La Fondation Attijariwafa bank rend hommage au courage de la femme marocaine face à la crise sanitaire
Dans le cadre de son cycle de conférences digitales « Échanger pour mieux comprendre », la Fondation Attijariwafa bank a organisé, jeudi 18 mars 2021 en live streaming sur sa chaîne Youtube, une rencontre avec une invitée de marque, Mme Nouzha Skalli, Présidente du Think tank Awal Houriates et ancienne Ministre en charge des Droits des femmes, autour du thème « La femme marocaine à l’épreuve de la crise sanitaire ».
Modérée par Mme Meya Zeghari, Responsable de la Fondation Attijariwafa bank, la discussion a été ponctuée par plusieurs témoignages pleins d’humanité, de femmes de tous bords racontant leur vécu de la crise sanitaire. Un hommage a été rendu aux femmes médecins qui étaient sur le front de la lutte contre la Covid-19. Leur récit poignant de leur combat au sein des unités Covid hospitalières a été un des moments forts de la conférence.
En ouverture, Mme Skalli a rappelé, chiffres à l’appui, le retard du Maroc en matière de parité, et la persistance des discriminations à l’égard des femmes, dans le domaine privé et professionnel. Une situation que le déclenchement brutal de la Covid-19, a exacerbé, alors même que les femmes étaient en première ligne dans la gestion de la crise sanitaire. « Les femmes médecins qui constituent plus de la moitié du personnel médical dans notre pays, ont vu leur vie basculer du jour au lendemain, mais elles n’ont pas hésité à servir leur patrie en se mobilisant nuit et jour, loin de leurs familles, et à s’exposer au risque de contamination par le virus. Nous devrions être, tous, reconnaissants pour l’abnégation et le don de soi dont elles ont fait preuve », a souligné Mme Skalli.
L’échange a ensuite porté sur les raisons du recul du taux d’activité des femmes depuis 2000, qui est passé de 30% à moins de 20% actuellement. « Cela représente un manque à gagner énorme pour notre pays. Il faut savoir que l’élimination des discriminations à l’égard des femmes pourrait se traduire par une hausse de 39,5% du PIB/habitant
selon les estimations de l’OCDE. C’est donc une niche de richesses précieuses qui nous permettrait d’accélérer le rythme de croissance et de progrès ». À noter que la faiblesse de la contribution économique des femmes dans tous les pays de la région MENA représenterait un manque à gagner de 575 milliards de dollars.
À la lumière de ce constat, il n’est donc pas étonnant que le leadership féminin demeure à la traîne. Selon le HCP, moins de 13% des entreprises au Maroc sont dirigées par des femmes. « Certains grands groupes essaient d’instaurer la parité. Ainsi, le groupe Attijariwafa bank a adopté, lors de la journée de défense des droits de la femme, une charte de la mixité et lancé une vaste initiative de promotion de la parité. Mais de telles initiatives demeurent encore rares » souligne Mme Zeghari. Pour Mme Skalli, cette initiative est un signe de bonne gouvernance. « Plus globalement, pour casser le plafond de verre, ou plutôt, le plafond de fer, plusieurs associations accompagnent les femmes entrepreneures ; et sur ce registre, le recours massif aux NTI peut constituer une aubaine pour accélérer la progression de l’entrepreneuriat féminin ».
Sur le plan privé, la promotion de l’égalité entre les genres est, elle aussi légitime car les femmes consacrent, selon une enquête du HCP, jusqu’à 7 fois plus de temps à autrui et notamment aux membres de leur famille.
La situation actuelle est critique car les dégâts de la crise sanitaire sur les femmes sont de plusieurs ordres : précarité de l’emploi, exacerbation des violences familiales, aggravation de pression psychologique et recul de la sociabilisation.
« Nous avons une dette morale envers le personnel de la Santé et leurs revendications matérielles sont légitimes », estime la présidente de Awal Houriates.
L’espoir est grand de voir le nouveau modèle de développement insister sur la nécessité de lutter contre toutes ces injustices et d’appliquer les politiques publiques sur le terrain en respectant l’égalité des genres. « Durant le confinement, les aides destinées aux populations précaires ont été versées exclusivement aux chefs de famille, sachant que près de 7% des foyers sont dirigés par des femmes. Et même dans les foyers constitués de couples, c’est l’homme qui a encaissé l’aide, alors que la femme génère un revenu pour toute la famille ! ». Pour éviter ces injustices, il est urgent d’appliquer la loi en tenant compte de l’égalité des genres dans la mise en oeuvre des politiques publiques. « D’ores et déjà, je salue la généralisation de la protection sociale, mais elle n’aura l’impact voulu que si elle est appliquée selon la parité des genres ».
À travers cette nouvelle conférence-débat qui a suscité de nombreuses questions d’internautes auxquelles l’invitée a répondu avec intérêt, la Fondation Attijariwafa bank démontre, une fois de plus, sa volonté de favoriser le débat et la réflexion sur des questions qui engagent l’avenir de notre pays en faisant appel à des personnalités reconnues pour leur compétence et leur engagement sur le terrain.