France : Le gouvernement défend sa stratégie vaccinale anti-covid
Alors que de plus en plus de voix, aussi bien au sein des politiques de tous bords, que des professionnels de la santé, critiquent la lenteur du rythme de la vaccination contre le Covid-19 en France par rapport aux autres pays voisins, le gouvernement est monté au créneau pour défendre une stratégie « différente » mais « assumée ».
La campagne de vaccination contre le Coronavirus a débuté dimanche en France. Sur les quatre premières journées de cette campagne, 332 personnes ont été vaccinées dans le pays, selon VaccinTracker, une plateforme de suivie de la campagne de vaccination. En Allemagne, l’on recense déjà plus de 42.000 personnes vaccinées et 900.000 au Royaume-Uni. Une lenteur qui expose l’exécutif à des critiques de plus en plus virulentes.
Réagissant à ces critiques, le ministre de la Santé Olivier Véran a affirmé sur France 2, que « cet écart dans le démarrage est assumé ». « On n’est pas parti pour un 100 mètres mais pour un marathon » et une « montée en puissance » progressive, « face à un très fort scepticisme dans la population française », a dit le ministre, en niant tout « problème d’approvisionnement ».
De son côté, le professeur Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale contre le COVID-19, a affirmé, dans des déclarations relayées par les médias du pays, que « les comparaisons de nombre de personnes vaccinées au bout de quelques jours n’ont juste pas de sens », jugeant cette discussion « un peu dérisoire”.
Conformément aux recommandations de la Haute autorité de santé (HAS), l’exécutif français a opté pour une vaccination par phases. Premièrement vacciner environ un million de personnes très âgées. Viendront ensuite les personnes de plus de 75 ans et les membres du personnel de santé, avec en priorité les plus vulnérables, puis le reste de la population.
« Cette stratégie a une conséquence, elle force à aller plus lentement, car il faut savoir qu’il y a environ 14.000 établissements de type Ehpad en France et que le vaccin est difficile à transporter, difficile à conserver », a expliqué Alain Fischer.
Mais l’objectif fixé par l’exécutif sera tenu, a assuré le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, qui a indiqué, mercredi sur BFMTV, que le rythme des vaccinations allait progressivement augmenter « dès la semaine prochaine ».
« Ce n’est pas une question de doses vaccinales, il n’y a pas de problèmes de pénurie », a-t-il dit. « Simplement on a fait le choix de démarrer plus progressivement (…) parce qu’on accorde une intention extrême à la question du consentement et de l’accompagnement médical », a poursuivi Gabriel Attal.
« Le gouvernement n’entend pas renoncer à ces deux impératifs dans un pays où le poids des « Anti-Vax » est particulièrement important », a affirmé le porte-parole du gouvernement.
Santé publique France a relevé dans un bulletin épidémiologique publié trois jours avant le lancement de la campagne de vaccination en France, que la part des Français déclarant « vouloir certainement ou probablement se faire vacciner » est en « diminution ». Alors qu’il était de 53% en novembre, contre 64% en juillet, le pourcentage des Français prêts à se faire vacciner est tombé à 40% à la mi décembre.
Mais cette avancée « à tout petit pas » n’est pas du goût de certains professionnels de santé qui estiment qu’elle serait susceptible d’alimenter encore plus la méfiance des Français envers les vaccins. Une analyse que le porte-parole du gouvernement ne partage pas.
« Si on allait très vite, peut-être trop vite et qu’on se retrouvait avec des situations comme certains voisins les ont connues – c’est-à-dire des personnes qui par erreur reçoivent cinq fois la dose du vaccin et se retrouvent hospitalisées heureusement sans gravité ou alors des vaccins qu’on doit jeter à la poubelle parce que la chaîne du froid n’a pas été respecté parce qu’on a voulu aller très vite -, je pense qu’on en parlerait beaucoup dans les médias et je ne suis pas certain que la confiance serait plus importante dans la vaccination », a défendu Gabriel Attal.
Conformément aux objectifs fixés par l’exécutif, la deuxième phase de la campagne de vaccination devra débuter en février jusqu’au printemps. Elle concernera 14 millions de personnes, notamment celles avec des facteurs de risques liés à l’âge ou une pathologie chronique et les personnels de santé. La campagne sera élargie ensuite au reste de la population d’avril à juin prochains.
En France, plus de 62.000 personnes sont mortes coronavirus depuis le début de l’épidémie en mars dernier.
( Avec MAP )