USA: Tuerie à Buffalo, la violence armée continue ses ravages
Colère et sidération, maîtres-mots de ce début de semaine, après le massacre ayant coûté la vie de dix personnes samedi à Buffalo (New York), lors d’une attaque armée dont la sauvagerie et le caractère raciste raniment le débat, jusque-là stérile, sur la possession d’armes à feu aux Etats-Unis.
Le tireur, qui a été identifié par la police comme étant Payton Gendron, 18 ans, de Conklin, petite ville de la région rurale de Southern Tier dans l’Etat de New York, a parcouru plus de 321 kilomètres pour monter son attaque, qu’il a également diffusée en direct sur Twitch. Selon les autorités, l’homme blanc, qui portait une arme d’assaut et était paré d’un gilet pare-balles, a été motivé par le racisme. Celui-ci a comparu devant le tribunal quelques heures après la fusillade et a plaidé non-coupable aux accusations de meurtre au premier degré.
Peu après l’arrestation, un manifeste qui aurait été mis en ligne par le tireur a été rendu public. Truffé de propos racistes et xénophobes, le document révèle que l’attaque semble avoir été inspirée par des massacres antérieurs motivés par la haine raciale, notamment la fusillade d’une mosquée en Nouvelle-Zélande et celle d’un Walmart au Texas, toutes les deux en 2019. Dans son manifeste, l’auteur a indiqué avoir choisi cette région de la ville de Buffalo (New York) parce qu’elle contenait le plus grand pourcentage de résidents noirs près de son domicile dans le Southern Tier, une région à prédominance blanche qui borde la Pennsylvanie. Le document décrit un plan minutieux pour tuer autant de noirs que possible, en précisant le type d’arme à utiliser et les détails sur l’endroit où le massacre serait diffusé en direct.
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Selon le manifeste, qui fait également l’éloge des auteurs des attentats de 2015 en Caroline du Sud et de 2019 dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande, le tireur se préparait « passivement » à l’attaque de Buffalo depuis plusieurs années, achetant des munitions et du matériel, tout en s’exerçant au tir. Dans son texte, M. Gendron semblait enthousiaste à l’idée de diffuser son attaque, affirmant que le livestream permettait à « toutes les personnes disposant d’Internet » de regarder et d’enregistrer la violence. Selon les autorités, la caméra que portait le tireur a été utilisée pour diffuser l’attaque en direct sur Twitch, un site de « livestreaming » appartenant à Amazon et populaire auprès des joueurs. Samedi, Twitch a déclaré avoir mis la chaîne hors ligne. Toutefois, des captures d’écran de la diffusion circulaient déjà en ligne, dont certaines semblent montrer le tireur tenant une arme et se tenant au-dessus d’un corps dans l’épicerie.
Suite à ce massacre, le président américain Joe Biden a déclaré qu’il n’y avait pas de place pour le « terrorisme intérieur motivé par la haine ». « Tout acte de terrorisme intérieur, y compris un acte perpétré au nom d’une idéologie nationaliste blanche répugnante, est antithétique à tout ce que nous défendons en Amérique », a-t-il dit, ajoutant que « la haine ne doit avoir aucun abri sûr ». « C’était un crime haineux à motivation raciale », a pour sa part indiqué le shérif du comté d’Erie, John Garcia. La gouverneure de New York, Kathy Hochul, originaire de Buffalo, a fait écho à ce sentiment et a qualifié l’attaque, lors d’une conférence de presse samedi soir, d’ »acte de barbarie » et d’ « exécution d’êtres humains innocents », ainsi que de rappel effrayant des dangers du « terrorisme suprémaciste blanc ».
De son côté, la procureur de Buffalo, Trini E. Ross, a déclaré que son bureau enquêtait également sur les meurtres en tant que crimes de haine fédéraux. Le maire de Buffalo, Byron W. Brown, a quant à lui confié que lui et sa famille faisaient périodiquement leurs courses dans ce magasin. « Certaines des victimes de l’attaque de ce tireur sont des personnes que nous connaissons tous ici », a fait savoir M. Brown, démocrate à cinq mandats qui a été le premier Noir élu maire de Buffalo, la deuxième ville la plus peuplée du pays. Les 10 personnes tuées à Buffalo représentent le nombre le plus élevé de décès dans une fusillade de masse aux Etats-Unis cette année, selon la Gun Violence Archive.
Jusque là, le nombre le plus élevé de morts cette année était de six, lors d’une fusillade dans le centre-ville de Sacramento le 3 avril. Six personnes ont également été tuées dans une fusillade à Corsicana, au Texas, le 5 février, et le même nombre a été tué dans une fusillade à Milwaukee le 23 janvier, selon la Gun Violence Archive. Les décès par arme à feu ont atteint le nombre le plus élevé jamais enregistré dans le pays en 2020, première année de la pandémie, avec une hausse de 35 %, ont rapporté mardi dernier les Centres de contrôle et de prévention des maladies.
Avec MAP