L’Espagne se prépare à un nouvel état d’urgence sanitaire et à des couvre-feux
Le gouvernement espagnol était réuni dimanche pour approuver un état d’urgence sanitaire permettant l’instauration de nouvelles mesures de restriction à la liberté de mouvement afin de freiner l’explosion des cas de Covid-19, dont un couvre-feu dans certaines régions du pays.
Une réunion extraordinaire du Conseil des ministres a débuté peu après 10H00 (09H00 GMT) à Madrid, le palais de la Moncloa, siège du gouvernement, indiquant que le Premier ministre Pedro Sanchez donnerait une conférence de presse à l’issue de la réunion.
Dans un communiqué publié samedi soir, le bureau du chef de gouvernement avait annoncé que cette réunion aurait pour but « d’examiner les termes d’un nouveau décret royal sur l’état d’alerte », régime d’exception correspondant à un état d’urgence sanitaire.
Le communiqué ajoutait que M. Sanchez avait « offert cette possibilité » vendredi aux 17 régions autonomes du pays et que « la proposition (avait) été accueillie positivement par la majorité » de ces régions, « qui en avaient fait la demande ».
De fait, au moins neuf régions avaient officiellement demandé samedi soir au gouvernement central de proclamer l’état d’alerte.
Il s’agira du deuxième état d’urgence sanitaire de l’année au niveau national en Espagne, après celui proclamé en mars pour contenir la première vague du coronavirus et qui avait duré jusqu’en juin.
M. Sanchez avait préparé le terrain vendredi dans une allocution au cours de laquelle il avait prévenu ses compatriotes que « la situation (était) grave », que « les prochaines semaines et les prochains mois (…) (seraient) durs, très durs » et qu’il était « prêt à adopter toutes les mesures nécessaires » pour freiner la pandémie.
Deux jours plus tôt, l’Espagne était devenu le premier pays de l’UE et le sixième au monde à dépasser le million de cas de Covid-19, le chef du gouvernement ayant même révélé vendredi que le nombre réel de personnes infectées par le coronavirus en Espagne était en fait supérieur à trois millions. Le nombre de décès est proche de 35.000.
Dans les heures qui avaient suivi le discours de M. Sanchez, plusieurs présidents de régions l’avaient exhorté à proclamer sans tarder l’état d’urgence sanitaire afin de pouvoir imposer un couvre-feu pour limiter les déplacements et les rassemblements nocturnes, principaux responsables de la hausse en apparence incontrôlable des cas de Covid-19.
Les régions courent, en effet, le risque de voir leurs mesures annulées par la justice parce que portant atteinte aux libertés. C’est notamment ce qui s’est produit récemment au pays basque.
La santé publique relève en Espagne des prérogatives des régions.
Le but de ce nouvel état d’urgence est donc de fournir le cadre juridique permettant de soustraire les mesures anti-Covid que prendront les gouvernements régionaux au contrôle des tribunaux.
Certaines régions n’ont d’ailleurs pas attendu l’état d’alerte pour agir, puisqu’un couvre-feu nocturne est entré en vigueur dans la nuit de samedi à dimanche dans les région de Castille-et-Léon (nord) et de Valence (est). L’état d’alerte permettra d’éviter son éventuelle remise en cause par la justice.
M. Sanchez s’est décidé à agir après avoir acquis la conviction qu’il disposerait de la majorité absolue au Congrès des députés pour obtenir le renouvellement de cet état d’urgence sanitaire lorsqu’il viendra à échéance au bout de 15 jours, durée initiale maximale permise par la Constitution.
L’intention du gouvernement serait ensuite de renouveler cet état d’alerte une seule fois, mais pour une longue durée, d’au moins plusieurs semaines.
Le chef du gouvernement est à la tête d’une coalition de gauche minoritaire, mais les nationalistes basques et catalans et même un petit parti de centre-droit, Ciudadanos, qui fait partie de l’opposition conservatrice, réclament avec insistance l’état d’alerte, ce qui lui garantit les voix nécessaires le moment venu.
Le gouvernement a tenté de convaincre le principal parti de l’opposition de droite, le Parti populaire (PP), de soutenir cette mesure, mais en vain jusqu’à présent.
Le PP s’était ainsi farouchement opposé à la proclamation par le gouvernement d’un état d’alerte à Madrid et dans huit communes environnantes qui a pris fin samedi et qui consistait principalement en un bouclage partiel des localités concernées.
Le gouvernement de la région de Madrid, dirigé par le PP, a mis en place, à compter de la nuit de samedi à dimanche, une interdiction des réunions entre minuit et 06H00 et, à compter de lundi, un bouclage partiel de 32 quartiers, ceux où la propagation du virus est la plus forte, mais pas de couvre-feu.
(Avec AFP)