Vaccins/Maroc : «En attendant Godot» ou l’attente interminable…

Vaccins promis, vaccins non dus. La livraison au Maroc des vaccins aux laboratoires fabricants, le chinois Sinopharm et le britannico-suédois AstraZeneca, se fait toujours attendre. Le Maroc, pour sa part,  est «prêt» pour lancer son opération de vaccination contre le coronavirus,  de l’aveu du chef du Gouvernement, devant les conseillers au Parlement, ce mardi 19 janvier. Mais, pourquoi, donc,  autant de retard ?

C’est un secret de Polichinelle. 3 mois après l’annonce du lancement de la campagne de vaccination nationale, aucune trace du fameux vaccin au Maroc. Le chef du gouvernement, lui, a tenté d’apporter des réponses aux nombreuses interrogations qui préoccupent tous les Marocains et Marocaines, lors de la séance mensuelle des questions relatives à la politique générale à la Chambre des conseillers, ce mardi.

Intervenant sur «La stratégie nationale de vaccination contre la Covid-19», le chef de l’Exécutif a expliqué que «les pays qui fabriquent les vaccins ne les exploiteront qu’après avoir servi leurs citoyens». Un retard qui n’a rien d’anormal pour Saad Dine El Otmani, relevant que certains pays, pour s’en procurer, ont dû débourser au moins cinq fois leur prix.

Cependant, la capacité de production des vaccins demeure « limitée » dans le monde face à une demande accrue et des fabricants engagés dans une course contre la montre pour fabriquer environ 10 milliards de doses, souligne El Otmani en prenant la défense du gouvernement.

Pour l’instant, tout est prêt du côté du gouvernement, dont le chef a fait savoir qu’un système de suivi des personnes vaccinées sera développé et qu’un document sera remis à chaque bénéficiaire de la campagne contenant un QR code que la personne concernée devra conserver.

 « La vaccination contre la Covid-19 sera lancée dès la réception des doses de vaccin », a-t-il réitéré pour la énième fois,  en soulignant que « les parties compétentes assurent un suivi quotidien de cette question, particulièrement en lien avec les fournisseurs ». Notons que ce n’est pas la première fois qu’un responsable gouvernemental affirme que les préparatifs pour le lancement de la campagne de vaccination vont bon train, mais l’opinion publique marocaine aujourd’hui a besoin d’en savoir plus.

A l’heure où le tapage médiatique se concentre autour de l’arrivée des vaccins, notamment ceux d’AstraZeneca, les doses risquent d’avoir encore plus de retard. A en croire les déclarations d’Adar Poonawalla, directeur général du Serum Institute of India (SII), fabricant du vaccin AstraZeneca sous licence à Reuters: «Notre laboratoire essaiera de commencer à approvisionner l’initiative COVAX soutenue par l’OMS d’ici la fin janvier. Nous espérons d’ailleurs recevoir dans une semaine ou deux le permis d’utilisation d’urgence de l’OMS». Tandis que la Direction du Médicament et de la Pharmacie (DMP) du ministère de la Santé, de son côté, a accéléré sa procédure pour accorder une autorisation exceptionnelle le 6 janvier.

En somme, le Maroc prévoit d’accueillir 65 millions de doses, 40 millions de la part du laboratoire chinois Sinopharm et 25 millions commandées au suédo-britannique AstraZeneca. Toutefois, l’absence d’une information officielle engendre des tonnes d’informations et de spéculations qui inondent les réseaux sociaux et ébranlent les plus solides et logiques des esprits.

« Nous ne pouvons rien faire, nous ne pourrons commencer qu’une fois que Sinopharm et AstraZeneca auront livré leurs vaccins », c’était bien la réponse du Chef de l’Exécutif aux conseillers parlementaires qui lui reprochaient, à lui et son gouvernement, d’avoir « retardé à chaque fois la campagne de vaccination ». Ce qu’il faut donc retenir concernant le lancement de la campagne nationale, est que celui-ci reste tributaire de l’évolution de la situation sur le marché mondial des vaccins.

Cela dit, ce cafouillage qui entoure cette opération que ce soit au Maroc ou ailleurs n’augure rien de bon, surtout que les derniers chiffres de l’ONU confirment que l’ensemble du continent africain, plusieurs pays d’Amérique latine, du Moyen-Orient, de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud-est n’auraient toujours pas reçu de doses à ce jour.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page