Alger plongé dans le coma, depuis la décision américaine de Décembre dernier
Par Taieb Dekkar*
Nous, marocains, sommes en droit de nous réjouir de la puissance dont le consortium médiatique occidental nous crédite, et les capacités qui nous sont prêtées d’intercepter le téléphone du président de la quatrième puissance mondiale.
En fait, toutes les polices du monde souhaiteraient tout naturellement disposer de ce logiciel israélien, baptisé Pegasus, y compris la France, pour traquer le terrorisme, dont elle est souvent la cible, et pourquoi pas, les mouvements subversifs, qui chercheraient à déstabiliser le pays et à mettre en cause ses valeurs.
Le Maroc, pour sa part, qui est constamment guetté par de redoutables ennemis dans la région, ne s’offusquerait pas de disposer d’une telle technologie, pour défendre ses intérêts, préserver sa stabilité et contrecarrer une éventuelle et potentielle infiltration par les réseaux internationaux de terrorisme, de criminalité et de blanchiment d’argent.
Cependant, le Maroc ne se permettrait pas le luxe d’aller intercepter le téléphone du président d’un Etat ami, avec lequel il entretient d’excellentes relations politiques, diplomatiques et économiques. La France est un partenaire politique privilégié du Royaume, lequel accueille sur son territoire une forte communauté française, qui s’active dans tous les domaines, y compris dans certains métiers d’artisans, comme la boulangerie, avec l’implantation au Maroc d’une célèbre enseigne française. Cela est réciproque pour l’hexagone.
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Entre les deux pays, il n’y a pas de conflit d’intérêts et encore moins de divergences ou de désaccords stratégiques qui justifierait une telle entreprise. Bien mieux, la France compte parmi les fidèles soutiens politiques du Maroc aux Nations unies et à ce titre, elle est constamment l’objet de virulentes et acerbes critiques de la part de nos voisins de l’Est.
Tout naturellement, le Royaume aurait bien évidemment souhaité que Paris franchisse un pas supplémentaire, en se joignant aux Etats-Unis, pour favoriser un règlement politique du dossier du Sahara, sur la base de la proposition d’autonomie marocaine. Le Maroc se satisferait amplement d’une telle initiative qui viendrait simplement confirmer l’engagement qui était celui de la France jusqu’à présent, aux Nations-Unies.
Il y’a quelques semaines, l’Espagne, autre partenaire privilégié du Royaume, avait pris des initiatives de politique extérieure, préjudiciables aux intérêts du Maroc et sans même l’en informer ou le consulter. Implicitement, Madrid avait admis à postériori ses errements diplomatiques, concernant la question du Sahara et avait procédé à un remaniement du gouvernement, lequel a écarté la ministre des affaires étrangères, qui a eu à gérer ce dossier.
On ne peut pas dire que l’Algérie n’avait pas intérêt à ce que les relations entre deux pays se détériorent de la sorte et que Brahim Ghali, le chef des mercenaires, soit utilisé comme une carte pour parvenir à ces desseins. Alger ne s’est toujours pas remise du coma induit par la décision américaine, et manœuvre dans tous les sens pour réunir «un consortium» de «nuisances» pour s’opposer à la décision américaine. L’Algérie qui a toujours accusé Paris de soutenir le Maroc, sur le dossier du Sahara, ne peut que se réjouir d’une éventuelle détérioration des relations entre Paris et Rabat.
Après l’Espagne, qui se remet difficilement d’une crise avec le Maroc, dont elle assume l’entière responsabilité, nous voici devant une nouvelle tentative de déstabilisation de nos rapports avec un allié de longue date. Le consortium médiatique, qui vient ainsi de faire de diffuser un répertoire de 50.000 numéros de téléphone, dont l’existence est formellement démentie par le fabriquant du logiciel, vient en fait conforter les attentes de l’Algérie, qui souhaitait depuis fort longtemps une rupture totale entre le Royaume d’un côté et l’Espagne et la France, de l’autre.
Alger combat également le Royaume sur un autre front : la normalisation avec Israël, qui vient d’intégrer l’organisation panafricaine, comme membre observateur. La normalisation des relations entre le Maroc et Israël constitue un nouveau terrain d’affrontement idéologique avec notre pays, notre voisin de l’Est, seul survivant des pays du « front de la fermeté » (contre la normalisation avec Israël), continuant de clamer ce qui lui reste encore de sa «vocation» de pays «progressiste ».
*journaliste et écrivain