Le transport touristique roule vers l’inconnu !
L’inconnu et l’incertain sont désormais les maîtres-mots qui dominent l’activité du transport touristique en cette période de crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus.
Entre chute du chiffre d’affaires en raison de l’absence de touristes étrangers, qui sont les principaux clients de ce type de transport, et dégradation de l’état des véhicules en arrêt depuis presque un an, le bilan des pertes ne cesse de s’alourdir, mettant les professionnels de ce secteur face à une situation délicate.
Le manque de visibilité sur l’avenir, notamment en termes d’ouverture des frontières, n’arrange rien. Pire encore, l’entrée de plusieurs pays dans un nouvel état d’urgence sanitaire ou même dans une deuxième vague de confinement a complètement bouleversé les plans des plus optimistes qui tablaient sur un meilleur scénario, particulièrement à l’approche de lancement de l’opération de vaccination anti-covid.
Résultat: Une détérioration de la situation économique et financière des sociétés de transport touristique et du pouvoir d’achat des professionnels de ce secteur, composé à plus de 80% par de très petites, petites et moyennes entreprises (TPME).
Néanmoins, des efforts considérables ont été déployés afin de sauver ces entreprises et préserver les emplois. Il s’agit entre autres d’une série de mesures, dont l’avenant au contrat-programme pour la relance de ce secteur, adopté par le Comité de veille économique (CVE) lors de sa onzième réunion tenue récemment.
Cet avenant vise à prendre en charge des salariés disposant de contrats conclus avec les sociétés de transport touristique avant février 2020. Pour ces salariés, l’indemnité couvrira la période du 1er octobre 2020 au 31 mars 2021.
Il comporte également des dispositions relatives à la simplification des conditions de reprise de l’activité et de l’exploitation des autorisations de transport touristique, outre le prolongement, d’une année supplémentaire, du délai d’exploitation pour les véhicules ayant obtenu leurs autorisations avant la signature de l’avenant.
La reprise de l’activité du secteur de transport touristique reste compromise et entravée par toutes les mesures restrictives et ce dans un horizon indéterminé, a déploré Rachid Bouamara, président délégué de la Fédération nationale du transport touristique (FNTT), affiliée à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et membre de la Confédération nationale de tourisme (CNT).
« Face à cette perspective incertaine, nous avons tenu une série de réunions avec les groupements représentants les banques, les organismes de leasing et sociétés de crédits à la consommation, nous les avons sensibilisé à la situation désastreuse que traverse notre secteur et à l’impératif de trouver une solution pour alléger le fardeau des dettes qui risque de compromettre la survie de la majorité des sociétés de transport touristique », a fait savoir M. Bouamara.
Et de soutenir que « des rounds de discussions sont en cours et on espère aboutir à un accord qui permettra à des sociétés du secteur qui étaient viables et performantes avant la crise de pouvoir rebondir et renouer avec la croissance, l’investissement et l’embauche ».
M. Bouamara a, en outre, mis l’accent sur la difficulté de se projeter dans l’avenir, car le secteur du tourisme a été le premier touché par la crise actuelle et serait probablement le dernier à s’en sortir, d’où l’importance d’un accompagnement de longue haleine.
« Néanmoins, nous espérons que l’avènement du vaccin enclenchera une dynamique positive et restaurera la confiance, ingrédient indispensable pour l’industrie du voyage », a-t-il dit.
De son côté, Ismael Belkhayat, fondateur et gérant de « Votrechauffeur.ma », une société spécialisée dans les réservations de chauffeurs privés au Maroc, a relevé que les mesures mises en place par le CVE en faveur du secteur du transport touristique sont « excellentes, mais trois mois ne seront pas suffisants ».
« Il va falloir les prolonger jusqu’à la fin de l’année 2021 pour éviter la faillite d’un grand nombre d’opérateurs de ce secteur », a-t-il préconisé, estimant que la promotion du tourisme interne n’a pas pu compenser la baisse des touristes étrangers et ce, pour deux raisons principales.
Le touriste marocain a souvent son propre moyen de transport et n’a besoin, généralement, de faire appel à un transporteur touristique que pour une navette aéroport, a expliqué M. Belkhayat. « Or, les touristes marocains préfèrent utiliser un moyen de transport terrestre plutôt que de prendre l’avion pour se déplacer au Maroc ».
Ce secteur est probablement un des secteurs les plus touchés par la crise, a-t-il noté, estimant que pour accompagner sa relance, il faut continuer à encourager le tourisme interne tout en conseillant aux voyageurs de laisser leurs véhicules afin de profiter des services offerts par les transporteurs touristiques.
Il s’agit aussi d’offrir aux voyageurs marocains des chèques cadeaux leur permettant de profiter de réductions sur leur transport si toutefois ils choisissaient de voyager avec un transporteur touristique, a-t-il renchéri, souhaitant par la même une ouverture prochaine de frontières afin de permettre aux Marocains de voyager et aux étrangers de revenir au Maroc.
Avec MAP