Personne n’a le monopole du Rif et du peuple rifain…
S’il est un débat aux relents mystificateurs, c’est bel et bien celui qui porte sur al-Hoceima. Et pour cause ! La parole, fort heureusement, est libérée ; entre les sites numériques, les réseaux sociaux, les vidéos privées, la presse écrite et les Whatsapp, nous sommes pris dans le vertige. Entre la désinformation bien organisée, l’intoxication contagieuse et une volonté délibérée de nuire au pays, c’est un fil noir qui tisse la toile des événements d’al-Hoceima.
Ce sont aussi, et ce n’est pas le moindre constat grave, les Services de quelques pays les bénéficiaires, ils se frottent les mains, s’en donnent à cette Shadenfreude (joie maligne), chère aux Allemands…
Il faut, par conséquent, à la fois prendre garde contre les abus d’interprétation et procéder à un impératif examen de conscience voire au mea culpa qui s’impose. D’où le devoir de reprendre les éléments avec une méthodologie et le souci honnête d’avancer.
Or, pour commencer, il convient de souligner que les revendications des populations du Rif, légitimes et indiscutables, posées avec acuité, ont aujourd’hui un début de réponse à tous les niveaux, économique, social, médical, culturel, éducatif, humain, grâce à la réactivité des autorités qui n’ont de cesse de réactiver le Plan de développement de la province.
Mais, peut-on avancer ?
Quand d’autres s’efforcent de réfléchir sur une sortie de crise, argumentent à tours de bras et s’échinent à calmer les propensions affichées de certains pour le pire, quand ils estiment nécessaire de temporiser des ardeurs extrémistes qui se profilent et d’apaiser les cœurs, d’aucuns – les mêmes qui n’en ont cure – ne se lassent pas, au risque de se répéter, de s’ériger en prescripteurs du désordre et de la déstabilisation.
On aura beau avancer avec toute la bonne foi du monde que le problème du Rif est le problème de tous les Marocains, en vain. Cette province, à l’image de bien d’autres au Maroc, ne saurait être le monopole de quelques-uns ( unes) – qui s’érigent en meilleurs défenseurs et, avec un superbe glissement, en contempteurs de l’Etat et du gouvernement.
La fracture rifaine
Il n’est pire aveugle que celui qui sait et qui ne veut pas voir. Nous sommes en plein dans ce postulat : Al Hoceima souffre d’avoir été le théâtre malheureux d’une mal-gouvernance caractérisée avec des manquements graves, un splendide isolement économique et social, un chômage endémique, une négligence ahurissante.
Tous les ingrédients d’une colère étaient réunis, et sauf malhonnêteté, chacun de nous en convient. Or, il est inadmissible d’affirmer que la province d’al-Hoceima est victime d’une hogra quelconque et volontaire et encore moins d’un mépris. Le Roi Mohammed VI, puisque certains croient l’interpeller dans un réflexe de banalisation des revendications, a consacré sa première tournée, au lendemain, de son avènement au Trône, au Rif en l’an 2000-2001, il s’est rendu à Nador, à Al Hoceima, chez la famille et les descendants de Mohamed Ben Abdelkrim al-Khattabi. Un geste qui avait valeur de symbole et inaugurait une réconciliation sans commune mesure avec ce que l’on connaissait des rapports tendus entre le Roi Hassan II et les populations d’al-Hoceima dans les années quatre-vingt dix.
Mieux : le Roi Mohammed VI a consacré, tout au long des dernières années, une attention particulière à cette province, comme en témoigne les nombreuses visites qu’il lui a consacrées, et sa présence physique, pendant plusieurs jours, au lendemain du grave séisme qui a frappé la ville en 2003. Il a campé auprès des populations, partagé leur deuil et dirigé les opérations de sauvetage en personne. Nul mieux que lui n’a mesuré la détresse des populations sinistrées, ni réagi comme il l’a fait, en lieu et place de tous les gouvernements, en lançant notamment le programme ambitieux de développement et d’investissement de la province, le 17 octobre 2015.
Une enveloppe financière de 25 Milliards de dirhams
Comment – sauf mauvaise foi caractérisée ! – passer sous silence le Plan de développement engagé par le Roi d’une enveloppe financière de pas moins de 25 Milliards de dirhams, portant sur des chantiers gigantesques, la santé, l’éducation, les infrastructures, la pêche, l’agriculture, la femme, la jeunesse, la culture, le tourisme ? …
Comment continue-t-on à induire en erreur les populations du Rif et du Maroc entier que le gouvernement maintient encore le décret de « militarisation » de la province institué en 1958 dans des circonstances exceptionnelles et pourtant abrogé depuis des années, pour nous faire croire que l’Etat exerce une pression sur la province ?
Les mêmes personnes – des pseudo intellectuels employés à semer le doute – continuent à nous abreuver de mensonges de la même veine. Et plutôt que de calmer les esprits, ils n’hésitent pas à empoisonner l’atmosphère et à raviver les plaies. Et surtout à exacerber les ressentiments à l’égard de l’Etat et des institutions.
Le 24 mars dernier, à Imzouren et Bni Bouayach, des jeunes chauffés par Nasser Zefzafi, se sont violemment attaqués aux forces de l’ordre et aux bâtiments publics. Ils sont jugés à présent pour les graves violences et atteintes à la sécurité publique. Ils sont également l’un des maillons qui, preuve à l’appui, sont confondus par la justice…
Comme Zefzafi, ils doivent répondre de leurs actes, et aucun, ni personne ne devrait mettre en doute la justice, sauf là encore les prétendus défenseurs des droits de l’Homme qui s’acharnent, en dépit du bon sens, à défendre l’indéfendable contre toute logique et le bon sens.
Le soutien au Hirak du Rif semble bien évidemment dépasser les frontières, comme en témoigne une certaine mobilisation concoctée à l’étranger par les mêmes services et les mêmes pays dont l’hostilité à l’égard de notre pays n’a pas de limites. Il existe une série de titres de presse, parmi lesquels des soi-disant organes d’informations et d’analyse, qui ont d’emblée choisi de cautionner aveuglément l’aventure des Zefzafi et compagnie…Ils ont perdu la raison, et sacrifiant à une rédhibitoire cécité , ils restent sourds à toute vérité, s’efforçant de réhabiliter leur conscience déchirée entre l’absence de courage et l’opportunisme lâche.
Tandis que les avocats de Zefzafi, à la sortie de l’entretien qu’ils venaient d’avoir avec lui, affirmaient qu’il « allait bien physiquement et moralement et qu’il était traité comme il sied », les oracles qui nous ont assommés d’informations mensongères, depuis le début de cette affaire, ont écrit qu’il « avait été battu et qu’il avait un œil au beurre au noir » !
Qui donc croire ? Les avocats du concerné qui ont témoigné de visu ou les faux-vrais journalistes désinformateurs ?
Ils jouent sur la notion du peuple, cédant à un populisme de mauvais aloi. Les uns ne digèrent pas l’échec patent de Abdelilah Benkirane et s’obstinent à le « venger » malgré lui , continuant à lui édifier une Statue de Commandeur, les autres à faire de la crise du Rif leur bémol inversé, leur nouveau viatique pour grignoter quelques lecteurs et, sait-on jamais, pour se hisser sur le pavois de la grande traîtrise. Ce qui est paradoxal est cette tartufferie à jouer des registres de la fin d’époque en caressant les lecteurs dans le sens du poil…