Les événements d’Al Hoceima au centre d’une rencontre de communication avec les instances des droits de l’Homme et de la société civile
Les événements qu’a connus la ville d’Al Hoceima et les programmes de développement lancés dans la région, ont été, jeudi à Rabat, au centre d’une rencontre de communication, organisée par le ministère d’Etat chargé des Droits de l’Homme avec les associations et les instances de la société civile.
A cette occasion, le ministre d’Etat chargé des Droits de l’Homme, Mustapha Ramid, a indiqué que cette rencontre, à laquelle ont pris part des représentants des départements ministériels chargés des programmes de développement à Al Hoceima, vise le partage des informations et des données, la révision et la correction des évaluations et la présentation de propositions susceptibles de contribuer à l’élaboration d’une vision commune des solutions possibles, afin de dépasser la situation actuelle, ajoutant qu’elle reflète aussi une implication dans la mise en œuvre du principe de la participation, de l’écoute et du dialogue, avec toute transparence, responsabilité et esprit patriotique.
M. Ramid a précisé que le gouvernement a suivi les différents rapports, communiqués et déclarations des différents acteurs sur les événements d’Al Hoceima, et a relevé qu’ils comportent très souvent des diagnostics, des conclusions et des déductions qui diffèrent au niveau de leur conformité aux faits et aux événements du point de vue du gouvernement.
Il a, en outre, souligné la Haute sollicitude dont SM le Roi entoure la région d’Al Hoceima depuis Son accession au Trône de Ses glorieux ancêtres, à travers les visites effectuées ou les chantiers de développement lancés par le Souverain, ainsi que Son souci d’assurer le suivi du développement de la région et de satisfaire les revendications de la population, comme l’a affirmé SM le Roi à l’occasion du conseil des ministres qu’Il a présidé le 25 juin dernier, et lors duquel le Souverain a donné Ses Hautes instructions pour établir un rapport sur les causes du retard dans la réalisation des projets qu’Il a lancés et déterminer les responsabilités.
Concernant la mort de Mohcine Fikri, qui a constitué le début des protestations, le ministre a expliqué que les résultats des enquêtes et des poursuites effectuées par les autorités compétentes n’ont pas eu l’intérêt qu’elles méritent, même si elles ont révélé des faits attestant que Fikri a trouvé la mort par erreur suite à un geste involontaire d’un ami, comme l’a confirmé l’examen des enregistrements des caméras de surveillance installées sur les lieux, et qui ont été utilisés lors des enquêtes et le procès pénal en première instance, ajoutant que les autorités publiques continuent d’être accusées de son meurtre malgré toutes les données de l’enquête et du procès.
M. Ramid a, aussi, fait remarquer que pendant cinq mois, pas moins de 500 manifestations et rassemblements ont été organisés, au cours desquels aucun usage de la force de la part des autorités n’a été enregistré, ces protestations ayant été traitées avec sagesse et retenue, étant donné que le droit de manifester est garanti par la Constitution et la loi.
Malgré le caractère pacifique de la plupart des protestations et des sit-in, M. Ramid a estimé que certaines manifestations ont été marquées par des actes de violence contre les forces de sécurité, ayant fait des blessés à divers degrés dans leurs rangs, surtout lors d’une marche organisée à Imzouren qui a fait des blessés parmi les forces de l’ordre et d’importants dégâts matériels, ainsi que plusieurs blessés parmi les citoyens protestataires.
Il a affirmé que si l’Etat a le devoir de veiller à la réalisation du développement, il y a aussi l’obligation des autorités de faire respecter la loi et d’assurer la protection des personnes, des biens et des institutions, tout en veillant à garantir le droit de manifester pacifiquement, de la liberté d’expression et de rassemblement dans le cadre de la loi, soulignant que les autorités sont aussi obligées sur les plans constitutionnel, juridique et des Droits de l’Homme de veiller à la primauté de la loi et de garantir la stabilité, la sécurité et la paix.
S’agissant des personnes arrêtées, le ministre a indiqué que le ministère public a veillé à contrôler toutes les procédures de l’enquête pénale et à en assurer la conformité aux lois, ainsi qu’à accorder à l’ensemble des personnes en détention les droits qui leur sont conférés par la loi, dont le droit de contacter leurs avocats conformément aux dispositions prévues par l’article 66 du code de procédure pénale, précisant que des autorisations ont été remises à tous les avocats ayant présenté des demandes à ce sujet.
