Ramadan : tolérance zéro
Force est de tirer la sonnette d’alarme sur ce phénomène qui prend des dimensions inquiétantes et devient même institutionnel quand le système autoritaire lui-même ne donne pas l’exemple. Les scènes d’incivilité et d’incivisme ne se comptent plus à longueur de journée et s’accentuent pendant le mois sacré.
C’est à croire que pendant le ramadan, en principe, parenthèse de sérénité, de paix, de spiritualité et d’élévation, l’hormone responsable de la colère fait son pic ! Les incivilités minent le moral des jeûneurs et notre quotidien est alors ponctué d’altercations et de scènes de rue où se mêlent impolitesses, provocations et grossièretés ravivées par une touche de mauvaise humeur et de nervosité. Une agressivité stressante principalement causée par le manque de tolérance et l’agressivité des gens, devient presque naturelle de telle sorte que ceux qui assistent à ces scènes quotidiennes d’incivisme et à ces débordements n’y prêtent plus attention.
Derrière le volant, des conducteurs affolés ne conçoivent plus la route comme étant un espace public à partager. Aussi, tout automobiliste, motard, cycliste ou piéton devient encombrant et du coup doit subir toute la bile déversée par le conducteur à défaut de se lancer dans une série d’insultes sans fin où chacun veut avoir le dernier mot. De leur côté, les piétons ont intérêt à faire montre de patience avant d’avoir la chance de tomber sur une voiture qui veuille bien les laisser traverser. Désormais, marcher sur le trottoir s’avère être une aventure périlleuse voire impossible surtout pour des femmes qui sont harcelées et verbalement agressées pendant les heures de pointe. Entre voleurs à la tire et conducteurs impatients, les piétons n’ont d’autre issue que s’accaparer le bout de pavé surélevé et ne pas céder un centimètre du terrain qu’on s’approprie.
La course folle des grands taxis qui ne respectent aucun code de la route nous plonge dans un jeu de voitures tamponneuses. Contournant tout ce qu’elles rencontrent sur le chemin, ces « vaches folles » blanches font que le stress et l’angoisse donnent une sacrée montée d’adrénaline aux clients, aux piétons comme aux conducteurs.
Dans les souks ou les supermarchés, c’est à peine si on ne s’arrache pas les produits craignant qu’il n’y en ait plus. Et à l’épicerie du coin, respecter son tour dans la file relèverait presque de l’impossible. Ainsi, les nerfs sont à vif, tout est motif de malentendu, d’accrochage, d’attaques et d’invectives. Un manque d’éducation, de tolérance et des pulsions agressives émergent au quart de tour et l’égo prend le dessus.
En somme, ce n’est là qu’un prototype de comportements traduisant l’incivisme sous toutes ses formes, dans la capitale économique puisqu’elle est la mieux servie en populations d’origines et de cultures diverses. Des scènes révélatrices d’un mal sociétal qui s’aggrave durant le mois de piété et de sérénité et qui ne se limite pas à une catégorie sociale bien précise. C’est à penser que le sang-froid est plutôt réglé par l’estomac selon qu’il soit creux ou plein.
Bon ramadan à toutes et à tous.