Le gouvernement Akhannouch ou le pari de la différence
Avec le nouveau chef de gouvernement désigné, les choses iront plutôt rapidement, du moins c’est l’impression que nous avons après le premier round des tractations et la décision tranchante du PAM et du PI d’être dans le gouvernement.
D’autant plus que ces trois partis ont annoncé, vendredi 17 septembre, une alliance tripartite transversale et globale au niveau des conseils élus : conseils régionaux, mairies et conseils communaux. Et sans jouer aux devinettes, cette alliance annonce, à coup sûr, la configuration du prochain Exécutif qui sera constitué certainement de la coalition gouvernementale de leurs partis respectifs. Ce soir donc ou demain, certainement, nous dira à quoi ressemblera l’équipe Akhannouch si les concernés s’accordent sur les portefeuilles ministériels avec les contours qui se dessinent dès à présent. Une coalition autour d’un même programme inspiré principalement par la feuille de route de la CNSD de Chakib Benmoussa.
Moyennant quoi, en version réduite, la transformation du paysage politique sera flagrante avec un nouvel Exécutif ramassé et composé de seulement trois partis politiques. Ce qui s’offre à nous, aujourd’hui, est la belle illustration que nous assistons à une dépolarisation de l’échiquier politique puisque, d’un côté, nous avons un grand pôle de grandes formations et en face, un groupement qui sera appelé à jouer l’opposition dans l’harmonie.
Espérons juste que les partis n’imposeront pas les vieux routiers qui ont hérité de fauteuils douillets pour longtemps sans qu’ils ne marquent de leurs empreintes des passages et des mandats qui nous ont légué des boulets qu’on traînera pour plusieurs années encore. Qu’ils donnent leur chance aux jeunes qui peuvent apporter du sang neuf comme demandé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Toutefois, la présence de quelques sages est souhaitable pour combler le manque d’expérience de ces jeunes et éventuellement, atténuer et raisonner leur fougue.
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De toute façon, l’évidence est là : nous vivons une ère exceptionnelle, dynamique et exaltante. Les Marocains sont en attente et le nouveau gouvernement n’a pas droit à l’erreur. Nous avons besoin d’un Exécutif efficient, éthique et non pléthorique. Et celui en cours de formation a le malheur d’hériter des erreurs de plusieurs gouvernements dont les dégâts et impacts s’enfilent. Sachant que les deux mandats du pjd et leurs dommages et retards sont à marquer d’un fer rouge puisque celui-ci avait accédé aux pouvoirs exécutif et législatif, muni d’une nouvelle Constitution (2011) et pouvait opérer le changement exigé. Mais le cumul des déceptions était le lot des citoyens. L’Istiqlal, lui, traîne toujours des casseroles notamment l’échec du système éducatif et les Marocains ne sont pas près d’oublier qu’il ne peut montrer patte blanche dans l’état catastrophique de l’enseignement et de l’école publique au Maroc. Le PAM, quant à lui, n’a jamais été dans le gouvernement aussi œuvrerait-il pour être à la hauteur.
Aujourd’hui, si on se fie aux déclarations des trois partis qui évoquent leur souci de renforcer la moralisation de la vie politique en total respect de la volonté populaire exprimée par les urnes, le 8 septembre dernier, on ne peut qu’être optimistes mais d’un optimisme prudent. Cette moralisation publique qui a toujours été l’exigence suprême de la démocratie. Les enjeux sont énormes et le pays a fort besoin d’un gouvernement d’ « union nationale » à hautes compétences et à grande probité, un gouvernement qui travaillera en harmonie, un Parlement fort et un chef de gouvernement qui n’acceptera ni la dispersion ni le clanisme avec l’exigence d’une harmonisation de la politique gouvernementale qui supposera désormais des politiques et des décisions cohérentes. Ce sera donc une gouvernance de blocs dans l’harmonie où l’intérêt national sera prioritaire. Telle est la configuration idéale mais le chef de gouvernement peut intégrer l’UC et le MP, les deux partis traditionnels et faisant toujours partie des meubles.
Or pour une démocratie en bonne voie pour se parfaire, il est indispensable d’avoir un pouvoir d’une opposition forte et constructive comme l’USFP pour reprendre son vrai rôle appuyé par un PPS qui n’a plus voix au chapitre dans la majorité gouvernante.
Aujourd’hui, nous avons besoin d’un gouvernement qui puisse se faire remarquer dans l’histoire du Maroc, un gouvernement de bonne foi pour faire face aux défis du post-covid et des défis externes.
Et franchement, de bons signes pointent à l’horizon nous redonnant l’espoir d’un meilleur gouvernement pour un Maroc meilleur. Preuve en est que lors des deux derniers mandats on avait l’impression que le Roi et le peuple étaient très en avance par rapport à un gouvernement qui traînait les pieds, hormis quelques ministres sortant du lot. Aujourd’hui, c’est d’une autre trempe et c’est une période charnière. Aziz Akhannouch, qui a les qualités d’un businessman aguerri et averti, est certainement conscient qu’il a du pain sur la planche et qu’il est attendu au tournant par des Marocains qui ont dit leur mot par les urnes, aspirant au grand changement et qui de par le nombre des voix qu’il a obtenu n’a pas le droit de décevoir son électorat. Ainsi a-t-il intérêt à se faire entourer d’une bonne équipe de gestionnaires, des meilleures compétences avec l’exigence de la reddition des comptes, fondamentale dans la gouvernance. Ce nouvel Exécutif, orchestré d’une main de maître, dans un bon environnement politique pourrait faire mieux que ses prédécesseurs et s’emploiera à mettre en œuvre la feuille de route royale issue du rapport de la Commission Spéciale pour le Nouveau Modèle de Développement en capitalisant sur le travail fait par la Commission afin d’avancer sur de bonnes bases et avec des objectifs bien fixés selon une vision stratégique. D’autant plus que rien ne devrait les empêcher de s’entendre sachant qu’ils sont de la même orientation politique ou presque.
De toute manière, le nouveau chef de gouvernement a une lourde mission qui lui a été confiée par les urnes et semble déterminé à relever les défis qui l’attendent. On a toutes les raisons d’être optimistes et nous espérons un bon décollage économique et social pour notre pays. Et puis, n’oublions pas que dans la plupart des grandes démocraties du monde, ce sont les hommes d’affaires qui tiennent les commandes. D’ores et déjà, le gouvernement Akhannouch, fera ou ne fera pas le changement.