Tunisie, Lybie, Algérie…un Maghreb malade dans un monde chaotique
Trois pays voisins, trois situations politiques différentes mais un point commun ; l’extrême fragilité politique et socio-économique dans ces trois pays et des populations désemparées.
Une décennie se serait écoulée depuis 2011. Le Maghreb n’est pas ressorti vainqueur du printemps arabe ni au plan national, ni au plan international. D’aucuns diront que les mouvements populaires de fond qui exprimaient le besoin du changement démocratique en 2011 n’étaient pas portés par des forces politiques démocratiques post indépendances laminées par les régimes d’avant. Sans doute. Mais il y a aussi la responsabilité d’un manque de leadership réformiste et le contexte d’une situation chaotique et d’insécurité provoquée par des guerres successives au Moyen Orient et en Afghanistan. Les seuls acteurs politiques plus ou moins organisés lors du printemps arabe étaient soit les partis islamistes, soit l’armée. Mais ceux ci une fois au pouvoir n’ont pas convaincu et vite emportés par les vagues suivantes de contestation populaire donnant lieu à soit à des guerres de clans au pouvoir, soit à l’arrivée de populistes opportunistes, sans vision politique, ni projet ambitieux pour leur pays.
Les répercussions sur une portion de la jeunesse maghrébine des périphéries sans horizon, aggravée par la crise sanitaire, n’est pas négligeable laquelle est tentée par toutes les menaces… de la migration clandestine au soi-disant Jihad en échange de quelques centaines de dollars mensuels, d’illusions révolutionnaires et/ou d’un paradis fantasmé. En revanche, la jeunesse éduquée est aspirée par les start-up et les multinationales occidentales favorisant un exode des cerveaux pénalisant le Maghreb de ses forces vives.
Le Maroc, doté d’une monarchie visionnaire et réformiste, est le seul pays sorti renforcé du printemps arabe. Mais l’Algérie voisine, dirigée par l’armée en proie à une crise politique et économique profonde, cible le Royaume pour l’empêcher de progresser. Le pouvoir algérien en mal de légitimité interne en profite pour faire de l’affaire du Sahara sa propre cause nationale tout en déclarant haut et fort au plan international qu’elle n’est pas concernée. La communauté internationale, prise en otage laisse faire, lassée de tenter de raisonner le clan des généraux au pouvoir. Elle soutient l’envoyé spécial du Secrétaire Général résoudre une équation complexe qui est avant tout bilatérale entre Alger et Rabat.
Les anciennes puissances coloniales européennes sont soupçonnées de laisser pourrir la situation car un Maghreb uni et fort ne serait pas l’opportunité idoine d’y exercer leur puissance. La vision manichéenne du jeu d’intérêts économiques et politiques qui préside aux relations de puissance entre le Nord et le Sud concerne aussi un Maghreb divisé. Les États Unis quant à eux sont préoccupés plutôt par l’influence croissante de la Chine et les velléités de puissance de la Russie auxquels se rajoute la gestion interne de la crise sanitaire. Mais le sursaut américain de reconnaître la souveraineté du Royaume sur ses provinces du Sud ont permis une réelle avancée vers une solution politique à ce problème crée de toutes pièces il y a déjà plusieurs décennies par le pouvoir militaire algérien.
Les puissances émergentes, quant à elles, Chine, Russie, Turquie… se saisissent de cette situation de vide chaotique aggravé par la crise sanitaire pour instrumentaliser les fragilités. Elles avancent leurs pions au Maghreb et en Afrique selon leurs propres agendas suscitant méfiances et rivalités de puissance avec l’Occident. L’Afrique démunie, impuissante en proie à l’insécurité, se cherche encore et se jette dans les bras de qui veut bien l’étreindre.
Le monde va mal, très mal en cette fin d’année 2021. Prions et espérons un miracle pour 2022. Derrière ce tableau sombre de la géopolitique mondiale, il peut sortir du génie des peuples un « impensable miracle » et une « nouvelle marche lumineuse ». L’histoire de l’humanité l’a démontré de manière récurrente. Ce sera nos vœux pour 2022.