Échéances du 08 septembre: La gauche à l’épreuve des urnes
L’unification des partis de gauche ou leur fusion ou encore la place de ces formations dans l’échiquier politique et à l’issue des élections 2021, autant de questionnements qui se posent aujourd’hui avec insistance à l’approche de la tenue de ce scrutin qui s’annonce très disputé.
Si l’on tient compte des résultats des partis de gauche lors des précédentes élections législatives, les »grands partis » traditionnels (USFP, PPS) et les ‘’partis de gauche de moindre taille’’ composés du parti socialiste unifié (PSU), du parti de l’Avant-Garde Démocratique et Socialiste (PADS) et du parti du Congrès National Ittihadi (CNI), l’on constate que toutes ces formations avaient affiché, lors du dernier scrutin, des scores en nette régression par rapport aux précédentes élections.
Pour améliorer leurs scores électoraux, les partis de gauche multiplient les initiatives dans l’objectif de tisser des alliances ou tout le moins renforcer leur coordination autour d’un programme commun. Mais pas toujours selon la même tactique. Car, si les partis traditionnels de la gauche cherchent à coordonner leurs actions ou même à nouer des alliances avec d’autres formations n’appartenant même pas parfois à leur famille politique, il n’en reste pas moins que les partis de gauche de moindre taille n’arrivent toujours pas à resserrer leurs rangs dans le cadre d’une fédération de gauche et ce, après la récente décision du PSU de se retirer de ce »bloc ».
Par ailleurs, « la déroute électorale » des partis de gauche et l’échec du projet visant à rassembler toutes les formations de cette famille – à cause vraisemblablement de dissensions internes d’ordre organisationnel – posent la question de leur capacité ou pas de renouer avec les succès électoraux, surtout après les amendements de la loi électorale, notamment avec la révision de la méthode de calcul du quotient électoral.
Pour le député socialiste Chokrane Amam (USFP), le challenge posé devant les partis de gauche est leur capacité à susciter de nouveau l’intérêt des électeurs pour leur programme et leur vision du changement dans le pays.
‘’Il est pour moi très improbable de parler d’un programme de gauche unique à même de changer la donne dans une conjoncture politique marquée par la montée du populisme et le pouvoir de l’argent ainsi que l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques et politiciennes. Mais il n’en demeure pas moins que l’héritage en commun des partis de gauche est à même d’aider à transcender les divisons et de se projeter dans l’avenir’’, estime-t-il dans une déclaration à la MAP.
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Pour l’ancien président du groupe parlementaire de l’USFP à la chambre des représentants, le défi à l’heure actuelle est de renforcer la présence des partis de gauche dans les institutions en vue de contribuer à l’essor du pays et son progrès dans une nouvelle dynamique démocratique. Sur la place de son parti dans l’échiquier partisan de gauche, il considère que ‘’cela est défini par la réalité présente, son passé et forcément son avenir’’, avant de noter que ‘’l’USFP est une sorte de locomotive pour les partis de gauche’’.
Tout en faisant observer que les réalités politiques actuelles ne permettent pas d’évoquer les alliances possibles, ce jeune député souligne que »la logique politique – s’il en existe une – suppose que les alliances sont définies selon les valeurs et les projets portés en commun par les partis de gauche et tous les autres acteurs qui partagent avec notre parti la même vision du Maroc de demain et le même souci de changement et de réforme ».
Et d’assurer qu’il n’existe pas un militant de gauche qui ne rêve pas d’un grand parti socialiste et ne souhaite de ses vœux l’unification tant attendue des partis de gauche mais cela, tient-il à faire remarquer, est tributaire d’un nombre de concessions et aussi le dépassement des égoïsmes.
‘’Seules la modestie politique et l’acceptation de l’autre, qualités propres aux militants de gauche, sont à même de favoriser un débat serein et apaisé’’, préconise-t-il pour en finir avec les querelles intestines qui restent très souvent, selon lui, causées par des divergences entre personnes et des ambitions contrariées.
