Graves violations des DH en Algérie : Avant le vote d’une résolution d’urgence au Parlement européen, place au débat
Le Parlement européen réuni en plénière à Bruxelles a organisé, jeudi matin, un grand débat sur la situation des droits de l’homme en Algérie et la détérioration des libertés dans ce pays.
Ce débat précède le vote dans l’après-midi d’une résolution d’urgence qui exprime la préoccupation des députés européens quant à la situation des libertés en Algérie et qui appelle l’Union européenne (UE) à intervenir pour mettre un terme aux graves violations des droits de l’homme dans ce pays.
Les différents eurodéputés qui se sont relayés à la tribune ont pointé la responsabilité des autorités algériennes dans la dégradation de la situation des libertés. Ils ont de même dénoncé l’utilisation du contexte de la crise sanitaire pour serrer l’étau autour des défenseurs et des militants des droits humains.
Les députés européens ont tour à tour dénoncé les pratiques algériennes de torture et de maltraitance des prisonniers, appelant l’UE à utiliser tous les mécanismes en sa possession pour exiger la libération de ces détenus et garantir la liberté d’expression et de manifestation.
Ils ont également évoqué la discrimination et le harcèlement dont sont victimes les chrétiens en Algérie, en flagrante violation de la liberté de culte et du respect des autres religions monothéistes.
Rappelant que « le renouveau de l’Algérie ne peut se faire en bafouant les libertés et en utilisant la crise sanitaire pour accroitre la répression », la députée européenne Salima Yenbou a appelé la Commission européenne à adopter « une position publique plus ferme et plus affirmée » en ce qui concerne le respect des droits humains en Algérie et exiger des autorités algériennes de cesser les détentions arbitraires.
Pour l’eurodéputé Nacho Sanchez Amor, la situation actuelle en Algérie « nous montre l’écart entre le discours des dirigeants et la réalité sur le terrain », notant que « les abus, la répression, les mauvais traitements, la censure et la persécution doivent cesser dans ce pays, loin des discours et des promesses théoriques ».
Il a, dans ce contexte, critiqué « l’étendue du pouvoir militaire » en Algérie et appelé à « l’instauration d’un régime démocratique ».
Le député européen Peter Van Dalen a, pour sa part, déploré la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie et celle des libertés religieuses, interrogeant le haut représentant de l’UE pour la politique étrangère et la Sécurité Josep Borrell sur ce qu’il compte faire face à cette situation.
La présidente de la Commission des Droits de l’homme au Parlement européen Maria Arena a, de son côté, exprimé le soutien de cette institution au peuple algérien « face à l’adversité d’un régime qui réprime, qui arrête, qui harcèle depuis des mois », soutenant que « la pandémie a empiré la situation ». Elle a affirmé que l’Europe « a le devoir de prendre les mesures nécessaires à la défense et à la protection des militants des droits de l’homme en Algérie », relevant que « tous les indicateurs sont dans le rouge aujourd’hui dans ce pays : Arrestations arbitraires, intimidations, mauvais traitement des journalistes ».
« De nombreux militants sont condamnés ou emprisonnés. Ils ne demandaient rien d’autre que des réformes profondes, qu’un Etat de droit, une gouvernance transparente, une presse libre et une justice indépendante », a-t-elle indiqué.
« Nous demandons la libération immédiate de ces journalistes, de Khaled Drareni, ainsi que de tous les détenus d’opinion. L’arrêt du harcèlement judiciaire à l’égard des opposants politiques », a-t-elle réclamé.
« Nous demandons aussi que l’accord d’association UE-Algérie basé sur le respect des valeurs communes puisse être respecté par toutes les institutions européennes », a-t-elle ajouté.
Citant un par un les noms d’Algériens détenus pour avoir exercé leur droit à la parole, le député européen Mounir Satouri a appelé à la libération immédiate de tous les prisonniers d’opinion en Algérie.
« Le sort de ces défenseurs de droits, de ces journalistes, de ces manifestants nous inquiète vivement aujourd’hui », a-t-il dit, appelant la Commission européenne à renforcer son soutien politique à la société civile algérienne.
Il a dans ce sens souligné que la Commission européenne « se sert peu ou mal de l’instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme en Algérie ».
Et de lancer un appel à suivre de près la situation dans ce pays.
« Visitez leurs prisons, suivez leurs procès et soutenez les organisations agissant en faveur des droits de l’homme », a-t-il dit à l’adresse du représentant de la Commission européenne présent au débat.
Le député Pierfrancesco Majorino a, pour sa part, critiqué l’usage par les autorités algériennes des lois pour réprimer les défenseurs d’opinion.
« On utilise de plus en plus les lois de sécurité nationale pour poursuivre les défenseurs des droits de l’homme », a-t-il déploré, relevant que le régime algérien « exploite le contexte de la pandémie pour restreindre le champ des libertés ».
Et d’ajouter que pour l’Europe, les violations des droits de l’homme en Algérie, ne peut passer sous silence.
Même son de cloche pour le député Robert Hajsel qui a rappelé qu’ »il y a un an le Parlement européen a voté une résolution sur les violations massives des droits de l’homme en Algérie ».
« Après un an on constate que ces violations », a-t-il noté, condamnant les menaces qui pèsent sur les journalistes et les militants.
Et d’ajouter qu’ »il est temps de se pencher sérieusement sur cette situation et prendre des mesures concrètes et pas uniquement adopter des déclarations ».
( Avec MAP )