En refusant de publier une tribune en réponse à deux articles à charge, lemonde.fr verse dans la « censure » et le « parti pris » (M. Sehimi)
L’universitaire et politologue marocain de renom, Mustapha Sehimi, s’est indigné, vendredi, du refus de la rédaction du lemonde.fr de publier une tribune qu’il a rédigée en réponse à deux articles à charge publiés fin décembre et début janvier au sujet du Sahara marocain, qualifiant la réaction du média français de « parti pris » et de « censure ».
Rappelant les faits, M. Sehimi indique que, le 28 décembre 2020, la plateforme électronique publie une tribune signée par François Dubousson, professeur à l’Université libre de Bruxelles et Ghislain Poissonnier contenant, pour l’essentiel, la vulgate habituelle sur les provinces méridionales du Royaume, et faisant part d’un regain de tension dans cette région, sans oublier les droits humains au second plan ».
Le 30 décembre, M. Sehimi envoie, à la correspondante au Maroc du lemonde.fr et à sa rédaction-en-chef à Paris, une réplique qui offre une « mise en perspective historique et politique d’un processus de décolonisation enclenché par le Maroc depuis 1963 jusqu’en 1975 », indique-t-il dans une tribune intitulée « Lemonde.fr et le Maroc: Le parti pris comme… censure ».
Un rappel qu’il juge « nécessaire (…) pour que leurs lecteurs aient une information circonstanciée permettant une appréhension conséquente des multiples aspects de cette cause nationale ».
« Aucun accusé de réception », s’indigne ce professeur de droit à l’Université Mohammed V à Rabat.
Ce n’est que le 6 janvier que la journaliste lui fait savoir qu’elle a été informée que la tribune ne pourra pas être publiée, « compte tenu du nombre important de textes qu’ils reçoivent pour un espace limité », indique M. Sehimi.
Le 4 janvier, poursuit le politologue, un chercheur de l’IESA-CSIC (Cordoue) Thierry Desrues, a droit, lui, à une tribune sur cette même thématique avec ce titre : « Au Maroc, une victoire diplomatique sur le Sahara au risque d’une défaite morale sur la question palestinienne ».
Il s’agit là d’une « resucée mettant en relief l’état d’esprit des Marocains réduit à une plateforme de certaines associations campant depuis toujours dans une sorte de +front du refus+ – dans le registre +plus palestinien que les palestiniens+, comme l’avait déclaré Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, voici plus de trois mois », s’insurge l’universitaire.
Il fait savoir que le 7 janvier, après une relance demandant un accusé de réception de la tribune, « voilà la rédactrice en chef adjointe, Marie de Vergès, qui se résout enfin à me saisir pour s’excuser du retard de sa réponse et m’informer que +nous n’allons pas pouvoir publier car nous avons déjà abondamment traité le sujet ces dernières semaines+ ».
« Traité comment ? Et par qui ? Avec quel éclairage ? Où est le pluralisme ? », s’interroge M. Sehimi, qui voit en ces réactions « un paravent – transparent d’ailleurs – d’un parti pris. Une forme de censure qui ne s’assume pas ! Affligeant… »
Contacté par la MAP, M. Sehimi a souligné que Le Monde a réagi d’une manière « contraire à ses propres principes affichés d’ouverture et de pluralisme », faisant observer que cet organe de presse a publié deux articles « de mauvaise foi (…) qui procèdent d’un parti pris et d’une hostilité récurrente à l’endroit du Maroc ».
Cette réaction est autant plus aux antipodes des règles de la profession journalistique – dont se réclame Le Monde – que la tribune qu’il a envoyée à la rédaction de ce média est un « article équilibré et informatif », qui met en avant des « éléments d’information sur un processus de décolonisation enclenché il y a plus d’un demi-siècle ».
Avec MAP