Et d’ajouter que ‘’La réalisation du rêve d’un grand parti socialiste ne devrait pas être à la merci des humeurs des certains dirigeants politiques’’. D’où, pour lui, la nécessité de multiplier les rencontres-débat sur les plans local et national pour débloquer la situation et en finir à jamais avec les polémiques stériles.
‘’Au final, le rêve d’un grand parti socialiste est le rêve d’une nation’’, souligne-t-il, avant de recommander patience, sacrifice et concessions pour favoriser la matérialisation de ce ‘’rêve’’.
De son côté, Le Secrétaire général du parti du Congrès National Ittihadi, une des composantes de la fédération de gauche démocratique (FGD), Abdessalam Laâziz, indique que la fédération de gauche n’est pas parvenue au but de la fusion et de l’intégration de toutes ses composantes avant les prochaines élections, contrariant ainsi les souhaits des militants et dirigeants des partis la composant.
Il explique cela par des considérations objectives liées à la pandémie et d’autres subjectives, inhérentes aux hésitations de certains qui voulaient reporter ce projet de fusion à l’après-élection.
Et de faire savoir que le PADS et le CNI participeront aux élections sous la même bannière ‘’Coalition de la Fédération de Gauche’’ avec des listes communes comme cela est inscrit dans les amendements de la loi électorale révisée.
Il a tenu à relever que les deux partis s’engageront dans ce scrutin dans une démarche participative et non centralisée. Ainsi, il a été décidé de mettre sur pied des comités de coordination aux niveaux local, provincial et régional de la Fédération. Une gestion démocratique qui concerne le choix des candidats et des têtes de listes.
Il a aussi fait état de la constitution de commissions thématiques portant, entre autres, sur le programme local, la logistique ou encore les médias et la communication, se félicitant des avancées réalisées dans les travaux au niveau de toutes ces structures et ce, grâce à l’implication des militants et leur rigueur. Il cite pour preuve le consensus obtenu au sujet de la désignation des candidats et leur ordre dans les listes, concédant, néanmoins que »Certaines commissions ont été confrontées à des difficultés dans certaines circonscriptions, ce qui est tout à fait normal et sain dans une démocratie ».
Et de soutenir que le fait que les deux partis accordent de larges prérogatives à leurs structures locales représente un tournant dans la gestion des prochaines élections, avant d’assurer que tous les militants sont impliquées et associés dans la préparation des élections.
Abdessalam Laâziz pense, par ailleurs, que »le retrait du PSU de la Fédération de gauche balise le chemin vers la tenue d’un congrès fédérateur rassemblant le PADS et le CNI ainsi que d’autres composantes et militants de gauche ».
Interrogé sur l’impact de l’échec de la fusion de toutes les composantes de la fédération de gauche lors des toutes prochaines élections, il reste confiant et table sur de meilleurs scores par rapport aux précédents scrutins et ce, grâce au travail fait en amont par les structures locales des deux partis ainsi que la commission des élections, soutient-il.
Allant même jusqu’à prédire une percée de l’alliance du PADS et du CNI dans certaines circonscriptions à la fois dans les élections locales, régionales et législatives, expliquant cela par le fait que le projet ainsi que les candidats de la fédération de gauche ont recueilli lors du précédent scrutin »une sympathie palpable » de la part de nombreux citoyens.
Cela dit, »la remondata » de la gauche’ après son recul lors des élections de 2016, reste avant tout tributaire de son unité et de l’amélioration de son score, gage de son repositionnement futur dans l’échiquier politique et d’une meilleure représentativité sous la coupole du parlement, particulièrement à la chambre des représentants.
Cela reste aussi tributaire du programme porté par les partis de gauche et la crédibilité de leur offre, dans un contexte dominé par les incidences socio-économiques provoquées par l’épidémie de Corvidé-19 et aussi la difficile mission pour les partis de convaincre et surtout inciter les électeurs à tourner la page de la désaffection politique.
(Par Khadija Tahiri)
( Avec MAP )