L’espace devenu un terrain de plusieurs enjeux (expert)
Dans un monde en mutation profonde, l’espace est devenu un terrain de plusieurs enjeux que ce soit économique, scientifique, militaire ainsi que géostratégique, a affirmé l’universitaire et géo-politologue Cherkaoui Roudani.
La course déclenchée vers l’espace déterminera le sort d’un rapport de force qui établira de nouvelles doctrines politiques, économiques et militaires qui détermineront l’influence stratégique des États, a souligné M. Roudani dans une analyse publiée sur le site d’information « Revues conflits« , mettant l’accent sur un changement sans précédent des paradigmes de la puissance.
Les États puissants sont en quête d’un renforcement d’une « souveraineté extraterritoriale » afin d’asseoir leur suprématie et, de fait, d’avoir des relais de rééquilibrage stratégique, a-t-il dit, estimant que la doctrine spatiale américaine rythmera les relations internationales.
Outre les enjeux géostratégiques de l’espace et les champs de la concurrence qui sont dans son sillage, le monde dans les 20 années prochaines se construira, entre autres, autour de la coopération internationale spatiale, a fait valoir l’expert, expliquant que les ambitions spatiales des États ne riment pas parfois avec le besoin stratégique que demande une éventuelle exploration et exploitation des matériaux critiques et stratégiques qu’engrange l’espace et particulièrement la lune.
Cette dernière deviendra un espace géopolitique d’une course aux étoiles en fonction des capacités opérationnelles des forces qui prétendent à l’hégémonie dans ce domaine, a poursuivi M. Roudani, relevant que s’il est certain que le développement de l’arme nucléaire a transformé le monde, l’espace sera à l’évidence le prochain nouveau terrain de compétition spatiale.
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Selon lui, l’espace est le futur terrain d’une compétition économique qui va sceller la domination dans un certain nombre de domaines stratégiques dont notamment la défense, l’aéronautique, les technologies spécifiques aux lanceurs, la surveillance et systèmes orbitaux.
Les stratégies spéciales déjà existantes, ajoutées à celles qui sont en cours d’élaboration, vont modifier la perception de la puissance de certains États, principalement les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Union Européenne, a soutenu M. Roudani, précisant que cette compétition acharnée restera asymétrique compte tenu des moyens déployés pour tracer les futures frontières spatiales.
Sur le plan économique, l’intérêt est aussi grand, ce qui confère à la conquête spatiale une importance considérable, a-t-il encore dit, faisant observer que la possibilité de faire de nouvelles découvertes de ressources naturelles, avec toutes les conséquences probables sur les progrès techniques futurs, synonymes de puissance, exacerbe les tensions et justifie les actions des différents acteurs pour atteindre leurs objectifs.
C’est dans cette perspective que s’inscrit, à titre d’exemple, le projet de « ESA » (European Spatial Agency) qui vise à créer, à l’horizon 2030, la station orbitale « Lunar Orbital Plateforme Gateway« , qui est une sorte de station-passerelle de ravitaillement sur la lune, a noté l’expert.
Il a, en outre, estimé que dans un futur plus ou moins proche, il ne serait pas étonnant de voir surgir des bases militaires sur la lune avec tout ce que cela suppose comme nouveaux types d’armements.
À cet égard, la création d’un « US Space Force » fondé sur la nouvelle doctrine « Space Power » constitue assurément un signe annonciateur de la future configuration géopolitique et stratégique qui redéfinira les concepts de puissance et d’influence dans les relations internationales, a-t-il conclu.
( Avec MAP )