Education islamique : Hassad désamorce la bombe à retardement
Chaouki Oulkhir
Mohamed Hassad, ministre de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, a souligné la nécessité de réviser le contenu de l’éducation islamique dans les établissements scolaires pour la rentrée scolaire 2017-2018.
Quelques jours à peine après sa prise de fonction, le ministre a pris la décision de réformer le programme de l’éducation islamique adopté dans l’enseignement. Le ministère de l’Education tente, ainsi, d’éteindre une polémique entre les professeurs de philosophie et l’Education nationale.
A l’issue d’une réunion tenue, vendredi dernier, entre le directeur chargé des programmes au ministère de l’Education et le Bureau National de l’Association Marocaine des Enseignants de Philosophie (AMEP), La décision a été prise pour réformer les manuels scolaires de l’éducation islamique jugés hostiles, selon l’AMEP, à l’encontre de la philosophie.
Rappelons qu’en décembre dernier, un des manuels du secondaire a suscité l’irritation de nombreux professeurs de philosophie. L’ouvrage en question cite un texte d’un clerc musulman du XIII siècle, Ibn Salah Achahzouri, qui y dépeint la philosophie comme « contraire à l’islam » et comme « l’essence de la dégénérescence ».
« Le premier point portait sur la question de la situation des manuels Al Manar. Le ministère a bien pris en considération nos critiques et nos demandes de réviser ces manuels. Ils ont ainsi pris comme disposition de ne pas rééditer ces manuels tant qu’ils n’ont pas été révisés. Le second point portait sur la possibilité de collaboration entre l’association et le ministère, notamment, l’organisation de journées d’étude sur l’éducation« , déclare Abdelkarim Safir, président de l’AMEP et inspecteur principal de philosophie à nos confrères du Huffington Post.
Dans un communiqué datant du 19 décembre dernier, le ministère avait déclaré être étonné du choix fait par certains intervenants dans cette polémique de réduire les efforts fournis pour la révision profonde des manuels scolaires à la simple citation d’un ‘’ texte historique ‘’.
Il est à préciser que le nouveau curriculum d’éducation islamique, pour le niveau 1ère année du Baccalauréat, traite de 4 grands thèmes, à savoir : «Foi et Métaphysique », « Foi et Science », « Foi et Civilisations » et « Foi et Philosophie ». Ce dernier insiste sur le fait que la pensée philosophique renforce la raison et développe la pensée tout en réfutant l’idée de l’existence d’une contradiction entre la raison et la Foi, précise le communiqué. Le ministère avait expliqué que le nouveau programme d’éducation islamique du cycle secondaire comportait des thèmes dictés par le contexte socioculturel, national et international.
Toujours selon le même communiqué, l’extrait du manuel scolaire objet de la polémique concerne une seule citation présentée dans le module « foi et philosophie » et utilisée comme « illustration » d’une position considérée par les auteurs dudit manuel comme violente envers la philosophie. L’utilisation de cette citation fait partie d’un scénario pédagogique encadré par des «questions orientées pour amener les élèves à faire des comparaisons entre les contenus de cette position décrite comme violente et des positions différentes qui considèrent que la raison et la pensée sont des outils pour aboutir à la vérité »
Le ministère avait précisé également que «le fait de débattre de ces sujets (foi & philosophie) dans un espace scolaire encadré permet d’éviter le risque d’exposer les élèves à ces mêmes débats en dehors de l’école sans être outillé et réduit les possibilités d’exploitation des jeunes moyennant une apologie des positions « extrémistes » sans relation aucune avec les percepts de paix et de modération que prône l’Islam ».
De toute façon, la situation semble être désamorcée à l’issue de la réunion avec l’AMEP qui paraît apaisée, précisant que le ministère a bien pris en considération ses revendicationspour la révision des manuels scolaires en question.