L’Europe doit « impérativement » arrêter des stratégies pour mieux gérer la reprise économique et éviter d’autres confinements
L’Europe doit « impérativement » arrêter des stratégies de lever du confinement qui permettent de gérer correctement la reprise de l’activité économique et éviter d’autres confinements, affirme jeudi l’OCDE.
« Avec la nouvelle flambée de l’épidémie de coronavirus et la réintroduction de mesures d’endiguement dans le but d’aplatir la courbe des infections, les responsables politiques doivent impérativement arrêter des stratégies qui permettent de gérer correctement la reprise de l’activité économique, afin qu’il n’y ait plus d’autres confinements. Ces stratégies doivent reposer sur des mesures de dépistage, de traçage des cas et d’isolement des malades qui soient bien plus efficaces et que les populations puissent aisément observer, ainsi que sur des règles de distanciation sociale plus rigoureuses, estime l’OCDE dans un nouveau rapport.
Le rapport « Health at a Glance: Europe 2020 », propose un premier examen des données comparatives renseignant sur la manière dont les pays européens ont été affectés par la pandémie et lui ont fait face, notamment au regard des résultats obtenus et de la politique menée.
L’Europe est redevenue l’un des foyers de la pandémie de Covid-19. À la date du 15 novembre 2020, plus de 10 millions d’Européens avaient été infectés par le virus, plus de 265.000 en étaient morts, et ce double bilan continuait de s’alourdir rapidement. Le rapport présente des données factuelles tendant à montrer qu’interdire les grands rassemblements, encourager le télétravail, rendre le port du masque obligatoire dans les lieux publics et le recommander dans les réunions privées en présence de personnes à risque, et imposer des limites strictes de fréquentation dans les restaurants, dans les commerces ainsi que dans les lieux publics fermés peut freiner considérablement la circulation du virus.
« L’annonce, ces derniers jours, de la découverte d’un vaccin est encourageante, cependant la lutte contre cette pandémie est un marathon et non un sprint », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría.
« La collaboration internationale sera essentielle pour garantir la production en grande quantité et la distribution à grande échelle de ce vaccin. Les pays doivent toutefois, en parallèle, soutenir plus activement encore le secteur de la santé et les travailleurs de ce secteur, et donner plus d’envergure et d’efficacité aux mesures de dépistage, de traçage et d’isolement », estime-t-il.
Quelques pays, comme la Norvège et la Finlande, ont mieux réussi que les autres à contenir la contagion, en partie pour des raisons tenant à leur géographie (une faible densité de population), mais aussi parce qu’ils étaient mieux préparés, parce qu’ils ont su mettre en place rapidement une stratégie efficace de dépistage, de suivi des malades et de traçage des contacts, et parce que, par comparaison, leur population accorde davantage de crédit aux décisions et recommandations des autorités et s’y conforme plus volontiers, relève le rapport.
Hors d’Europe, les quatre Membres de l’OCDE de la région Asie-Pacifique (à savoir, la Corée, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande) sont parvenus à maîtriser l’épidémie. Indépendamment des caractéristiques géographiques, ces pays ont fait le nécessaire, sans tarder, pour dépister, tracer et isoler les malades, et leur population n’a pas mis en doute les règles de distanciation sociale et autres grandes consignes qui lui étaient données, souligne le rapport.
Après avoir réaffirmé la nécessité de mieux dépister, tracer et isoler les cas, le rapport révèle que de nombreux pays ont encore du mal à communiquer rapidement les résultats des tests de dépistage, et les applications de traçage des contacts n’ont pas toujours rencontré un réel succès. « De nouveaux efforts logistiques sont nécessaires pour améliorer ce traçage des contacts et pour faciliter l’auto-isolement des personnes positives au coronavirus », préconise le rapport.
Lors de la première vague de la pandémie, 90 % des décès ont été recensés chez les plus de 60 ans et, dans plusieurs pays européens, la moitié, au bas mot, des personnes ayant succombé au Covid-19 était en résidence médicalisée. La mise à l’isolement des cas avérés dans ce type d’établissements a fait des progrès, même si elle demeure difficile à appliquer à l’égard de certains résidents, tels ceux atteints de troubles neurologiques, comme la maladie d’Alzheimer ou d’autres formes de démence, sans aggraver leur détresse psychologique, souligne le rapport.
La pandémie a aussi révélé les pénuries de personnel de santé présentes, dans de nombreux pays, dès avant son déclenchement, ainsi que la nécessité de créer de nouvelles réserves de moyens que l’on puisse mobiliser rapidement en situation de crise.
De nombreuses personnes souffrant de maladies chroniques ou d’autres affections sans rapport avec le Covid-19 n’ont pu recevoir les soins qui leur étaient nécessaires au moment du premier pic de la pandémie, au printemps 2020. L’accès aux soins primaires et aux soins spécialisés doit être maintenu afin de répondre à tous les besoins et d’éviter autant que faire se peut les éventuelles complications et décès dont l’épidémie serait indirectement la cause.
Avant même que la pandémie ne se déclare, les délais d’attente pour une opération de chirurgie élective tendaient à s’allonger dans bien des pays européens, car la demande, en ce qui concerne ce genre d’acte médical, augmente plus rapidement que les capacités de prise en charge. Ces délais d’attente vont sans doute s’allonger encore dans plus d’un pays puisque beaucoup de ces interventions, mais aussi beaucoup de diagnostics et de traitements de cancers, ont été retardés par la pandémie.
Dans son rapport, l’OCDE préconise également de lutter contre d’autres facteurs de risque pour la santé qui n’ont rien perdu de leur gravité, à commencer par la pollution atmosphérique, responsable, chaque année, de plusieurs centaines de milliers de décès dans les pays de l’Union européenne.
« Health at a Glance: Europe 2020 » est le fruit d’une collaboration étroite que l’OCDE entretient avec la Commission européenne dans le but d’accéder à une meilleure connaissance des problématiques de la santé, au niveau des pays comme à l’échelle de l’UE, dans le cadre du cycle que la Commission consacre à l’état de la santé dans l’UE.
( Avec MAP )