Le Venezuela suspendu du Mercosur
Les ministres des Affaires étrangères des pays membres du marché commun du Sud (Mercosur), réunis en conclave samedi à Sao Paulo, ont décidé de suspendre définitivement le Venezuela du bloc économique en mettant en œuvre la clause démocratique contre le gouvernement du président Nicolas Maduro.
« La suspension a été appliquée en raison des actes du gouvernement de Nicolas Maduro, et constitue un appel à un début immédiat d’un processus de transition politique et de restauration de l’ordre démocratique », explique un communiqué du bloc sud-américain.
La suspension du Venezuela intervient sur la base de la clause démocratique ou « protocole d’Ushuaïa », une une disposition juridique qui prévoit qu’en cas de rupture de l’ordre démocratique, les Etats membres entament des discussions avec l’Etat concerné afin que la situation se rétablisse.
Le Mercosur s’est doté de cette clause en 1998 et l’a renfoncée en 2011 avec des sanctions allant jusqu’à la suspension jusqu’à la restauration de la démocratie.
La suspension du Venezuela du bloc économique est sans surprise étant donné que cette probabilité circulait depuis jeudi dans les capitales des pays fondateurs du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay).
Avant cette suspension, le Brésil, qui occupe actuellement la présidence tournante du Mercosur, avait proposé de négocier un dialogue entre le gouvernement de Maduro et l’opposition mais cette proposition a été rejetée par Caracas.
Le ministre des Affaires étrangères du Brésil, Aloysio Nunes, qui anticipait déjà la suspension du Venezuela, avait affirmé récemment au quotidien « O Estado de S. Paulo » que l’exclusion de ce pays « est une conséquence inévitable » en raison du refus de Maduro de négocier.
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères du Paraguay,Eladio Loizaga, avait indiqué qu’à l’évidence de la rupture de l’ordre démocratique au Venezuela suite à l’élection d’une Assemblée constituante et à l’arrestation de deux dirigeants de l’opposition sous résidence surveillée, « nous ne pouvons pas continuer à nous contenter de déclarations, mais nous devons prendre une décision ».
En décembre dernier, le Mercosur avait exclu le Venezuela pour non respect de la charte de ce bloc économique.
Cette décision intervenait à l’expiration d’un délai de trois mois, lancé en septembre dernier aux autorités de Caracas pour qu’elles remplissent leurs obligations d’adhésion au Mercosur en adaptant leurs législations à la charte du bloc sud-américain.
Les engagements du Venezuela portaient notamment sur l’adhésion à l’accord de complémentarité économique n°18 relatif à la libre circulation des biens, au protocole de promotion et de la protection des droits de l’Homme et l’accord relatif à la résidence des citoyens des pays membres du Mercosur.
Secoué par une forte crise sociopolitique, le Venezuela fait face à une large vague de condamnations internationales après l’élection dimanche dernier d’une Assemblée Constituante dans un contexte de grande violence marqué notamment par la décès depuis début avril dernier de plus de 120 personnes lors de manifestations contre le président Nicolas Maduro.