Femmes marocaines : Un si long chemin et un statut en suspens
Dossier du mois
L’art de dire l’intime
Nawal Sekkat, Artiste peintre
«La peinture est ma façon essentielle, la plus puissante et proche de ma sensibilité de rendre compte des sensations et des sentiments que j’ai connus, loin d’une matérialisation trop explicite : seul le sentiment est important. Des réalités révélées, des énigmes, des sensations impalpables mais tellement ressenties, des rébus résolus à moitié, restent pour ma démarche la meilleure traduction qui dévoile les émotions et noue ma relation avec le spectateur.»
Ainsi nous parle Nawal Sekkat, cette férue des pinceaux et magicienne des tons, de sa passion devenue l’univers que l’année 1992 lui révèle à travers la naissance de sa fille. En parallèle, une artiste d’une sensibilité hors pair verra le jour. Cette année-là a donc marqué un tournant dans la vie de la jeune maman alors étudiante en biologie et géologie à la faculté des Sciences de Casablanca. « La maternité m’a orientée vers de nouveaux horizons à explorer. Mais par quel biais ? Un lieu, une matrice, un espace, la quintessence du jaillissement de toutes mes émotions : mon atelier, le placebo du renouvellement. »
Et depuis 1993, et pour percer le mystère de cette première écriture humaine, elle fait ses premiers pas dans une formation académique et classique à l’Ecole Technique d’Art plastique de Casablanca, en 1994, où elle acquiert la base fondamentale de cet apprentissage et commence sa carrière dans la photographie. Avant de troquer le projecteur contre le pinceau et la sculpture. Ensuite, dans un souci de perfectionnement, elle multiplie les stages aussi bien au Maroc qu’en France pour compléter sa formation. De grands maîtres des Beaux arts ont mis leurs touches dans ses techniques, notamment Michel Hergibo qui continue, aujourd’hui, à l’accompagner dans les délires de ses créations. L’année 1998 fut celle des expositions privées et publiques. Photographier puis interpréter par la peinture dans un style figuratif proche de l’orientalisme marquait cette période de sa vie.
En quête de lumière, la beauté du paysage de son pays, les comportements humains, les interactions… tout son environnement était questionné, des problématiques et des hypothèses étaient élaborées et devenaient des repères de réflexions retranscrits par une expression plastique figurative. Sa méthode de recherche a évolué au fil du temps et de la pratique et a mené à une expression qu’on qualifie d’informelle.
Femme de convictions, son engagement dépasse les limites de son atelier et le champ social devient pour elle une extension fructueuse et un espace fertile de production. En 2003, première exposition individuelle à l’international sur le thème « Mon Maroc » à Montréal. En 2006, en intégrant l’association Ambre international et suite à sa rencontre avec l’artiste Emilie Guerin, elle se lance dans l’activité associative et crée Ambre Maroc pour un échange artistique entre le Maroc et les autres pays. Les mots clés sont le dialogue interculturel et intergénérationnel par la promotion de l’art et de la culture marocaine aux niveaux national et international.
La première année, les échanges franco-marocains sont privilégiés et les événements sont intitulés ARTour. En 2008, le thème était l’art andalou. ARTour 2008 était en partenariat avec la Fondation des trois cultures dont le siège est à Séville, avec le soutien effectif de Mr André Azoulay. En 2009, l’Italie était à l’honneur, en partenariat avec Studio Ambre Italia, le Musée des Campionissimi Novi Ligure en Italie a reçu l’événement en 2011. Les ARTour étaient accompagnés systématiquement par une action sociale en faveur des enfants dans le souci d’amener l’art entre leurs mains, de développer leur fibre artistique et de les sensibiliser à d’autres moyens d’expression.
D’un événement à un autre, les expositions individuelles et collectives s’enchaînent, ainsi en 2007, elle expose en individuelle à la galerie Live à Paris, en 2008, au Musée d’Art et d’Histoire à Draguignan sur la Côte d’Azur, en 2010 à la galerie Med El Fassi à Rabat, à la galerie Nadar en 2013, à Bab Rouah en 2015, à la galerie Abou Inan au siège du Crédit Agricole de Rabat en 2016…
En parallèle, le montage et l’organisation d’événements culturels accompagnent son parcours tels Esquisses d’artistes, en 2014, avec la participation de 40 artistes de renommée nationale et internationale, « Mail Art Voyelles » est d’actualité, événement artistique Maroc-France-Belgique organisé, en étroite collaboration avec Christian Balmier, connaît la participation de 70 artistes internationaux , à savoir Ben et Viallat. Cet événement, après son montage à Ambre art center est actuellement à la bibliothèque Louis Nucéra Nice avant d’être organisé à la galerie Huberty & Breyne à Bruxelles, partenaire de l’événement.
L’année 2015, marque son parcours par la vente de trois oeuvres dans La société de vente aux enchères DROUOT Richelieu, dont les commissaires priseurs ont exprimé leur volonté de collaboration.