L’intelligence économique pour la promotion d’une éducation positive et citoyenne
Par Yassir LAHRACH (*)
L’éducation constitue l’un des investissements les plus sûrs qu’un pays puisse faire pour son avenir. Pour ce faire, l’Intelligence économique (IE) dans la définition et la mise en œuvre d’une politique publique réussie, en matière d’éducation, s’avère être d’un énorme apport.
En effet, les bonnes pratiques liées à l’IE doivent permettre à tout Etat de disposer d’informations intelligentes, pour une bonne prise de décisions et l’obtention des meilleurs résultats, en termes, principalement, de prestation de services publics d’éducation.
Qu’est-ce que l’Education ?
« L’éducation, c’est la famille qui la donne ; l’instruction, c’est l’Etat qui la doit », disait Victor Hugo.
Aussi et selon le philosophe John Rawls et l’économiste Amartya Sen, deux grandes figures de la pensée internationale, ceux-ci considèrent que « l’éducation contribue à créer et à accroître, chez les individus le respect d’eux-mêmes, à renforcer leur autonomie et à garantir la cohésion sociale.»
Ces citations de ces prodiges écrivains sous-entendent qu’une bonne part de l’éducation est inculquée dans les foyers, alors que le reste s’opère dans une moindre mesure, dans les établissements scolaires, dans les endroits publics, voir même dans les différents milieux professionnels, tant publics, que privés. Ce qui favoriserait un attachement au groupe et une participation à une vie sociale citoyenne et patriote.
Dans une autre perspective, ce terme d’éducation peut revêtir plusieurs sens et ainsi, embrasser différentes sphères, d’où l’existence de l’éducation, notamment, familiale, préscolaire, périscolaire et parascolaire, religieuse et interreligieuse, citoyenne et patriote, culturelle et interculturelle, physique et artistique, musicale, sportive, financière, sécuritaire, environnementale, civique, sociale et populaire.
Sauf que finalement, il n’existe qu’une unique approche globale pour appréhender l’éducation, à travers la connaissance et la pratique des bonnes manières, des usages de la société. Il suffit donc de respecter autrui dans tout contexte : c’est la civilité et le savoir-vivre.
Quelle évaluation de la politique publique de l’éducation ?
Grâce aux orientations éclairées de Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu l’Assiste, la Charte de l’éducation-formation a été adoptée, au lendemain de son accès au glorieux trône alaouite, conférant ainsi au chantier des réformes éducatives le rang de priorité nationale.
Ensuite, la Constitution de 2011 a réservé, à travers ses articles 31 et 168, une place bien particulière à l’éducation.
C’est ainsi que « l’Etat, les établissements publics et les collectivités territoriales œuvrent à la mobilisation de tous les moyens disponibles pour faciliter l’égal accès des citoyennes et des citoyens aux conditions leur permettant de jouir du droit ….. : à une éducation moderne, à l’éducation sur l’attachement à l’identité marocaine et aux constantes nationales immuables, à l’éducation physique et artistique. » (Art.31)
Cette loi suprême n’a pas manqué non plus d’instituer un Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, une haute Instance nationale, habilitée à « émettre son avis sur toutes les politiques publiques et sur toutes les questions d’intérêt national concernant, entre autres, l’éducation ». (Art.168)
Chose qui traduit toute la volonté du Maroc à promouvoir l’éducation dans son sens le plus large et à en faire un modèle africain et régional.
Aujourd’hui, des réformes structurantes du système d’éducation n’ont cessé d’être entreprises, marquées, par des résultats positifs très palpables, singulièrement, avec un taux maximal de scolarisation (100%) ou encore par un système éducatif qui a merveilleusement assuré la continuité de l’école tout au long de cette crise pandémique.
Certes, il y a encore du chemin à faire mais la feuille de route nationale, telle que récemment revue, est parvenue à cerner, convenablement, les pourtours d’un modèle socialement viable et économiquement durable.
Une politique nationale de l’éducation, à affiner davantage
Il faut, inéluctablement, commencer par sensibiliser et impliquer les parents, les tuteurs légaux et les enseignants, en vue de remplir, convenablement, leur rôle de bons pères de familles, d’éducateurs et de veilleurs, à travers, notamment, l’ancrage de principes de citoyenneté, de patriotisme, de loyauté, d’éthique et de respect.
De manière plus explicite, la réussite de cette politique demeure tributaire d’une implication effective et profonde de tous les citoyens.
Il est aussi important de souligner que le management d’information stratégique est un facteur clef de succès ou d’échec pour tout Etat.
