Casus belli algérien par procuration, « droit de poursuite » et nouvelle doctrine militaire du Maroc
Hassan Alaoui
Le polisario a donc rompu la trêve et violé impunément l’accord du cessez-le-feu de septembre 1991. Pis : ses stipendiés affirment à qui veut les écouter qu’ils reprennent les armes et déclarent la guerre au Maroc. Voilà donc ce qu’on appelle une manière de casus belli…
Vingt-quatre heures à peine, après leur évacuation venfredi 13 novembre par les FAR du poste frontière de Guerguerate qu’ils croyaient occuper et bloquer , ils se lancent dans une campagne de menaces et une rhétorique qui ne sont pas sans nous rappeler les années quatre-vingt. Les propagandistes algériens peuvent se livrer comme il leur chante à leur glose, rien n’y changera, car aujourd’hui plus que jamais le Maroc est à pied d’œuvre pour parer à toute agression de son territoire.
En effet, le Maroc a déjà connu et vécu un tel contexte, lorsqu’il s’était trouvé confronté en 1980-81 à une série d’incursions lâches des commandos du polisario en territoire marocain, près de Mahbes, Tifariti , Bir Lahlou, et le long du parcours désertique menant jusqu’à Tindouf. Ces incursions, encouragées et équipées par l’ANP algérienne constituaient de véritables déclarations de guerre qui, répétitives et traitres, avaient fini par pousser l’Etat marocain à riposter et à mettre en œuvre une solution durable, efficace et imparable : la construction du fameux Mur de défense sur de milliers de kilomètres destiné à sécuriser nos frontières et à stopper net les incursions du polisario et ses commanditaires algériens.
Le Mur de défense électronique avait été édifié pendant sept ans dans la discrétion la plus totale, il constitua la surprise qui sonna le glas de la stratégie suicidaire du polisario. Il s’inscrivait également dans l’esprit d’une nouvelle tactique appelée par l’Etat-major des FAR « Le droit de poursuite », consistant à traquer les mercenaires, à franchir si besoin la ligne de démarcation avec la frontière du noman’s land désertique, prenant toutefois la précaution de respecter le territoire de nos voisins. De jure et de facto, et bien avant que l’accord de cessez-le-feu ne fût signé en septembre 1991 sous l’égide des Nations unies, rien n’empêchait les FAR « d’aller chercher les rebelles du polisario par la petite cuillère là où ils se cachaient », comme nous l’avait assuré un haut officier marocain.
En 1981, les premiers travaux d’édification du Mur de défense avaient commencé avec l’objectif de repousser les agressions du polisario et, dans la foulée, sécuriser le territoire. Vendredi 13 novembre 2020, comme on l’a dit et dans le sillage des mesures prises en 1981, on peut derechef estimer et souligner que le Royaume du Maroc a usé de son droit de réagir et de débloquer une situation qui frisait le ridicule et devenait exaspérante. Ni les rappels à l’ordre du Maroc , ni les exhortations du secrétaire général des Nations unies et d’autres pays n’ont été écoutés, le polisario campant sur ses positions et appliquant les ordres de ses commanditaires algériens, dont on sait l’obsession et l’irrépressible mauvaise foi contre le Maroc.
Les échecs diplomatiques répétés, au niveau des Nations unies et de l’Union africaine et autres instances, ont eu finalement raison de sa stratégie d’hostilité, à tout le moins aujourd’hui. Les succès du Maroc en revanche , nombreux et décisifs, ont exacerbé les dirigeants algériens – militaires notamment -, qui, pour n’avoir pas admis les défaites diplomatiques s’efforcent de déplacer le conflit sur le champ armé par polisario interposé.
Or, le Maroc l’a bel et bien compris depuis des lustres, il a intégré la donnée machiavélique propre au régime militaire algérien, sa duplicité intrinsèque, ses mensonges et surtout sa redoutable ambition expansionniste. La communauté internationale vient d’avoir une preuve supplémentaire de l’implication jusqu’au cou de l’Algérie et du jeu dangereux déployé à Guerguérate qui menace et interpelle toute la région et , au-delà, le monde entier. Le Roi Mohammed VI, qui maîtrise plus qu’aucun autre, le dossier du Sahara et ses tenants et aboutissants n’a pas manqué de clairvoyance et de détermination pour tordre le cou aux nouvelles provocations du polisario interposé. Il n’a pas supporté une situation de pourrissement d’un point central de la frontière maroco-mauritanienne qui est à la région ce que le centre de gravité est à la zone d’échanges – commerciaux et humains – entre l’Afrique et le Maroc, son ventre mou en d’autres termes . Chaque jour un défilé de véhicules et de camions de transport de marchandises le traversent, renforçant une relation séculaire d’intérêts et de solidarité.
Un pas de plus a été franchi le 21 octobre dans l’escalade que, manifestement, le gouvernement algérien et ses obligés du polisario ont délibérément provoqué. Leur volonté déconcertante de transformer leur échec diplomatique en conflit direct, en déplaçant celui-ci sur la frontière méridionale du Royaume n’a d’égale que la mauvaise foi qui les caractérise depuis quarante-cinq ans maintenant. Cependant, la communauté internationale dont la majorité des pays soutient l’initiative pacifique du Maroc, se rend compte du rôle que l’Algérie joue et le poids qu’elle manifeste dans un conflit dans lequel, contrairement à ce que ses propagandistes affirment, elle est impliquée jusqu’au cou.
La géographie précède et enterre l’histoire, le Maroc et l’Algérie y cohabitent peu ou prou. Et comme l’avait affirmé feu Hassan II, « il faut faire avec… ». Dans l’un de ses discours prononcé lors du Sommet arabe de Rabat en 1974 et peu avant du Sommet de l’OUA, Houari Boumediene affirmait devant les chefs d’Etat présents que « l’Algérie soutient la lutte du Maroc pour la libération de son territoire occupé par l’Espagne »… Voilà qui en dit long sur la duplicité manifeste de président défunt, celui par qui le conflit est crée, colonel de son état et chef de l’ANP…Une année plus tard, le même président expulsera comme des malfrats quelque 350.000 Marocains d’Algérie, un baluchon et des bébés dans les bras…
Il avait vite oublié ses promesses comme aussi le soutien immense que le peuple marocain avait apporté à son frère, le peuple algérien, pendant les huit ans de la guerre de libération. Deux mois après la Marche verte, autrement dit en février 1976, l’armée algérienne a franchi les frontières légales du Maroc et pénétré notre territoire pour attaquer des positions des FAR à Amgala. La bataille qui porte ce nom, mémorable, s’est conclue par la défaite des commandos algériens envoyés par Boumediene et battus en brèches, leurs matériels militaires exposés à la presse internationale et les soldats furent prisonniers. Non que le Maroc eût fait acte de triomphalisme, encore qu’il était de son droit de l’afficher, mais il démontrait à la communauté mondiale l’implication profonde de l’armée algérienne.
Sans être tentés par un quelconque raccourci, on peut mettre à présent un parallèle entre Amgala et Guerguerate, la méthode seule ayant changé. En d’autres termes, la détermination du Maroc et la fermeté méthodique du Roi Mohammed VI restent comme l’on dit inébranlables.