GB: la police enquête sur un réseau, le kamikaze connu du renseignement
La police britannique a affirmé mercredi enquêter « clairement » sur un réseau, écartant l’hypothèse selon laquelle le kamikaze britannique d’origine libyenne qui a tué 22 personnes à Manchester avait pu agir seul.
L’attentat revendiqué par le groupe Etat islamique (EI), dans lequel des dizaines de personnes ont également été blessées à la sortie d’une salle de concert, était « plus élaboré » que d’autres et « il semble probable » que l’assaillant n’a « pas agi seul », a expliqué dans la matinée la ministre de l’Intérieur Amber Rudd.
Le chef de la police de Manchester, Ian Hopkins, a ensuite confirmé en début d’après-midi enquêter « clairement » sur un réseau autour du kamikaze Salman Abedi, étudiant de 22 ans, dont Mme Rudd a précisé qu’il était « connu » des services de renseignement.
Il est « sans doute » passé par la Syrie, a avancé le ministre français de l’Intérieur, Gérard Collomb, décrivant un homme qui « tout d’un coup, après un voyage en Libye puis sans doute en Syrie, se radicalise et décide de commettre cet attentat ».
Trois hommes ont été arrêtés dans la nuit au sud de Manchester, après l’arrestation mardi d’un homme de 23 ans dans la même zone. Ils se trouvaient tous quatre en garde à vue mercredi, a précisé le commissaire de police Ian Hopkins, et des perquisitions étaient en cours.
Un certain « Adel », d’origine libyenne et âgé de 44 ans, « a été menotté et emmené dans une voiture », a raconté à l’AFP Omar Alfaqhuri, qui vit en face d’une maison où au moins un suspect a été arrêté.
Londres a porté mardi soir l’état d’alerte terroriste du niveau « grave » au niveau « critique », une première depuis 2007, signifiant un risque d’attentat imminent. La Première ministre Theresa May a annoncé des renforts de l’armée pour épauler la police, une mesure rarement mise en place.
Près d’un millier de soldats ont commencé à se déployer sur des lieux sensibles dans les grandes villes. Un « arrangement temporaire pour faire face à un événement exceptionnel », a noté Amber Rudd.
La relève de la garde devant le palais de Buckingham, grande attraction pour les touristes, a été annulée, tout comme la parade pour le titre du club de football de Chelsea prévue dimanche près du stade londonien.
L’attentat commis à l’issue d’un concert de la chanteuse pop américaine Ariana Grande avait été revendiqué mardi par l’EI, qui a menacé de commettre d’autres attentats.
Selon des médias britanniques, Abedi est né à Manchester de parents libyens ayant fui le régime de Mouammar Kadhafi. Ils ont trouvé refuge à Fallowfield, au sud de Manchester, où le suspect résidait. Dans ce quartier pavillonnaire, peu se souviennent de ce jeune homme « réservé ».
Tous les morts ont été identifiés et leurs proches prévenus, a indiqué la police, précisant qu’un officier de police se trouvait parmi eux.
Dans cette liste macabre figure Saffie Rose Roussos, huit ans. La Une du quotidien populaire The Sun affichait la photo de cette petite brunette souriante face à celle du kamikaze, contrastant en légende « la pureté » et « le mal ».
Olivia Campbell, 15 ans, qui venait d’envoyer un texto remerciant sa mère de l’avoir autorisée à venir à ce concert, a été tuée. Ainsi qu’un couple polonais venu chercher ses filles, indemnes pour leur part, à la fin du spectacle, selon Varsovie.
Le bilan pourrait s’aggraver: une vingtaine des 64 blessés hospitalisés — parmi lesquels douze ont moins de 16 ans — restaient en soins intensifs mercredi.
Nick Lewis, père d’une collégienne grièvement blessée, a décrit près de dix heures de chirurgie: sa fille Freya « a été recousue, percée, ressoudée et ré-assemblée sous des pansements. La pente va être longue à remonter mais on s’y met ».
Les attentats se sont multipliés ces derniers mois en Europe alors que l’EI subit de lourdes pertes militaires en Irak et en Syrie.
En Libye, d’où est originaire la famille du kamikaze, le chaos règne, six ans après la révolte ayant mis fin à la dictature de Kadhafi. L’EI y est implanté même s’il a subi des revers récemment à Syrte, dans le nord.
Alors que Manchester United devait disputer mercredi soir, brassard noir au bras, une finale décisive de l’Europa League à Stockholm, son ancienne star Eric Cantona a adressé un message d’amour à la ville: « Je souffre avec vous. Mon coeur est avec vous. Je me sentirai toujours proche de vous ».