Comment s’explique la hausse des transferts MRE?
Les envois de fonds effectués par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont fait preuve d’une remarquable résilience durant cette période de crise liée au nouveau coronavirus (Covid-19), réussissant même à s’élever à près de 68 milliards de dirhams (MMDH) en 2020, soit une croissance de 5%. Mais comment s’explique cette hausse ?
Échappant à toute théorie, ce chiffre dépasse, largement et contre toute attente, les prévisions de Bank Al-Maghrib qui tablait sur une augmentation de 1,7%. Cette hausse inopinée a été attribuée dans un premier temps à la réouverture des réseaux et bureaux de transfert, après plusieurs mois de confinement général et une série de restrictions de déplacement, imposés dans une grande majorité de pays d’accueil de la diaspora marocaine.
Rappelons-le tout de même qu’au début de la crise du Covid-19 au Maroc, ces transferts ont reculé respectivement de 14,6%, 8,8% et 1,6% pour les mois de mars, avril et mai et ce, avant de renouer avec la hausse dès juin dernier et se raffermir davantage à même d’atteindre des niveaux bien au-delà de ceux de 2019, malgré les lourdes répercussions de cette crise sur l’économie mondiale.
Les pertes de millions d’emplois et de revenus, notamment en Europe qui abrite l’essentiel de la communauté marocaine à l’étranger, n’ont fait que renforcer encore plus l’élan de solidarité sans équivoque non seulement chez la population marocaine, mais également entre les MRE qui ont démontré leur attachement à leurs proches et à leur mère patrie.
Cependant, nombreux sont les analystes qui estiment que le sens d’altruisme et de patriotisme dont ont fait montre les MRE n’explique pas, à lui seul, cette hausse imprévisible.
En raison des restrictions de voyage et de la fermeture des frontières de nombreux pays, ces analystes avancent l’argument de l’incapacité d’une grande partie des MRE, en 2020, de visiter le Royaume, ce qui tout logiquement induit une baisse significative de leurs dépenses dédiées aux voyages, lesquelles dépenses ayant été réorientées vers des envois de fonds.
Aussi, les flux informels, qui sont les apports en numéraire, notamment sous forme de cadeaux ou de dons effectués de manière directe par les MRE auprès de leurs proches, autrefois non comptabilisés, figurent désormais dans la statistique officielle des transferts. Ces flux étant transférés via des canaux formels, devant la difficulté des MRE de rentrer au Maroc.
Malgré des pronostics misant sur un renversement de tendance vers le dernier trimestre de l’année 2020, les envois des MRE se sont maintenus en hausse. Au-delà de l’esprit de solidarité et en dépit de la crise qu’ils affrontent, les transferts d’argent de ces MRE continuent de représenter une importante source d’entrée de devises pour le Maroc, ainsi qu’une source de revenus pour une catégorie sociale en difficulté.
( Avec MAP )