le devoir, de tuer. »
Suite à cette plainte, la Rédaction de Mediapart a réagi sur son site, en se déchargant de toute responsabilité des contenus mis en ligne par les abonnés dans le Club de Mediapart. « Nous en sommes l’hébergeur et non pas l’éditeur », avant de conclure que « L’imprimerie et la librairie sont libres (…), énonce le premier article de la loi de 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse dont la jurisprudence protège non seulement la liberté d’information, mais aussi la liberté d’opinion. »
De son côté, l’auteur du billet polémique a reconnu avoir adopté une « approche trop provocatrice » et que « Parler de “barbarie policière” était une erreur ». Il maintient toutefois le fond de son billet en déclarant : « Or, n’est-il pas contradictoire d’ériger les caricatures de Charlie Hebdo en symbole inviolable de la liberté d’expression et, dans le même temps, appeler à la censure d’un billet de blog critiquant l’incapacité (où le manque de volonté) des forces de l’ordre à capturer vivants les individus suspectés de terrorisme ? »