La finance participative, un levier réellement différent du système bancaire dit classique ?
Par Hicham Bensaid Alaoui
La finance participative rayonne depuis de nombreuses années, brassant des flux monétaires estimés à plusieurs milliards de dollars, réalisés avec des intervenants soucieux de bénéficier de mécanismes novateurs et ingénieux de financement.
L’on entend parfois dire que financement « classique » et « participatif » seraient les deux faces d’une même pièce de monnaie, qu’elles ne se distingueraient pour l’instant que par le prix. Même si des similitudes évidentes peuvent et doivent être identifiées (il s’agit avant tout de financements à crédit), le financement dit participatif se distingue du financement classique par le fondement même de la chose financée.
Dans le cas du financement classique, le bailleur, le prêteur, avance des fonds, de l’argent à un emprunteur ayant un besoin de financement, ce besoin pouvant être figé, évolutif, voire encore imprécis dans la tête du demandeur. A contrario, dans le cas du financement participatif, la chose financée est le fondement indispensable de la transaction. Le prêteur n’avance pas simplement de l’argent que l’emprunteur restitue sous forme monétaire également, à charge pour lui, de faire ce qu’il veut des sommes empruntées, pourvu qu’il les rembourse (en capital et en intérêt). Le financement participatif implique que l’emprunteur doit, en effet, au préalable clarifier son besoin de financement, tout en demeurant maître et acteur de son projet. Voilà à ce titre un des avantages majeurs du mécanisme : comme durant tout le processus, justement, le financement porte sur un actif concret (automobile, téléviseur, machine à laver, bien immobilier…), qu’il convient de définir à l’avance, la tendance au crédit compulsif, qui a pu conduire à leurs pertes de si nombreux ménages, se trouve nécessairement régulée à sa source.
Cette régulation du besoin semble bien être une des satisfactions premières de ce type de financement.