Il est donc nécessaire, pour toute Nation, d’avoir la capacité et les outils nécessaires pour évaluer les tendances de l’éducation et les indices de changement de l’environnement numérique, social, économique et sociétal, sur les plans national, continental et mondial, dans le but d’anticiper et de rester toujours extrêmement innovant.
L’Intelligence économique apparait donc, dans le prisme de l’éducation, comme un véritable moteur de développement capable d’améliorer l’agilité, de réduire la paralysie de tout pays, de prendre des décisions stratégiques et surtout de trouver des solutions opérationnelles innovantes, permettant d’anticiper et de réagir en temps opportun.
D’où l’appel que je lance au prochain gouvernement, afin de veiller à inscrire dans sa feuille de route, un programme de sensibilisation en matière d’éducation, destiné au grand public et idéalement construit, sur la base d’une démarche d’Intelligence économique.
Les Nations, confrontées à une problématique commune de l’éducation
Que cela concerne le système éducatif traditionnel (écoles primaires, secondaires et supérieures et universités) ou encore l’éducation des adultes, les besoins mutent, sans cesse, au gré de crises qui se multiplient, jour après jour.
Nous l’avons, d’ailleurs, bien vécu après le développement du cyberespace et du numérique où les échanges se font en abondance et où l’éducation s’internationalise, souvent déperdu de toute morale et en l’absence d’un cadre juridique mondial, à même d’uniformiser un environnement favorable à l’éducation, sous ses différentes formes.
Certes, l’OCDE, la banque mondiale et l’UNESCO, en tant qu’organisations internationales, diffusent un certain nombre de préconisations en matière d’éducation mais selon des analystes, fins connaisseurs de ce domaine, ces recommandations sont en déphasage avec un monde qui a tendance à obéir à de nouvelles règles, marqué par un mode de management public, en subite mutation, infiniment rapide et continue.
Apports de l’Intelligence économique pour booster l’éducation
L’affinement du cadre légal actuel s’avère nécessaire. Cela contribuerait à promouvoir une éducation adaptée aux différents contextes, réduirait la marge d’incertitude dans le choix de la politique publique de l’éducation la plus pertinente, permettrait d’élire des responsables, stratèges et agiles, pour concevoir une politique publique réussie et mettrait, finalement, l’information stratégique au service du développement tactique du pays.
Ce sont là quelques principes d’Intelligence économique qui permettraient, indubitablement, la promotion de l’éducation, dans n’importe quel environnement – imprévisible, incertain et complexe – y compris lors de cette crise pandémique.
Etant précisé que l’organisation d’une démarche de veille d’Intelligence économique ne nécessite pas, forcément, la mise en place d’une structure lourde et coûteuse en moyens humains et financiers.
Un tel dispositif, peu couteux, centralisé au niveau du Ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ne solliciterait que la mobilisation de quelques ressources humaines qualifiées et la disponibilité d’une plateforme technologique adaptée à cet effet.
Le Maroc, un leader africain en matière d’éducation
Bien que le Rapport sur le nouveau modèle de développement a bien relevé les aspirations des citoyens en matière d’éducation, celui-ci a, par contre, omis de se consacrer à un point très important, à savoir celui de la nécessaire implication, effective et vigoureuse, de tout individu dans l’atteinte de ces aspirations.
Toutefois, le Royaume a réussi à construire, localement, un paysage très diversifié et riche en matière d’éducation, notamment, en encourageant les partenariats publics-privés, aussi bien nationaux qu’étrangers.
Aujourd’hui, sa maturité lui prévaut de s’imposer, en tant que pôle éducatif continental. C’est d’ailleurs le cas, où de nombreux africains ont poursuivi et/ou poursuivent leurs études supérieures au Maroc et parmi lesquels, certains ont même accédé à de hautes fonctions administratives et politiques dans leurs pays respectifs.
De plus, dans le cadre de sa diplomatie culturelle, notre pays octroie, chaque année, des centaines de bourses d’études universitaires pour des ressortissants africains.
Sinon et rien qu’en début d’année (20 janvier 2021), le Maroc a pris l’initiative de plaider devant l’Union africaine pour une stratégie africaine, à même d’assurer une accessibilité à l’éducation pour les populations africaines.
Bon courage au prochain Gouvernement pour une plus forte promotion de l’Education, un domaine qui s’avère être la principale clef de réussite des différentes politiques publiques : politiques, socio-économiques, judiciaires ou encore sécuritaires.
(*) Docteur en droit/Expert en Intelligence économique/Analyste en stratégie internationale