Pharmacoéconomie et Pharmacoépidémiologie: la SMEPS présente les recommandations
La Société Marocaine de l’Economie des Produits de Santé (SMEPS) a organisé, du 10 au 12 Mars 2022, le 8ème Congrès national et le 1er Congrès Africain de Pharmacoéconomie et Pharmacoépidémiologie, sous le thème : « Couverture Sanitaire Universelle (CSU) : quelles pistes de réforme et champs d’application ? »
Cette édition a été marqué par la participation de nombreux pays Africains et un partage d’expériences en matière de stratégies de mise en œuvre de la CSU.
Les principales thématiques abordées durant ce Congrès s’articulaient autour de l’accès équitable aux soins, les modalités de financement des politiques publiques sanitaires, l’évaluation médicoéconomique des stratégies préventives, diagnostiques et thérapeutiques au Maroc, en Afrique et dans le monde.
A cette occasion, le Pr. Samir Ahid, Président de la SMEPS a affirmé que « l’expérience africaine dans le processus d’atteinte de la CSU sera fortement présente cette année. L’accès aux soins de santé est placé au cœur de la volonté déclarée des États africains de se diriger vers cette couverture ».
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Le congrès a vu l’intervention de plusieurs experts et représentants gouvernementaux Marocains et Africains, pour présenter les états d’avancement des mises en place de la CSU au Maroc et dans les pays Africains. Un état des lieux encourageant a été présenté à l’occasion de la première journée de ce Congrès, et en particulier l’augmentation du budget du ministère de la santé, qui est passé de 10,46 MMDHS en 2010 à 23,54 MMDHS en 2022. Les sources de financement se répartissent aujourd’hui comme suit : 29,3% sont issus de l’assurance maladie, 24% proviennent des ressources fiscales et 45,6% sont constitués par « out of poket » (Le reste à charge, financé directement par les ménages). A noter que la couverture médicale est déjà passée d’un taux de 16% en 2002 à 70,2% aujourd’hui. Enfin, les intervenant ont mis en exergue le maintien de la politique de réduction des prix des médicaments et de la promotion des médicaments génériques et biosimilaires, afin de faciliter l’accès aux soins à tous les Marocains.
Cela dit, de nombreux défis de la CSU subsistent. Selon les experts, le Maroc connait encore des prévalences importantes des facteurs de risques sanitaires chez la population (ex : tabagisme, mode alimenaires…). De plus, l’amélioration de l’espérance de vie engendre nécessairement une hausse de la demande des soins, sans que l’offre ne suive de manière adaptée. La part importante de la contribution des ménages dans les dépenses globales de la santé demeure encore élevée. Enfin, le poids très important de l’économie informelle, associé à la pauvreté, rend difficile la couverture de nombreuses professions d’indépendants.
Afin de relever ces nombreux défis, onze recommandations prioritaires ont été émises et présentées à l’issue du Congrès :
- Mettre en place un nouveau cadre de la gouvernance, dont la convergence vers un groupement de la gestion de l’assurance maladie obligatoire,
- Renforcer la mission de la régulation dans le domaine de la santé,
- Mettre en place un Système d’information et de gestion intégré pour disposer de données nationales pertinentes et permettre l’utilisation des indicateurs sociodémographiques, économiques et régionaux, fortement corrélés avec le niveau de vie des ménages pour élaborer un modèle de score par type de milieu (urbain et rural),
- Garantir l’efficacité maximale des financements mobilisés de façon durable, pour financer le panier des soins à travers la création d’une entité (commission ou agence) pour l’évaluation des technologies de santé (health technology assessment), comme outil d’aide à la prise de décision, à l’instar des pays développés, pour l’accompagnement des politiques de financement dans le domaine de la santé,
- Réviser les nomenclatures des actes médicaux et d’analyses de biologie médicale, pour accompagner les progrès scientifiques des actes diagnostiques et thérapeutiques,
- Développer un processus facilitant l’ouverture de l’exercice de la médecine aux compétences étrangères et assurer la motivation des professionnels de santé nationaux.
- Améliorer les actions de mobilisation des ressources et de l’optimisation de leurs affectations en fonction des priorités de santé publique, afin de cibler les maladies qui ont le plus d’impact sur la mortalité et la morbidité.
- Harmoniser les offres de soins en activant leurs schémas régionaux et assurer une meilleure répartition des professionnels et les établissements de santé sur la carte sanitaire
- Mettre en place des politiques de prévention et de sensibilisation en amont afin de soulager le système de santé.
- Mettre en place un parcours de soins coordonnées afin d’agir sur la demande des soins.
- Promouvoir la recherche scientifique dans le domaine de l’économie de santé.
Les discussions, qui ont été marquées par la représentation du patient Marocain, plusieurs recommandations ont été émises en matière de l’amélioration des soins et du parcours du patient, à savoir l’accélération des procédures d’autorisations de mises sur le marché des traitements et la dématérialisation et la digitalisation des procédures médicales pour les patients, surtout pour ceux atteints de maladies chroniques.