Une société au bord de l’éclatement
Malheureusement, les temps modernes amènent comme un vent de malédiction et les gestes d’incivisme se font, de plus belle, nombreux dans notre société. Ils deviennent même banalisés chez les jeunes générations qui les trouvent normaux. Aussi réhabiliter l’école publique s’avère-t-il urgemment nécessaire parce que tant que le peuple n’est pas éduqué par un enseignement qui fait des valeurs de droit, de justice et d’égalité son socle, tant que l’incompétence et l’irresponsabilité sont mises au devant de la scène, tant que la corruption continue de mener le jeu, tant que les disparités économiques et sociales creusent le fossé et animent l’animosité, tant que les manquements et les délits économiques ne sont pas sévèrement punis, tant que les responsables ne s’acquittent pas de leurs devoirs comme il se doit, tant que les responsabilités de chacun ne sont pas établies, tant que des dispositifs alliant des textes juridiques et des lois en vigueur ne sont pas mises en application, parce que ne l’oublions pas, on ne respecte les lois que lorsqu’on est obligé de le faire, une incivilité en amènera une autre et une violence provoquera une autre.
Au grand malheur des citoyens, ce fléau qui gagne du terrain au dépens de la bonne conduite en société, celle-ci reste démunie et ne sanctionne malheureusement pas des incivilités qui dégénèrent le plus souvent bousculant la sécurité et dégradant, de manière effarante, l’environnement. D’actes anodins, considérés non graves et donc non punis, on peut facilement verser dans des infractions à la loi et des délits qui installent l’insécurité dans la société. Ce qui fait que le sentiment d’injustice et de peur engendre une sorte de haine sociale et de méfiance vis-à-vis des institutions et des lois. Celles-ci mêmes qui sont censées les protéger ne le font pas et cela alimente, par conséquent, l’incivisme et la rage d’arracher ses droits soi-même.
Remise en question et en cause
S’il est dit qu’il n’y a pas de développement sans civisme, il n’y a pas de doute que nous opérons un dramatique recul. Les codes de bonne conduite d’il y a quelques temps encore ont perdu de leur signifiance symbolique et deviennent même caduques. Ce qui tend à dire que tant que le système éducatif est défaillant, tant que les responsables sont démissionnaires, tant que le corps enseignant est malade, tant que les parents ne jouent pas pleinement leur rôle et lèguent l’éducation des enfants à l’école et à la rue, tant qu’on ne fait pas du système éducatif une priorité urgente, tant que le mal n’est pas écuré et éradiqué, tant que la corruption gangrène, tant que l’impunité sévit, tant que le civisme n’est qu’une notion sans pratique, tant que l’Histoire du pays est méconnue par nos rejetons, tant qu’on leur injecte la haine du Maroc, tant qu’on ne revoit pas l’éducation de nos enfants avant le bourrage de crâne qui ne fait que les abêtir, on n’aura que ça: une jeunesse irresponsable, animée par la rage sociale. Après l’éducation, ce sont des lois qui vont redresser les torts à commencer par les pouvoirs publics qui ferment les yeux sur la corruption à en gangréner la société.
N’oublions pas que le civisme est, bien qu’il soit des droits qu’on exige à tort et à travers, est avant tout des devoirs individuels et collectifs dont on doit s’acquitter pour le bien de tous.
Paradoxalement, l’insolence devient courage, l’anarchie devient liberté et l’insensé est perçu comme droit. C’est à croire que, désormais, nous évoluons à reculons et il s’avère urgent de prendre le problème à bras-le-corps. Réhabiliter l’école publique et réaffirmer les fondamentaux est impératif pour ne pas basculer dans un chaos sans fond.