La reconnaissance US de la marocanité du Sahara a contraint « les uns à dévoiler leurs cartes, les autres à sortir du bois »
La reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara a contraint « les uns à dévoiler leurs cartes, les autres à sortir du bois », souligne le site d’information « Quid.ma ».
« Par son ampleur et son impact, la reconnaissance américaine a eu l’effet d’une énorme pierre dans la mare. Elle a perturbé le jeu, créant une réaction concentrique en chaîne, contraignant les uns à dévoiler leurs cartes, les autres à sortir du bois », écrit le portail dans une chronique signée Naim Kamal sous le titre « Sahara: Le variant allemand ».
Dans ce dossier, « on s’est fait aux intervenants classiques. L’Algérie bien sûr et derrière elle l’Union Soviétique reconvertie depuis 1991 en Russie. Les Etats-Unis qui ont longtemps exaspéré Rabat par leur ambivalence. L’Espagne à la neutralité forcément douteuse et la France qui assure le service minimum pour plaire un peu au Maroc sans trop déplaire à l’Algérie », fait observer l’auteur de l’article. Jusque-là, cet « état de ni paix ni guerre, ni solution ni affrontement ouvert, semblait arranger tout ce beau monde qui trouvait son compte dans cette situation où le Maroc ne peut vaquer entièrement à ses préoccupations, ni l’Algérie dormir tranquillement sur ses deux oreilles », poursuit-il, notant qu’en présence de ces acteurs « endémiques », tout était ainsi « tantôt mal tantôt bien dans le moins pire des mondes », jusqu’au jour où l’administration américaine a tranché le débat en faveur du Maroc ».
« Sans signes avant-coureurs, du moins pour le commun des mortels, un agent dormant, le variant allemand, que l’on croyait sinon bénin du moins loin du problème, se manifeste abruptement », écrit-il.
L’auteur de l’article relève cependant qu’il y avait, en janvier 2020, l’exclusion incompréhensible du Maroc de la conférence de Berlin sur la Libye, une hostilité que l’on pouvait croire gratuite. Et auparavant le représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU, l’Allemand Horst Koehler qui jette l’éponge au deuxième tour de piste, démission attribuée à des raisons de santé, mais appelle désormais à d’autres lectures à la lumière des évènements qui se sont précipité avec la convocation par Berlin du Conseil de sécurité, équivalant à une condamnation de la reconnaissance américaine.
Mais le Maroc a aussi de bons vieux souvenirs avec l’Allemagne, actuellement un important partenaire commercial, poursuit-il, notant que l’intérêt germanique pour la région et particulièrement pour « l’empire chérifien » remonte à une autre conférence de Berlin, celle de 1884-1885 « où la boulimie territoriale de la dominante Europe, coloniale, vorace et insatiable, a procédé au partage du reste du monde, cause principale de la première guerre mondiale ». C’est une lapalissade et un basique que les rapports inter-Etats sont commandés par les intérêts et que dans les relations internationales, la raison du plus fort est toujours la meilleure, estime l’auteur de l’article, ajoutant que ce serait de l’angélisme, ce qui est loin d’être le cas du Maroc, de croire qu’une quelconque puissance ait pour l’instant une quelconque envie à ce que le problème du Sahara trouve une solution. « Pour tous les protagonistes, amis, ennemis déclarés ou mi-mi, la persistance de ce foyer est le meilleur moyen de garder un fer au feu et un outil de pression efficace aussi bien sur le Maroc que sur l’Algérie qui prétend à un rang d’Etat-pivot dans la région, refusant de comprendre que la vision +prussienne+ qu’elle a de son existence fait seulement le jeu des vraies puissances », enchaîne-t-il.
Et de poursuivre que depuis Alger, on entendra bien évidemment la tonalité inverse. Mais sans trop revenir sur l’histoire, des deux pays c’est bien le Maroc qui a fait le plus de concessions en vue de trouver un terrain de cohabitation en bonne intelligence. Les revendications territoriales du Maroc, fallacieusement taxées d’expansionnisme, reposent sur une réalité historique, géographique et juridique que la France, qui a fixé les frontières dans la région, et l’Espagne qui en a bien profité, ne connaissent que trop bien. Mais le Maroc, prenant acte de l’état des lieux postcolonial, a fini, par un sens aigu de realpolitik, par se rendre à « l’évidence » de l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme, chère à l’Algérie et à bien des Etats africains.
Et c’est encore Rabat, sur incitation du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui, bien des années après, a fait l’offre la plus sérieuse, la plus pragmatique et la plus crédible d’une solution politique en proposant un projet d’autonomie, rappelle-t-il.
Dès lors, comment ne pas comprendre le Souverain du Maroc, SM le Roi Mohammed VI, lorsqu’il fixe à ce seuil le plafond de ce qu’il peut céder sur ce « lambeau » de territoire (l’expression est à Abdellah Laroui) qui lui reste dans le sud de son pays, de ce que fut l’empire chérifien. « L’Allemagne brimée, divisée, amputée avant qu’elle ne retrouve son unité et partie de sa grandeur devrait comprendre mieux que d’autres cette situation. Le reste est une histoire de négociation, d’intérêts bien compris et de coopération mutuellement fructueuse », conclut l’auteur de l’article.
( Avec MAP )