Alger préférerait des pertes humaines supplémentaires à l’assistance marocaine
Par Taieb Dekkar*
La « plus grande puissance » du Maghreb, d’Afrique, voire du monde, «qu’on le veuille ou non» (l’adage est de Chengriha), ne dispose pas d’un seul canadair, pour éteindre les feux de forêt et préférerait la propagation des incendies et la disparition de vies humaines supplémentaires à l’assistance humanitaire manifestée par le Royaume du Maroc.
Elle s’adresse à des pays européens, alors que le Royaume du Maroc avait, le premier, offert les services de deux canadairs à l’Algérie, en urgence, pour participer aux opérations d’extinction des feux de forêt, d’autant plus que le Royaume, bien qu’il soit en conflit permanent avec ce voisin pathétique, se situe dans le voisinage immédiat de ce pays et sa flotte serait entrée en opération immédiatement.
Le Maroc, sans ressources du sous sol, sans pétrole et sans gaz, dispose de cinq canadairs, alors qu’un pays plus vaste, qui compte plus de deux millions de kilomètres carrés, exposé de manière cyclique aux feux de forêt, n’en a aucun.
C’est dire l’incompétence des gouvernants successifs d’Algérie, voire l’imprévoyance des stratèges d’Alger, plus aptes à mobiliser des moyens colossaux du peuple algérien pour des causes perdues d’avance, comme la chimérique république Sahraouie, qui n’existe que dans les manuels scolaires d’innocents enfants algériens et les cartes topographiques utopiques d’une armée, qui se présente à tort, comme «digne héritière de l’armée de libération nationale».
Cette dernière n’aurait pas hésité une seconde à se réjouir de la solidarité manifestée par le Maroc, dans des circonstances douloureuses de grande urgence, en dépit de la trahison manifeste de la junte algérienne et de ses manœuvres permanentes pour diviser un pays voisin. Plus grave, les commandes fréquentes d’armement sont financées par l’argent du peuple algérien, alors que ces investissements auraient pu servir à l’achat de canadairs, plutôt que des Mig russes, immobilisés dans les aéroports militaires et exposées au vieillissement.
Les incendies de forêt, qui ravagent l’Algérie, provoquent naturellement la solidarité du Royaume qui déplore les pertes humaines et matérielles enregistrées par le peuple algérien frère. Toute tentative de conférer une connotation politique à l’assistance humanitaire marocaine relèverait de la supercherie politique et de la fuite en avant d’un système de gouvernance disqualifié, qui a montré ses défaillances, son incompétence, et ses limites, un système dans tous les cas, décrié par le peuple algérien lui-même. Et ce n’est pas la presse algérienne qui va redorer son blason.
Le pouvoir politique algérien, depuis le dictateur Boumediene, propose au peuple algérien une recette magique pour se maintenir au pouvoir : la glorification de la lutte de libération, une lutte déclenchée quelques mois seulement après la proclamation de l’indépendance du Maroc, et après 130 ans d’occupation française, elle-même précédée de 350 ans d’occupation ottomane. La longévité de l’occupation étrangère est une des raisons principales de la glorification de la lutte pour l’indépendance. Avant, rien !!!
Le Royaume, par la voix de son Roi, a réitéré la main tendue à l’Algérie, sans condition, et apporté la preuve de sa volonté de normaliser ses rapports avec l’Algérie, en proposant la participation aux efforts de lutte contre les incendies de forêt et en envoyant un message de condoléances au président algérien. Arrogante et têtue, l’Algérie a décidé de retenir et de diffuser officiellement le message de condoléances du Polisario, entité avec laquelle, sans vergogne, elle a récemment effectué le bornage «virtuel» de ses frontières. Lors des obsèques du dictateur Boumediene, lequel a semé la division et la discorde au Maghreb –il y’a lieu de le souligner- Alger, comme aujourd’hui, avait refusé la participation du premier ministre marocain, Ahmed Osmane, aux obsèques. Elle avait également diffusé un message de condoléances émanant de la représentation de l’USFP à Paris, et refusé celui de la direction officielle du parti à Rabat. La représentation de Paris comptait à l’époque des opposants.
*journaliste et écrivain