Maroc-Cuba : vers une nouvelle vision diplomatique
Depuis le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba, le Maroc a confirmé encore une fois, une certaine volonté diplomatique basée sur un indubitable pragmatisme d’ordre économique, mais aussi géostratégique. Dès son arrivée au pouvoir, le Président cubain, Raúl Castro, s’est distingué relativement de son frère, Fidel Castro, puisqu’il a adopté une politique d’ouverture à la fois économique et démocratique. À titre d’exemple, Raúl Castro a procédé, dès 2008, à la signature du pacte international sur les droits politiques et civiques, et du pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels. Toujours dans le cadre de cette nouvelle politique d’ouverture, en janvier 2013, Cuba adopte la loi migratoire permettant aux Cubains de voyager avec un simple passeport, alors qu’ils avaient besoin jusque-là d’un permis de sortie, la «Tarjeta Blanca», délivré par les autorités.
Cette nouvelle vision de mieux positionner le pays dans l’échiquier international était l’un des piliers stratégiques adoptés par Raúl Castro pour faire sortir son pays de la marginalisation dans laquelle il se trouve, depuis plusieurs décennies. Cependant, après l’ouverture du processus de normalisation des relations avec Washington, dont le Vatican et le Canada ont joué un rôle très important dans l’accueil des pourparlers secrets engagés entre les États-Unis et Cuba et l’éventuel rapprochement avec l’Union européenne (UE), les ambassadeurs à l’ONU du Maroc et de Cuba, ont signé, dernièrement à New York, un accord sur le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays au niveau des ambassadeurs.
C’est un accord qui reflète les intérêts des deux pays guidés par la volonté mutuelle de développer des relations d’amitié et de coopération. Une normalisation de ces relations ne représente pas seulement une victoire diplomatique, mais également une opportunité pour signer des accords économiques et commerciaux entre les deux pays. Si le Maroc cherche d’une part à encourager le gouvernement cubain à poursuivre ses réformes démocratiques, il bénéficierait lui aussi de l’établissement de meilleures relations économiques et commerciales avec Cuba, ce qui est évidemment de nature à favoriser le dialogue.
Le Maroc qui avait décidé de rompre ses relations diplomatiques avec Cuba suite à la position prise par les autorités de ce pays vis-à-vis du dossier du Sahara, décide désormais de reprendre ses relations diplomatiques dans le cadre de sa nouvelle approche qualifiée de diplomatie proactive, mais surtout dans un nouveau contexte caractérisé par de nouveaux paramètres stratégiques. Le Maroc qui a toujours su honorer ses engagements malgré les pressions de la conjoncture internationale, distingue les spécificités qui pourraient circonstancier ses relations à l’international entre les raisons économiques et les aléas de la politique. Entre autres, durant un certain temps, les échanges commerciaux entre le Maroc et Cuba avaient été maintenus malgré l’absence des relations diplomatiques entre les deux pays.
Cette nouvelle initiative diplomatique venant des deux pays est due à un nouvel ordre mondial qui oblige davantage les pays, à la fois, à avoir une certaine flexibilité diplomatique, mais surtout à adopter une approche pragmatique dans la conduite de leurs relations internationales.
Cette nouvelle initiative diplomatique venant des deux pays est due à un nouvel ordre mondial qui oblige davantage les pays, à la fois, à avoir une certaine flexibilité diplomatique, mais surtout à adopter une approche pragmatique dans la conduite de leurs relations internationales. D’ailleurs, le Maroc, avec son retour au sein de l’Union africaine (UA) en janvier 2017, a renoué le contact avec des États ayant une position à l’encontre des intérêts du Maroc concernant la gestion du dossier du Sahara, tentant de les aider à mieux comprendre la situation en s’appuyant sur des éléments justes, notamment d’ordre historiques et juridico-politiques. Pour Cuba, et depuis l’élection de son Président Raúl Castro à la tête de la République, le 24 février 2008, celui-ci cherche à renforcer la position de son pays sur la scène internationale. D’une part, il oeuvre à améliorer l’image démocratique du pays, et d’autre part, il s’engage de manière plus active dans les grands enjeux à travers une relecture plus rationnelle et juste à l’égard d’un ensemble de dossiers politiques et de positions diplomatiques.
Cette nouvelle tactique géo-diplomatique entreprise par le Royaume du Maroc dans les choix qui déterminent les nouveaux fondements de ses relations internationales, détermine la volonté des stratèges de cette nouvelle politique étrangère du pays à vouloir passer d’une ligne de conduite principalement «défensive», à une diplomatie qualifiée de «défensive-active». Il s’agit d’un choix politique décidé dans le cadre des engagements traditionnels du Maroc au niveau régional et international ,et ce, à la hauteur de ses nouveaux défis en mouvements.