En ce qui concerne les allégations selon lesquelles certaines personnes arrêtées auraient été victimes de violence et de torture, M. Ramid a affirmé que les mesures juridiques nécessaires ont été prises au sujet de tous les prétendus cas, ajoutant que chacun de ces cas a fait l’objet d’examens médicaux (66 examens médicaux) et des enquêtes nécessaires pour vérifier la véracité ou non de ces faits.
Il a aussi indiqué que les mesures juridiques appropriées seront prises dès la fin de l’enquête à propos de ces cas ainsi que des rapports d’expertise médicale réalisés sur demande du Conseil national des droits de l’Homme, et qui ont été soumis récemment aux autorités judiciaires compétentes.
Le ministre a, par ailleurs, rappelé les réalisations en matière de développement ainsi que les chantiers ouverts pour la promotion des droits économiques et sociaux dans la région, signalant que le budget global alloué à la réalisation des projets de développement programmés est estimé à près de 9,9 milliards de DH, répartis sur 522 projets (286 en cours de réalisation et 236 en cours de lancement) dans 14 domaines.
M. Ramid a soutenu que la méthodologie de travail pour le traitement des problèmes de la province d’Al Hoceima deviendra un modèle en la matière pour le traitement des problèmes dans le reste des régions, ce qui renforcera la concrétisation effective, dans les délais impartis, de l’ensemble des projets de développement dans les différentes régions et en assurera le suivi nécessaire.
Il a ajouté que les pouvoirs publics ont veillé à mener des initiatives de dialogue et des campagnes de sensibilisation quant à l’importance des projets de développement programmés dans la région, notant que le ministère de l’Intérieur a ouvert un dialogue avec les élus et les acteurs politiques, syndicaux et associatifs, tout en insistant sur l’approche de développement prônée par l’Etat au niveau de la province d’Al Hoceima, sans oublier les visites de terrain effectuées par la délégation ministérielle dans la région.
S’agissant du secteur de l’équipement et des infrastructures, le chef de cabinet du ministre de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, a donné un aperçu sur les projets réalisés ou en cours de lancement dans le cadre du programme «Al Hoceima Manarat Al Moutawassit», en particulier en matière de routes, de ponts, de ports, de sécurité et de contrôle des points frontaliers, de mise à niveau du réseau de lutte contre les incendies, d’approvisionnement en eau et de protection contre les inondations.
Dans le secteur de l’agriculture et de la pêche maritime, le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts a noté les progrès dans la réalisation de la convention «Al Hoceima Manarat Al Moutawassit» avec une enveloppe de 320 millions DH jusqu’à 2019, qui comprend la plantation de 8.700 hectares d’arbres fruitiers dans le cadre du «Plan Maroc Vert», la réalisation de pistes rurales dans le cadre du Fonds de développement rural, outre le lancement d’un nouveau programme supplémentaire pour la plantation d’arbres fruitiers sur 10.000 hectares sur une période de quatre ans à partir de 2018.
Concernant le secteur de la santé, le directeur des équipements et de la maintenance au ministère de la Santé a rappelé les projets programmés dans le cadre de la convention « Manarat Al Moutawassit », dont la construction du nouvel hôpital provincial d’une capacité de 250 lits, la mise à niveau et l’équipement des structures médicales de la province, l’équipement du centre régional d’oncologie et la construction et l’équipement de cinq centres médicaux de proximité.
Dans le secteur de l’enseignement, la directrice de communication au ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a relevé la mise sur pied de plusieurs écoles communautaires et primaires, de lycées collégiaux et qualifiants et d’internats, outre la création d’un noyau universitaire et de deux instituts de technologie appliquée.
De leurs côtés, les différentes instances de la société civile, ayant pris part à cette rencontre, ont appelé à accélérer la réalisation des projets de développement lancés dans la région, particulièrement dans le domaine social et à engager un dialogue responsable avec les citoyens.
Elles ont aussi insisté sur la nécessité de respecter les droits des manifestants et des détenus et de leur accorder toutes les garanties juridiques et constitutionnelles d’un procès juste et équitable et d’oeuvrer à mettre fin à la situation de tension qu’a connue la province d’Al Hoceima.